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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon
Autoren: Georges Sansom
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Hakone, ainsi qu’on l’appelait à l’époque, était le point stratégique clé qui commandait les communications entre la capitale et la région fertile de la baie de Tokyo.
    De l’aspect montagneux du Japon résulte une familiarité avec les lieux élevés qui contraste fortement avec la crainte que les régions de montagnes inspirent en Europe jusqu’à la fin du xvine siècle 2 . Non seulement une familiarité, mais une véritable attirance pour ce qui est lointain, et, du point de vue de l’ermite tout comme du poète, pour ce qui est beau et intact. Dans les légendes japonaises, les montagnes sont les demeures des divinités et des saints, non des esprits malins. Au Japon comme en Chine, un pic, un col étaient considérés comme le site idéal d’un édifice sacré, et le mot san (« montagne ») est souvent accolé au nom d’un établissement religieux, comme dans Koyasan et Hieisan, deux des plus célèbres monastères de l’histoire du Japon. L’habitude fut peut-être empruntée à la Chine, où maints établissements du genre, comme le Wutaishan, ont pris le nom même d’un sommet.
    Vivre en ascète dans un lieu solitaire est une pratique courante dans la vie religieuse indienne, et les sages taoistes comme les confréries bouddhistes chinoises et japonaises avaient coutume de choisir un endroit élevé pour pratiquer leur culte. Au Japon, l’amour des paysages sauvages, des sommets et des cols, est extrêmement ancien et ne doit rien à l’étranger. Dans la haute antiquité, la province du Yamato était considérée comme une contrée particulièrement sainte habitée de grands dieux qui protégeaient ses pics et ses forêts.
    Si ses montagnes lui procurent de la joie, le Japon souffre de la turbulence de ses cours d’eau, qui, dévalant des monts vers d’étroites plaines côtières, sont rapides et torrentueux. Seuls quelques fleuves sont vraiment navigables, et l’on peut dire de la plupart de ses rivières que, pour plaisantes qu’elles soient à l’œil du romantique, elles sont un obstacle au voyage bien plus qu’elles ne le facilitent. On trouve des noms de cours d’eau dans la poésie japonaise, mais ils ne jouent pas un rôle important dans la légende ni dans l’histoire. Ici, le contraste entre le Japon et les autres pays est très surprenant, car rien, dans son folklore, ne contribue à former le sentiment national au même titre que (disons) l’« aimable Tamise », le Don paisible ou le fleuve de la Symphonie rhénane, le Tibre, l’Euphrate et le Danube, pour ne rien dire du Gange, de l’Indus et du « tourment de la Chine », le puissant fleuve Jaune. Un exemple comme celui-ci montre bien que la topographie d’un pays ne joue pas seulement un rôle important dans son économie, mais aussi dans l’esprit de sa culture.
    D’autres traits topographiques et familiers doivent de même être présents à l’esprit. Les tremblements de terre, bien sûr, et aussi les volcans, car la peinture et la littérature n’ont jamais célébré aucun mont plus que le mont Fuji, aujourd’hui éteint. Mais les éléments qui ont le plus contribué à forger

LA TERRE
    le tempérament national sont peut-être encore les eaux vives, partout abondantes, et la végétation, luxuriante en plaine comme en montagne et qui, pourtant, n’est jamais si sauvage qu’elle se transforme en jungle. La richesse des arbres, les premières fleurs sur le littoral sud ; le froid, les neiges du Nord ; les douces pluies et les âpres tempêtes ; tout cela crée une étonnante diversité de paysages et d’atmosphères. Une seule chose fait défaut : les vastes prairies qui, ailleurs, nourrissent des troupeaux. Sauf un occasionnel cheval de bât et quelques rares attelages de bœufs, la scène rurale est pratiquement vide d’animaux domestiques, si bien que la littérature japonaise manque de thèmes pastoraux et ignore les bergers joueurs de pipeau et les laitières aux mains habiles. Mais elle nous parle de filles de ferme repiquant le jeune riz, de montagnardes transportant sur leur tête de lourdes charges de bois, de femmes cueillant le thé ou débobinant la soie des cocons.
    Le riz et la soie dominent la vie de la campagne, de même qu’en Europe le blé et la laine. Le manque de pierre comme l’abondance des arbres dictent l’architecture des habitations, des temples et des palais. La nature même de l’art, les techniques sculpturales et picturales sont conditionnées par
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