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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi
Autoren: Bernard Cornwell
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comme il le
leur avait ordonné. Ils n’étaient que légèrement armés car ils ne comptaient
pas rencontrer d’ennemis. Quelques-uns, tel sir William, portaient des écus,
mais la plupart se contentaient d’une simple épée. Le dominicain, dont la cotte
était humide et maculée de boue, arriva en courant pour rejoindre sir William.
    — Vous allez entrer dans la ville ?
    — Bien sûr que non, je ne vais pas entrer dans cette
satanée ville. C’est la trêve, vous avez oublié ?
    — Mais si c’est la trêve…
    — Si c’est la trêve, ventredieu, on les laissera
tranquilles.
    Le prêtre français maîtrisait bien l’anglais, mais il mit
quelques instants à comprendre ce que signifiaient les quatre derniers mots de
sir William.
    — Il n’y aura pas de bataille ?
    — Pas entre nous et la ville, non. Et il n’y a pas
d’armée anglaise à quarante lieues à la ronde, donc il n’y aura pas de
bataille. Tout ce que nous voulons, c’est trouver des vivres et du fourrage,
mon père, des vivres et du fourrage. Donne à manger à tes hommes et à tes
animaux, c’est ainsi que tu gagneras tes guerres.
    Pendant son petit discours, sir William s’était hissé sur
son cheval, aidé d’un écuyer qui maintenait l’animal. Après avoir introduit ses
bottes dans les étriers, il étala la jupe de sa cotte de mailles et prit les
rênes.
    — Je vous emmène jusqu’aux abords de la ville, mon
père, mais après il vous faudra vous débrouiller tout seul.
    — Me débrouiller ? répéta Bernard de Taillebourg.
    Mais, déjà, sir William avait tourné bride et s’engageait
dans un sentier boueux bordé de longs murets de pierre. Deux cents hommes
d’armes aux couleurs de la grisaille de ce matin brumeux s’engagèrent à sa
suite, et le prêtre, bousculé par leurs grands destriers crottés, dut se battre
pour garder la cadence. Le valet suivait, l’air indifférent. Il était accoutumé
à la compagnie de la soldatesque et ne donnait aucun signe d’appréhension. À
vrai dire, tout, dans ses manières, révélait qu’il s’y entendait certainement mieux
au maniement des armes que la plupart de ceux qui chevauchaient derrière sir
William.
    Le dominicain et son valet avaient voyagé jusqu’en Écosse
avec une douzaine d’autres messagers dépêchés au roi David II par Philippe
de Valois, le roi de France. Cette ambassade était un appel au secours. Les
Anglais avaient envahi la Normandie et la Picardie, brûlant tout sur leur
passage. Ils avaient battu les troupes du roi de France près d’un village
appelé Crécy, et leurs archers tenaient une douzaine de forteresses en
Bretagne, tandis que leurs farouches chevaliers accouraient à la rescousse
depuis les possessions ancestrales d’Edouard d’Angleterre en Gascogne. Tout
cela était terrible, mais il y avait pire. En effet, comme s’il voulait montrer
à l’Europe entière que la France pouvait être démembrée en toute impunité, le
roi d’Angleterre était en train d’assiéger le grand port fortifié de Calais.
Philippe de Valois faisait son possible pour repousser le siège, mais l’hiver
s’annonçait et ses nobles murmuraient que leur roi n’était pas un guerrier.
C’est pourquoi il en avait appelé au roi d’Écosse, David, le fils de Robert
Bruce. « Envahissez l’Angleterre, l’avait-il supplié, et cela forcera
Edouard à abandonner le siège de Calais pour protéger son pays. » Les
Écossais avaient pris le temps de réfléchir à la proposition, et en étaient
arrivés à la conclusion, persuadés par l’ambassade du roi de France, que
l’Angleterre était sans défense. Comment eût-il pu en être autrement ?
L’armée d’Edouard d’Angleterre était à Calais, ou en Bretagne, ou en
Gascogne ; il ne restait plus personne pour défendre l’Angleterre. Cela
signifiait que leur vieil ennemi était à leur portée, qu’il ne demandait qu’à
être pillé, que les richesses de l’Angleterre n’attendaient que de tomber entre
les mains écossaises.
    Les Écossais étaient donc descendus dans le sud.
    C’était la plus grande armée jamais déployée hors des
frontières du pays. Tous les grands seigneurs en faisaient partie, tous les
fils et petits-fils des guerriers qui avaient humilié l’Angleterre durant la
sanglante bataille du Bannockburn. Ces seigneurs avaient emmené leurs hommes
d’armes, des soldats endurcis par les incessantes escarmouches autour de la
frontière, accompagnés cette
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