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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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prouesse et à ta loyauté et je m’en voudrais de te causer quelque tort ! »
    Banin tint conseil avec ses compagnons. Ils furent d’avis qu’il fallait accepter les conditions posées par Claudas, car ainsi, une fois libres, ils pourraient voler au secours du roi Ban et l’aider de leur mieux dans la reconquête de ses terres. Banin s’adressa ainsi à Claudas : « Seigneur roi, nous avons décidé de te livrer la tour, mais seulement si tu nous fournis des chevaux et si tu nous laisses aller où nous voulons. Fais le serment de respecter tes engagements ! » Claudas fit apporter immédiatement les saintes reliques et jura solennellement ce que demandait Banin. Celui-ci et ses trois compagnons sortirent de la tour. On leur fournit quatre chevaux bien équipés, et, sans plus s’attarder, ils s’élancèrent au galop vers le nord dans l’espoir d’arriver à temps pour sauver le roi Ban.
    Lorsque celui-ci était monté sur le sommet de la colline, non loin du lac de Diane, le jour était parfaitement clair. Le roi considéra de loin les murs blancs de la forteresse qu’il avait dû abandonner, ainsi que la tour qui se dressait, très haut dans le ciel, et les fossés très sombres, de l’autre côté des marais. Une grande tristesse s’empara de lui : pourrait-il un jour revenir dans ce lieu si cher à son cœur et, de là, procéder à la reconquête du royaume de Bénoïc ? Mais, tandis qu’il regardait dans la direction de Trèbe, il vit tout à coup une fumée monter, puis des flammes jaillir au milieu des bâtiments. Le feu se propagea à une vitesse terrible, sans doute attisé par le vent qui s’était mis à souffler, et bientôt un immense brasier s’éleva dans le ciel rougeoyant, illuminant les marais et les sombres forêts d’alentour. C’en était donc fini de la forteresse de Trèbe ? Le royaume de Bénoïc allait-il sombrer dans le malheur sous l’oppression du cruel Claudas de la Terre Déserte ?
    Une lourde angoisse étreignit le roi qui assistait ainsi, impuissant, à la ruine de ce qui avait été son seul espoir. À cette vue, il lui parut que nulle chose en ce monde ne lui était plus rien, et il se sentit abandonné de Dieu, brisé dans tout son corps et dans toute son âme. Que pouvait donc son fils, qui n’avait pas encore un an, ce dernier rejeton d’une illustre lignée qui remontait, disait-on, au roi David ? D’ailleurs, cet enfant était lui-même en danger. Il fallait immédiatement conduire la reine et l’enfant de l’autre côté de la mer, auprès du roi Arthur qui se ferait un devoir de les protéger. Mais en aurait-il lui-même la force ? Il était vieux, usé par les fatigues, se remémorant tristement les belles années de sa jeunesse et les exploits qu’il avait accomplis grâce à Merlin. « Ah ! Merlin, s’écria-t-il, si tu avais été présent parmi nous, rien de tout cela ne serait advenu ! Et si, malgré tout, Dieu a voulu que je perdisse mon royaume, je t’aurais confié mon fils pour que tu puisses l’éduquer et lui montrer le chemin de l’honneur et de la prouesse ! Nul autre que toi, Merlin, n’aurait mieux réussi dans cette mission, toi qui as fait d’Arthur le valeureux souverain que nous admirons. Hélas ! je vois bien que tout est perdu à présent… »
    Ainsi s’exprimait le roi Ban de Bénoïc, sur la colline, près du lac de Diane, alors qu’il voyait flamber la forteresse de Trèbe. Il aperçut également une troupe de cavaliers qui galopaient sur les landes, probablement des hommes de Claudas qui cherchaient à le rattraper. Il mit ses mains devant ses yeux, et une si grande angoisse l’oppressa que, ne pouvant verser des larmes, son cœur l’étouffa et fut la proie d’une grande faiblesse. Il tomba de son cheval si durement que, pour un peu, il se fût brisé le cou. Un sang vermeil sortit de sa bouche, du nez et des oreilles. Et quand il revint à lui, après un assez long temps, il regarda le ciel et murmura ces paroles : « Seigneur Dieu, je te demande merci. Je sais que ma fin est proche et que je ne verrai pas un autre jour se lever. Puisque telle est ta volonté, je m’y soumets en te priant de garder mon âme de tout péril. Pardonne les fautes que j’ai pu commettre dans la vie et accueille-moi en ton saint paradis. Mais, je t’en prie, seigneur Dieu, prends pitié de ma femme, la reine Hélène, et de mon fils, un enfant innocent menacé par tous mes ennemis. Donne à la reine force et
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