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Je n'aurai pas le temps

Je n'aurai pas le temps

Titel: Je n'aurai pas le temps
Autoren: Hubert Reeves
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« Histoire sainte ».
    Les croyances spécifient la nature de ce que l’on peut appeler l’Au-delà. Elles dictent les formes du culte des ancêtres et, en général, prescrivent les règles de vie qui conditionnent les bonnes relations à l’intérieur de la communauté.
    Mais, après la constatation de l’universalité du phénomène religieux, ce qui frappe, c’est l’immense diversité des visions du monde que présentent ces « Histoires saintes », les descriptions de ces Au-delà, les personnages qui les habitent, leurs attributs. Des incursions dans les textes des diverses encyclopédies des religions nous donnent d’innombrables versions des images de la transcendance et des scénarios de l’« après-vie ». Le foisonnement des pratiques religieuses atteste sans doute surtout la richesse des possibilités d’imagination du cerveau humain.
    Les religions judéo-chrétiennes, par exemple, nous ont habitués à l’image d’un Dieu qui se présente comme une personne, un Dieu attentif aux comportements humains, qui récompense ou qui châtie selon l’obéissance ou la désobéissance aux commandements, un Dieu à l’écoute des humains, que l’on peut prier, à qui l’on peut demander pardon et auprès de qui l’on peut s’amender. Le péché originel et la rédemption sont des notions typiquement chrétiennes. Une telle personnification n’existe pas dans la majorité des religions orientales. Le bouddhisme zen associe l’Au-delà à une sorte de principe universel qui englobe le monde et la vie, parfaitement indifférent auxinvocations. Inutile de prier, il n’y a personne à l’autre bout de la ligne 1 …
    Différentes également les représentations de l’après-vie. Le scénario chrétien de la Résurrection des morts, du Jugement dernier et du Paradis glorieux en compagnie du Père éternel est bien différent de celui des Réincarnations multiples sous des formes terrestres variables qu’offre l’Orient, aussi bien chez les shivaïstes que chez les bouddhistes.
    Comment réagir face à une telle diversité des imageries religieuses de la Transcendance ?
    J’incline de plus en plus à penser que la nature de ce qu’on pourrait appeler, dans le sens le plus vague, la divinité (si elle existe…) se situe bien au-delà de la portée de nos facultés humaines. Qu’elle nous échappe autant que la théorie de la relativité d’Einstein échappe à l’intelligence d’une souris. Que nous arrivons au mieux à des perceptions vagues et périphériques, encore bien éloignées de son essence. Et que la variété des Histoires saintes résulte de ces visions partielles, chacune étant comme une des multiples facettes d’un diamant.
    Après l’écriture du texte qui précède, j’ai eu l’occasion de relire le livre de Sigmund Freud, L’Avenir d’une illusion , un des textes les plus lucides que je connaisse sur ce sujet. Freud nous met d’abord en garde sur le sens qu’il donne au mot « illusion ». Il n’implique pas que toute religion soit une erreur (et que tous les enseignements religieux soient des faussetés). Une illusion, dans le sens où l’emploie Freud, c’est l’expression de la réalisation d’une très grande attente, d’un désir qui prend une importance vitale. Elle peut représenter une vérité ou non.
    Ainsi, dit-il, la croyance en une vie après la mort est un puissant réconfort face à la mort elle-même ; un grand secours pour coexister avec cette réalité que chacun sait incontournable. De même, la croyance en un Dieu, compatissant et miséricordieux, qui rétablira la justice, récompensera les bons et punira les méchants, aide-t-elle à faire passer les réalités terrestres où injustices et méchancetés sont des réalités quotidiennes.
    Cette « illusion » d’un Dieu juste émerge, selon Freud, de l’image du père telle qu’elle est perçue par le petit enfant. Ce père réel, qui tôt ou tard paraîtra défaillant et incapable de tenir les promesses attendues par l’enfant, sera alors remplacé par l’imagerie divine : le Père éternel, la divinité justicière sous toutes ses formes. Dans ce cadre freudien, la diversité des Histoires saintes ne refléterait que les différences culturelles entre les groupes humains devant les grandes angoisses universelles et non pas quelques facettes d’un diamant cosmique.
    J’aimerais rapprocher ces idées de celle de Romain Rolland, un écrivain français avec lequel
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