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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France
Autoren: Max Gallo
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qui déplace les affrontements sociaux sur le terrain de la menace fasciste, du racisme, de l'antisémitisme, de la xénophobie.
    En fait, on abandonne le thème de la souveraineté nationale à cette extrême droite, ce qui, imagine-t-on, va conforter l'européisme.
    On oublie que la « nation », la défense de l'identité française, sont des éléments fondamentaux de l'âme de la France.

    Or des millions de Français, surtout parmi les couches populaires, ont le sentiment qu'ils ne sont plus pris en compte.
    Les défilés populaires du 1 er  mai sont des rituels qui paraissent désuets, tandis que la Gay Pride occupe les écrans de télévision.
    L'âme de la France semble à beaucoup s'évanouir.
    On ne se reconnaît plus dans les orientations politiques. Où est la gauche ? Où est la droite ? Qu'est devenue la France ?
    La corruption éclabousse tous les milieux politiques.
    Le 1 er  mai 1993 – jour symbolique –, l'ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy se suicide.
    C'est comme si une gauche, celle qui avait conquis le pouvoir et gouverné avec François Mitterrand, venait de mourir. L'Assemblée nationale est à droite, Édouard Balladur est Premier ministre d'un président de la République rongé par la maladie.
    En 1995, Jacques Chirac va être élu avec 52,64 % des voix contre 47,36 % à Lionel Jospin, candidat du Parti socialiste.

    Ces chiffres ne donnent pas la mesure de la profondeur des changements qui ont affecté l'âme de la France au cours des deux septennats de François Mitterrand.
    Le temps de la « force tranquille », du village immuable de 1981 recueilli autour de son clocher, paraît d'un autre siècle.
    En 1995, il est question de mosquées et non d'églises.
    Le débat qui avait secoué le pays en 1984 sur la place de l'enseignement privé – catholique – et qui, le 24 juin de cette année-là, avait mobilisé plus d'un million de manifestants défendant la « liberté de l'enseignement » contre l'idée d'un grand service public unifié prôné par les socialistes, a été tranché ; la querelle – qui peut rejouer en telle ou telle circonstance – n'occupe plus le devant de la scène.
    Mais la question de la laïcité reste centrale. Et elle s'est posée à la fin du second septennat de Mitterrand à propos de l'autorisation ou de l'interdiction donnée aux jeunes musulmanes de porter en classe un foulard islamique.
    Tout comme demeure ouverte la question du rôle de l'État central. Gaston Defferre, le ministre de l'Intérieur de Mitterrand, avait, dès 1981, engagé le pays dans la voie de la décentralisation. Elle s'est élargie pas à pas.
    Fallait-il aller jusqu'à l'autonomie, négocier avec les nationalistes corses qui n'hésitent pas à utiliser la violence ?
    Ces questions – laïcité, pouvoirs de l'État central –, comme les politiques économiques et budgétaires, se posent dans le cadre de l'Union européenne. Du coup, certains s'interrogent : pourquoi un étage national, dès lors qu'il y a le rez-de-chaussée régional et la terrasse européenne ? La nation n'est-elle pas devenue caduque, inutile ?

    Durant les deux septennats mitterrandiens, la place, la puissance, la signification de la nation, qui avaient été les obsessions de De Gaulle, paraissent absentes des préoccupations socialistes.
    L'âme de la France, c'est dans les paysages de ses terroirs qu'elle gît désormais. On la rencontre au sommet de la roche de Solutré ou sur le mont Beuvray, site de la ville gauloise de Bibracte où Mitterrand avait songé à se faire inhumer, achetant même à cette fin un carré de cette terre, de cette histoire.
    Mais l'indépendance, la souveraineté de la nation, que sont-elles devenues ?

    Mitterrand enrichit Paris de monuments. Il croit donc à la pérennité de la capitale de la France.
    Mais est-elle pour lui un centre d'impulsion politique au rayonnement mondial, ou seulement un lieu de promenades touristiques et gastronomiques dont ce gourmet de la vie sous toutes ses formes était particulièrement friand ?
    L'âme de la France ne doit-elle plus être que cela : une mémoire qu'on visite comme un musée ?

    Au fond, durant deux septennats, François Mitterrand a fait à son peuple la « pédagogie du renoncement tranquille ».
    Et le peuple, de manière instinctive, en s'abstenant aux élections, en changeant de représentants, en votant pour les « irréguliers », a protesté, s'est débattu comme un homme qui
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