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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois
Autoren: Francis Perrin
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mère s’y employait avec des robes et
accoutrements qui ne laissaient rien paraître, mais quand, les deux enfants
ayant atteint la nubilité légale, elle à douze ans, âge auquel les filles
étaient aptes à consommer, et notre Louis, à quatorze, mais lui déjà nourri
plus tôt en lubricité et en lascivité dans sa jeunesse florissante, on lui
dénonça l’infirme et lorsqu’il put constater la “chose” de visu, il ne
prononça qu’une phrase :
    “Je refuse d’avoir pour femme une bancroche !”  »
    « Il alla se plaindre à son parrain, ce qui raviva une
colère qui, si elle était enfouie, n’en était pas moins éteinte. Louis XI
le menaça de l’enfermer dans un monastère et de renvoyer sa mère sur les bords
du Rhin.
    « Finalement, cédant devant ces menaces, Louis
d’Orléans se résigne au mariage même si avant le “oui” fatal, il glisse à
l’oreille de l’évêque qui les marie :
    “Il m’est fait violence mais il n’y a nul remède !”
    « Il jure cependant de laisser sa femme tout intacte,
ce qui attriste évidemment la pauvre Jeanne qui s’est éprise de ce grand beau
gaillard qu’elle espère bien avoir dans son lit pour être déflorée. Elle aurait
pu se faner davantage à attendre un époux qui n’entre pas dans sa chambre, mais
Louis XI, qui suit l’affaire de près, l’apprend, convoque son gendre, le
somme de consommer céans, forçant le jeune époux récalcitrant à grimper sur le
lit et sur son épouse. Il ordonne même à quelques courtisans et médecins de
rester autour “du lieu de la consommation” pour lui rendre compte du résultat.
Un pauvre soupir s’échappe de la tenture après une bonne heure d’antichambre et
l’on rapporte au roi que le devoir conjugal est accompli, ce qui contente Sa “Gracieuse”
Majesté qui, dans son for intérieur, ravive un ricanement sardonique.
    « Louis, en guise de consolation, se jette alors dans
une débauche folle, baisant tout ce qui passe à sa portée. Au bout d’un an il
se vantait lui-même “d’avoir tricqué devant et tricqué derrière tout ce qui
portait robe à la cour d’Amboise”. Toutes, sauf une. Sa cousine Anne, notre
reine. Ils avaient un faible l’un pour l’autre depuis leur tendre enfance, mais
la politique, les intérêts du royaume et les intrigues avaient depuis toujours
vaincu cette romance en ébauche.
    « Elle était néanmoins plus que sensible à ce beau vert
galant hélas déjà fiancé puis marié de force à Jeanne la Boiteuse dont il
aurait le plus grand mal à se défaire. Elle repoussait tous les prétendants,
fussent-ils des plus nobles familles, et, dans la fierté de son orgueil, était
résolue à n’épouser qu’un roi ou un fils de roi.
    « Louis XI ayant rendu le dernier soupir avec un
ultime rictus de haine au cours de l’année quatre-vingt-troisième de notre
siècle, et son fils Charles VIII n’ayant pas encore atteint l’âge de
régner, c’est sa sœur aînée Anne de Beaujeu – elle avait tout pris à son
frère, que ce soit en beauté ou en intelligence – qui assura une régence
de tutelle autoritaire et efficace en attendant que Charles fût sacré roi de
France. Anne de Beaujeu se languissait d’amour pour notre Louis qui l’ignorait
complètement et songeait à se séparer de sa difforme Jeanne pour épouser
l’autre Anne, celle de Bretagne. Mais ni Charles ni sa sœur ne l’entendaient de
cette oreille. Vous me suivez ? »
    Moi, mes deux oreilles étaient fort bien à l’écoute et ne
perdaient pas une parcelle de cette leçon d’histoire que Le Vernoy distillait
de sa voix douce et grave. L’attention de mon regard et l’immobilité de mes
esgourdes ont dû le satisfaire puisqu’il continua son récit :
    « Louis qui continuait néanmoins à se consoler dans la
débauche passa brusquement à la révolte. Ce fut la “guerre folle” qui opposa
les Beaujeu et le parti de Louis d’Orléans. Charles VIII en sortira vainqueur
et Louis passera trois années emprisonné, de quoi renforcer son antipathie
envers le fils de Louis XI, d’autant que ce dernier en profita pour se
débarrasser de la tutelle de sa sœur et pour épouser en grande hâte Anne de
Bretagne. »
    Le Vernoy saisit une aiguière et se versa de l’eau dans une
coupe d’argent non sans m’en avoir proposé auparavant ; je refusai d’un
mouvement de la tête, ayant bien plus soif d’en savoir davantage sur la suite
des événements.
    « Je
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