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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi
Autoren: Bernard Cornwell
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ne
connaissait son nom et nul ne se risquait à lui poser la question, ni à lui
demander pourquoi il évitait soigneusement la compagnie des autres valets.
    Le mystérieux personnage observait les soldats en tenant
ostensiblement dans sa main gauche un couteau muni d’une lame très longue et
très fine. Lorsqu’il estima qu’un nombre suffisant de soldats s’intéressait à
lui, il posa le couteau, pointe en bas, en équilibre sur son doigt tendu. Pour
éviter que la lame acérée ne le blesse, il l’avait gainée avec un doigt coupé
dans un gant de mailles.
    D’un coup sec, il lança le couteau en l’air. La lame jeta un
éclair argenté et le couteau reprit sa place, pointe en bas, en équilibre sur
son doigt. Toute l’opération se déroula sans que le valet ne quitte des yeux
ses spectateurs.
    Son maître, à qui cette démonstration d’adresse avait
échappé, poursuivait ses incantations, les joues striées de sang.
    — Dominique ! Dominique ! Éclaire notre
route !
    Une nouvelle fois, le couteau virevolta en reflétant la
faible lumière de ce matin brumeux.
    — Dominique ! Guide-nous !
    C’est alors qu’un homme grisonnant fit irruption, bousculant
les spectateurs.
    — Tous à cheval ! brailla-t-il. Plus vite que
ça ! À cheval ! Nous n’avons pas toute la journée devant nous !
Que diable avez-vous à rester ainsi le bec béant ? Par le Christ en croix,
vous vous croyez où ? À la foire d’Eskdale ? Allez, pour l’amour de
Dieu, remuez-vous ! Plus vite que ça !
    Son écu portait ses armoiries, un cœur rouge, mais la
peinture était tellement passée et le revêtement de cuir si abîmé que le blason
était difficile à distinguer.
    — Oh, par la couronne d’épines ! souffla-t-il à la
vue du dominicain et de son valet. Mon père, nous partons !
Sur-le-champ ! Je n’ai pas de temps à perdre avec vos prières.
    Revenant à ses troupes, il les pressa :
    — Allez, à cheval ! Remuez vos carcasses ! Il
y a une besogne de tous les diables qui nous attend aujourd’hui !
    — Douglas ! l’interpella le dominicain d’un ton
mordant.
    L’homme grisonnant fit volte-face.
    — Prêtre, mon nom est sir William, et vous feriez bien
de vous en souvenir.
    Le religieux cligna des yeux, paraissant reprendre ses
esprits. Puis il s’inclina machinalement, comme pour demander pardon d’avoir
commis la faute d’avoir appelé sir William par son nom de famille.
    — C’est que je parlais à saint Dominique, expliqua-t-il.
    — Fort bien, j’espère que vous lui avez demandé de
chasser ce maudit brouillard ?
    — Oui, et il va nous guider ! Il va nous montrer
le chemin !
    — Alors il fera bien de mettre ses bottes, car nous
partons, que votre saint soit prêt ou non ! gronda sir William Douglas,
chevalier de Liddesdale.
    La cotte de mailles de sir William, usée par les batailles,
était réparée en maints endroits. Des points de rouille apparaissaient aux
bords et aux coudes. Son visage tanné par les intempéries était couturé de
cicatrices, aussi balafré que le cuir de son écu. Il avait atteint les
quarante-six ans, et chacune des années qui avaient blanchi ses cheveux et sa
courte barbe lui avait laissé une cicatrice, souvenir d’un coup d’épée, de
flèche ou de javelot.
    Il ouvrit la lourde porte de la porcherie.
    — Allons, debout, mon père. J’ai un cheval pour vous.
    Mais Bernard de Taillebourg déclina son offre.
    — Je vais marcher, comme marchait Notre Seigneur,
dit-il en se saisissant d’un gros bâton terminé par une lanière de cuir.
    — C’est pour éviter de vous mouiller en franchissant
les ruisseaux, pas vrai ? gloussa sir William. Vous marcherez sur l’eau,
pas vrai, avec votre valet ?
    Contrairement à ses hommes, il ne semblait pas le moins du
monde impressionné par le prêtre français, ni éprouver la moindre méfiance
envers ce valet si bien armé. Mais il est vrai que sir William Douglas était
réputé pour n’avoir peur de personne. C’était un chef de clan écossais
accoutumé à protéger ses terres par le meurtre, le feu, l’épée et la lance, peu
enclin à se laisser impressionner par un quelconque prêtre exalté venu de
Paris. Sir William, en vérité, n’éprouvait pas pour les prêtres une sympathie
débordante, mais son roi lui avait demandé d’emmener Bernard de Taillebourg
dans cette expédition et il y avait consenti à contrecœur.
    Autour de lui, les soldats se mettaient en selle
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