La Marque du Temple

plus profondes, les mieux enracinées dans la mémoire collective des hommes et des femmes.
     
    Messire de Talleyrand, frère du comte de Pierregord, se tenait à la dextre de Bertrand Du Guesclin, comte de Longueville, les armes à la main. Il s’écria :
    « Pierregord ! Seigneur Dieu, aidez-nous ce jour d’hui à nous saisir de cette abbaye afin que nous puissions dénicher ces mauvais voisins qui nous ont volé et souillent le pays.
    —  Soyez quiet, messire de Talleyrand, il suffit que le Seigneur nous donne seulement courage et force pour déciper cette garnison anglaise. Or je ne manque ni de l’un ni de l’autre », le rassura Bertrand en riant à gueule bec.
    Le comte de Longueville gravit incontinent une chanlatte d’assaut, hache brandie, sans écu, au cri de “Notre Dame Guesclin !” Messire de Talleyrand, saisi d’admiration, dit au maréchal d’Andreham   :
    « Quel homme que voilà ! Par la Vierge Marie ! Il n’y a pas son pareil au monde ! Si un roi de sa trempe commandait en Syrie, à Jérusalem et dans le pays d’Angora, il soumettrait toute la gente païenne à la loi de Jésus-Christ. Qu’il vive longtemps, car sa mort serait fatale à la France. »
    Aux cris de “Montjoie ! Saint-Denis ! Notre-Dame Guesclin !”, les Français se ruèrent à l’assaut. Les Anglais balançaient toujours sur eux des barres de fer rouge, de la chaux vive, des madriers, des tonnels pleins. Jamais on ne vit résistance aussi magnifique. Aussi désespérée. Aussi inutile.
    Bertrand Du Guesclin pénétra dans la place en premier, suivi de sa bataille. Dès qu’il le vit, il se rua sur le capitaine anglais et sans dire un mot, lui fendit le chef d’un coup de hache. Atterrés, les Anglais se rendirent à merci. Un peu trop tôt au goût de Bertrand qui leur enjoignit de se battre. La plupart rompirent le combat et se précipitèrent ici ou là pour tenter d’échapper désespérément à l’inévitable massacre qui s’ensuivit.
    L’abbaye, investie de toutes parts, passa aux mains des Français. L’abbé et son couvent furent rétablis avant le soir, ainsi que le comte de Longueville l’avait prédit le matin même.
    Les vainqueurs soupèrent dans l’abbaye avant de se retirer à Pierreguys où ils passèrent la nuit.
     
    Le jeune loup croyait avoir échappé aux griffes de l’ours brun qui s’était dressé soudainement devant lui . Il se dirigeait au petit trot vers sa mère .
    Vers la vallée de la Beune . Vers son destin .
     
    La main de Lucifer   ; la main noire de l’ange déchu , illuminait d’une ombre rouge l’Occident chrétien.
    Pour le draper dans un voile de sang .

 
    SOMMAIRE
    S CHÉMA DU PUITS D ’ ACCÈS AU SOUTERRAIN DE B EYNAC
    P RINCIPAUX PERSONNAGES
    G LOSSAIRE
    P ETITE BIBLIOGRAPHIE

 

    Vue en coupe du passage du Pont dans l’Eau avant ouverture de la vanne
     

    Vue en coupe du passage du Pont dans l’Eau après ouverture de la vanne
    Principaux Personnages
    A GENAIS (T HIBAUT D ’)
    Chevalier bachelier de la forteresse de Commarque.
    A NNETTE
    Servante attachée au service de la châtelaine Éléonore de Guirande, épouse du baron de Beynac.
    A STIGNAC (R AOUL D ’)
    Capitaine d’armes de la forteresse de Commarque.
    A UGUSTIN LE G ROS
    Valet d’armes soldé par le baron de Beynac.
    B IRAN (G AUCELME DE )
    Chevalier banneret indépendant disposant d’une maison forte dans la forteresse de Commarque. Le doyen des chevaliers de la place. Homme sage et averti de la guerre : il a combattu lors de la bataille de Crécy aux côtés du roi de Bohème et du roi Philippe VI de Valois.
    C ASTELJA (P HILIPPE DE )
    Nouvel écuyer recruté par le baron de Beynac.
    C ASTELNAU D ’A UZAN (G ÉRAUD DE )
    Chevalier banneret, d’origine gasconne, autrefois à la solde du sire de Castelnaud de Beynac ; il a rallié la bannière de Henri de Lancastre, comte de Derby, lieutenant général de l’armée anglaise en Aquitaine. Il commande l’avant-garde ennemie lors du siège et fait sommation à la place forte de Commarque de se rendre.
    C LAIRE
    Lingère de la place de Commarque.
    C OURTECUISSES (J EAN )
    Sergent d’armes attaché à la garnison de la forteresse de Commarque.
    G ILBERTE
    Servante attachée aux cuisines de la place de Commarque.
    G ROS -J EAN
    Sergent monté, soldé par le baron de Beynac. Puni pour avoir dérobé des jambons le jour où la quarantaine était déclarée dans la forteresse.
    G UESCLIN (B ERTRAND D U )
    Chevalier, fils