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La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente
Autoren: Max Gallo
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La cour de France entretient en effet une nuée d'espions, laquais, gentilshommes, argousins, prêtres chargés de rapporter tout ce qui se dit et se trame à Versailles et à Paris.
    Les ambassadeurs n'échappent pas à cette surveillance et leurs lettres sont souvent décachetées sans vergogne – et même sans précaution ou volonté de le dissimuler – par le « Cabinet noir » qui rend compte chaque jour au Roi de la teneur des correspondances saisies.
    Je ne pouvais prendre le risque de voir cette Relation particulière violée par les hommes du Cabinet noir et portée à la connaissance de Sa Majesté.
    Le courrier auquel je la confie est homme de confiance et d'expérience.
    Après avoir lu cette Relation particulière , vos Illustrissimes Seigneuries découvriront quelques-uns des secrets les plus enfouis du règne de Sa Majesté Louis XIV. Ces faits ont pesé et pèseront sur le destin de la monarchie française.
    Le monarque qui succédera au Roi-Soleil ne pourra les ignorer.
    Il fallait donc que Vos Illustrissimes Seigneuries les connaissent pour assurer la sécurité et la prospérité de notre Sérénissime République, celles-ci dépendant pour une part des décisions du roi de France, souverain le plus puissant d'Europe.

II.
    Nicolas Gabriel de La Reynie
    Nicolas Gabriel de La Reynie était le serviteur dévoué et obéissant de ce roi de France dont la puissance et la gloire éblouissent encore tous les autres souverains.
    La seule liberté qu'il prît avec lui fut de garder copie de tous les documents relatifs à ces affaires de poisons que Louis XIV s'était fait remettre dans l'intention évidente de les détruire.
    Ce que le Roi n'osa faire du vivant de son lieutenant général de police, comme s'il avait craint le jugement de celui qu'il avait chargé de se montrer impitoyable et de déférer devant les magistrats de la Chambre ardente tous les suspects, quels que fussent leurs rang et qualité.

    La Reynie me confia qu'à son avis, Sa Majesté n'avait pas imaginé quels personnages les commissaires enquêteurs de la lieutenance de police allaient prendre dans leurs filets.
    – Mais le Roi avait ordonné, et j'avais fait selon ses voeux.
    Or les plus grandes dames de la Cour, Mme de la Motte et la duchesse de Polignac, dénoncées par les sorcières, jeteuses de sorts et faiseuses d'anges, furent appelées à comparaître devant la Chambre ardente. Elles avaient, assuraient ces devineresses, alchimistes et criminelles, réclamé de la « poudre de succession » et d'autres de ces drogues qui plongent ceux qui les absorbent dans le sommeil de la mort, et non dans une courte somnolence.
    Nicolas Gabriel de La Reynie débusqua aussi Olympe Mancini, comtesse de Soissons, nièce du cardinal de Mazarin et premier amour – peut-être le plus passionné, le plus sincère – du jeune roi Louis XIV.
    Ce souverain dont toutes les femmes – La Reynie le murmurait avec une sorte d'effarement – rêvaient de faire la conquête, quels que fussent les moyens qu'elles devaient employer pour y parvenir.
    Ayant lu les documents établis par les enquêteurs, le Roi – m'avait confié La Reynie – avait relevé la tête et était resté longuement silencieux, deux rides se creusant de part et d'autre de sa bouche, son visage exprimant l'amertume et l'inquiétude.
    – Peut-être à cet instant s'est-il souvenu de ses maux de tête, de ses accès inopinés de somnolence, et a-t-il pour la première fois pensé qu'on pouvait répandre sur ses plats, verser dans ses verres l'une de ces poudres que la Voisin et ses semblables préparaient et vendaient aux grandes dames de la Cour ?

    Le maréchal de Luxembourg, chef de guerre victorieux, dut lui aussi se justifier devant la Chambre ardente, accusé d'avoir eu commerce avec les sorciers. On le soupçonna d'avoir voulu se débarrasser d'une épouse riche et si laide qu'il n'osait la montrer à la Cour.
    Il en fut de même pour la duchesse de Vivonne qui aurait demandé à la Voisin de « quoi se défaire » de son mari, d'obtenir à cette fin l'une de ces « poudres de succession ».
    Or la duchesse de Vivonne était l'épouse de Louis-Victor de Rochechouart, maréchal de France, vice-roi de Sicile en 1675, et surtout le propre frère de la marquise de Montespan qui fut un temps, je l'ai indiqué dans mes Relations régulières , la femme la plus influente de la Cour, puisqu'elle était la maîtresse en titre du Roi.

    En écoutant Nicolas
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