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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle
Autoren: Ken Follett
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l’avancement grâce à leur cerveau, pas à cause de leur
naissance. » Il éleva la voix et reconnut dans son timbre le frémissement
de passion de son père, lorsqu’il prononçait des sermons. « Cette élection
décidera de l’avenir et du pays dans lequel nos enfants grandiront. Nous devons
veiller à ce qu’il soit différent de celui où nous avons nous-mêmes grandi. Le
parti travailliste n’appelle pas à la révolution – nous l’avons vue à l’œuvre
dans d’autres pays, et nous avons constaté son échec. En revanche, nous
appelons au changement : un changement sérieux, un changement majeur, un changement
radical. »
    Il s’interrompit un instant, puis
haussa à nouveau le ton pour sa péroraison. « Non, je n’insulterai ni Lord
Fitzherbert ni Mr Perceval Jones, dit-il, en désignant les deux hauts-de-forme
du premier rang. Je n’ai qu’une chose à leur dire : “  Messieurs, vous appartenez au passé." » Des
acclamations retentirent. Billy porta le regard, au-delà du premier rang, sur
la foule des mineurs – des hommes solides, courageux qui étaient nés dans
le dénuement et n’en avaient pas moins gagné leur vie, et celle de leurs
familles. « Ouvriers, mes frères, s’écria-t-il. Nous sommes l’avenir ! »
    Il descendit de l’estrade.
    Quand les bulletins de vote furent
comptés, il put se flatter d’avoir remporté une victoire écrasante.
    2.
    Ethel aussi.
    Les conservateurs constituaient
le parti le plus important du nouveau Parlement, mais ils ne disposaient pas de
la majorité absolue. Les travaillistes arrivaient en deuxième position avec
cent quatre-vingt-onze députés, parmi lesquels Eth Leckwith d’Aldgate et Billy
Williams d’Aberowen. Les libéraux étaient troisièmes. Les prohibitionnistes
écossais avaient obtenu un siège. Le parti communiste aucun.
    Quand le nouveau Parlement se
réunit, les députés travaillistes et libéraux firent cause commune pour
renverser le gouvernement conservateur et le roi fut contraint de prier le chef
de file du parti travailliste, Ramsay MacDonald, de devenir Premier ministre.
Pour la première fois de son histoire, la Grande-Bretagne s’était dotée d’un
gouvernement travailliste.
    Ethel n’était pas entrée au
palais de Westminster depuis ce jour de 1916 où elle en avait été expulsée pour
avoir conspué Lloyd George. Elle siégeait à présent sur le banc de cuir noir,
vêtue d’un manteau et d’un chapeau neufs ; elle écoutait les
interventions, levant de temps en temps les yeux vers la tribune du public d’où
elle avait été chassée plus de sept ans auparavant. Elle passait dans le
vestibule pour voter avec les membres du cabinet, de célèbres socialistes qu’elle
avait toujours admirés de loin : Arthur Henderson, Philip Snowden, Sidney
Webb et le Premier ministre lui-même. Elle disposait d’un petit bureau, qu’elle
partageait avec une autre députée travailliste. Elle se rendait à la
bibliothèque pour feuilleter des livres, grignotait des toasts beurrés dans le
salon de thé et ramassait les sacs de courrier qui lui étaient adressés. Elle
faisait le tour du vaste bâtiment, apprenant à se repérer, essayant de se
convaincre qu’elle avait le droit d’être là.
    Un jour de la fin du mois de
janvier, elle emmena Lloyd pour lui faire visiter les lieux. Il avait presque
neuf ans, et n’était jamais entré dans un édifice aussi vaste ni aussi
somptueux. Elle chercha à lui expliquer les principes de la démocratie, mais il
était encore un peu jeune.
    Dans un étroit escalier couvert d’un
tapis rouge, à la limite entre les secteurs réservés aux Communes et aux Lords,
ils croisèrent Fitz. Il était, lui aussi, en compagnie d’un jeune invité – son
fils George, surnommé Boy.
    Ethel et Lloyd montaient, Fitz et
Boy descendaient, et ils se rencontrèrent sur un palier intermédiaire.
    Fitz la regarda comme s’il s’attendait
à ce qu’elle lui cède le passage.
    Les deux fils de Fitz, Boy et
Lloyd, l’héritier du titre et le bâtard, avaient le même âge. Ils se dévisagèrent
avec un intérêt non dissimulé.
    À Ty Gwyn, se rappela Ethel,
chaque fois qu’elle croisait Fitz dans un couloir, elle devait se ranger contre
le mur, les yeux baissés.
    Cette fois, elle resta au milieu
du palier, tenant fermement Lloyd par la main, et fixa Fitz, « Bonjour,
Lord Fitzherbert », dit-elle en relevant le menton d’un air provocant.
    Il lui rendit son regard.
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