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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah
Autoren: Halter,Marek
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chemin.
    Soulevant autant de poussière qu’un troupeau de cabris, les enfants furent devant Lilah. Ils s’immobilisèrent d’un coup. Les hurlements cessèrent tout aussi net. Un sourire adorable aux lèvres, ils s’alignèrent en deux rangées parfaites, les petits agrippés aux haillons des plus grands.
    — Que le puissant Ahura-Mazdâ et le Dieu du ciel soient avec toi, Lilah ! s’exclamèrent-ils en chœur.
    — Que l’Éternel vous bénisse ! répondit Lilah avec sérieux.
    Les yeux des enfants, surpris par l’absence d’Axatria, allaient du couffin au char qu’ils entrevoyaient sur le chemin de la ville. Lilah sourit.
    — Aujourd’hui, Axatria vous attend au char. Elle vous a apporté du pain de miel.
    À peine ces mots furent-ils prononcés que les gosses bondissaient ainsi qu’une volée de moineaux.
    Lilah rajusta le couffin sur son épaule. Les deux vieux en firent autant de leurs charges de bitume après s’être inclinés avec respect. Elle répondit à leur salut, pressant le pas.
    — Lilah !
    Elle entendit l’appel en même temps qu’un bruit de course.
    — Sogdiam !
    — Laisse-moi porter ton couffin !
    C’était un garçon de treize ou quatorze ans, bien bâti et assez fort pour paraître deux ou trois années de plus que son âge. Alors qu’il n’avait pas encore un an, la chute d’un mur de mauvaises briques un jour d’orage l’avait méchamment estropié. Les os de ses jambes s’étaient ressoudés au hasard, lui laissant des membres difformes que sa volonté avait rendus utilisables. Aujourd’hui, malgré un déhanchement grotesque, il était capable de courir et d’endurer de longues marches sans montrer de souffrance.
    Ses traits fins et tendres faisaient aisément oublier cette disgrâce. Son regard brûlait d’intelligence. Ezra, peu après son installation, l’avait vite remarqué parmi les gamins orphelins qui couraient la ville basse. En peu de temps, il avait trouvé en lui un serviteur capable et dévoué.
    Lilah désigna le morceau de gâteau de miel que Sogdiam tenait dans la main.
    — Achève d’abord de manger.
    — Pas besoin. J’sais faire l’un et l’autre à la fois ! assura Sogdiam avec une mine de guerrier.
    Lilah lui abandonna le couffin, soulageant avec plaisir son épaule tandis que le garçon bandait ses jeunes muscles pour glisser les anses à sa propre épaule.
    — Je crois qu’aujourd’hui Axatria l’a vraiment beaucoup rempli…
    — Ça ira, grogna crânement Sogdiam.
    Lilah lui sourit avec tendresse. Il se remit en marche, les reins fièrement cambrés afin de ne rien laisser paraître du poids qui tirait sur sa nuque. À l’autre bout du chemin, depuis les maisons, on les observait. Sogdiam n’aurait pour rien au monde voulu se priver de montrer à tous qu’il avait le privilège d’aider Lilah, la seule et unique dame de Suse-la-Ville qui osait pénétrer dans la ville basse.
    — Axatria n’aurait pas dû te laisser porter cette charge, remarqua-t-il d’un ton sévère en avançant d’un bon pas. C’est elle la servante, c’était à elle de prendre au moins une part.
    — C’est moi qui l’ai voulu, répondit Lilah.
    — Pourquoi ? Parce qu’elle est trop mal lunée ce matin ? Qu’est-ce qu’elle nous a crié dessus tout à l’heure !
    Lilah ne put cacher un petit sourire.
    — Ça ne durera pas, assura-t-elle.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? Vous vous êtes disputées ?
    Sogdiam lui jeta un coup d’œil interrogateur. Lilah se contenta de secouer la tête.
    — On aurait dit. Elle avait des larmes plein les yeux, insista Sogdiam.
    — Il y a des jours comme ça, où l’on est triste, fit Lilah, la gorge serrée.
    Préférant changer de sujet, elle demanda précipitamment :
    — Explique-moi une chose. Comment savez-vous lorsque nous arrivons ? Jamais notre char n’approche de la ville basse. Vous ne pouvez pas en entendre les roues d’ici et je ne vois aucun de vous dans les champs. Mais à peine sommes-nous arrivées que vous êtes là, à hurler comme des Grecs !
    Sogdiam opina fièrement.
    — C’est moi qui le sais, pas les autres.
    — Toi ? Et comment le sais-tu ?
    — C’est facile. C’est ton jour, assura Sogdiam comme si cela tombait sous le sens.
    — Qu’est-ce que tu racontes ? Je n’ai pas de « jour ». J’aurais pu venir hier ou demain.
    Sogdiam rit.
    — Mais tu es venue aujourd’hui ! Tu viens toujours le jour de ton jour.
    — Il n’y a
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