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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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l’un de vous comme roi, vous me feriez
confiance, et vous auriez raison, car je ne saurais en aucun cas vous tromper.
Mais je ne veux pas choisir, car ce n’est pas mon rôle. Je vous propose donc de
vous en remettre à Dieu et à lui seul pour décider de ce choix. Et si vous m’en
croyez, demandez donc à tous les barons, à tous les chevaliers, à tous les
prêtres et clercs du royaume de se réunir à Noël devant la forteresse de
Carduel. Je vous promets que c’est à cette date et à cet endroit que Dieu
désignera celui qu’il veut voir à votre tête. »
    Ceux qui se trouvaient dans l’assemblée se demandaient quel
pouvait bien être le plan de Merlin. Mais comme ils avaient confiance en lui et
que, de toute façon, il n’y avait guère d’autre solution que d’attendre, ils se
résignèrent à accepter la proposition. On envoya donc partout dans le royaume
des messagers et des hérauts pour convoquer les barons, les chevaliers, les
prêtres et les clercs, de quelque rang qu’ils fussent, pour le jour de Noël,
devant la forteresse de Carduel. Quant à Merlin, il avait déjà disparu et on le
cherchait en vain. Il était reparti rejoindre sa sœur Gwendydd, le barde
Taliesin et l’ermite Blaise à qui il fit rédiger le récit de la mort d’Uther
Pendragon.
    Et, la veille de Noël, les gens commencèrent à se rassembler
autour de Carduel. Il y avait là tout le ban et l’arrière-ban du royaume,
depuis le roi jusqu’au plus petit des chevaliers, depuis l’archevêque jusqu’au
moindre diacre, depuis le plus grand savant jusqu’au plus ignorant. Les riches
et les pauvres se confondaient dans la foule, et rien ne venait plus marquer
les différences.
    Merlin rôdait sous l’apparence d’un vieillard qui marchait
avec un grand bâton. Il s’attardait volontiers devant des groupes, écoutant ce
qui se disait, intervenant parfois lorsqu’il le jugeait utile par une
plaisanterie destinée à détendre les esprits. Car, malgré tout, il ressentait
la nervosité de cette foule disparate où les intérêts de chacun ne coïncidaient
guère avec l’intérêt général. Il passa devant une tente et aperçut Antor avec
Arthur et Kaï. Merlin savait que Kaï venait d’être armé chevalier, mais
qu’Arthur ne l’était pas encore. Il sourit en regardant le jeune homme
s’exercer au maniement de l’épée. Se pouvait-il que cet adolescent aux cheveux
bouclés et à la mine si avenante eût été ce nouveau-né vagissant qu’il avait
porté dans ses bras de Tintagel à Kelliwic ? Il y avait si longtemps,
déjà… Et pourtant Merlin savait que le temps n’existait pas.
    Il s’éloigna de la foule et s’en alla errer le long de la
rivière. Il faisait froid et le vent qui soufflait dans les arbres dépouillés
de leurs feuilles piquait la peau de son visage. Il s’enveloppa davantage dans
son manteau de laine, rabattant le capuchon sur sa tête. Merlin se souvenait
des longues nuits d’hiver qu’il avait passées dans la forêt, quand il vivait
avec les bêtes sauvages. Il pensa brusquement à ce loup gris qui l’accompagnait
si souvent et à qui il avait redonné sa liberté. Où pouvait-il être
maintenant ? Peut-être dans une autre horde, prêt à se jeter sur des
proies ? Merlin frissonna. Mais il avait conscience que ce n’était pas à
cause du froid. Merlin avait peur.
    Alors, il quitta le bord de la rivière et s’enfonça sous le
couvert des arbres. La forêt avait quelque chose de rassurant, quelque chose
d’infiniment doux et calme. Merlin aimait se coller le dos contre le tronc d’un
arbre : il sentait alors monter en lui toutes les forces mystérieuses qui
surgissaient du sein de la terre. Et brusquement, il eut l’image de Gwendolyn
devant les yeux. Pourquoi ne pouvait-il pas être l’homme d’une femme ?
    « Merlin ! » dit une voix derrière lui. Il se
retourna. C’était Morgane, à peine reconnaissable tant elle était engoncée dans
son grand manteau de laine de couleur rouge. « Toi aussi, dit-il, tu viens
rôder parmi les humains ! » – « Je suis une femme, et j’ai le
défaut de toutes les femmes : je suis curieuse ! » Merlin se mit
à rire et dit : « Au moins, tu es franche. Mais, au fait, quel est
l’objet de ta curiosité ? » – « Ce n’est pas ce que tu penses.
Je suis curieuse de voir quel procédé tu as employé pour parvenir à tes fins,
fils de diable ! » – « Parce que tu crois vraiment que c’est moi
qui ai
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