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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France
Autoren: Jacques Bainville
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officielle des Francs qui oublièrent la leur, tandis que se formait la langue populaire, le roman, qui, à son tour, a donné naissance au français.
    Les Gallo-Romains furent si peu asservis que la plupart des emplois restèrent entre leurs mains dans la nouvelle administration qui continua l’administration impériale. Et ce furent les Francs qui protestèrent, au nom de leurs coutumes, contre ces règles nouvelles pour eux. Ils avaient, du droit et de la liberté, une notion germanique et anarchique contre laquelle les rois mérovingiens eurent à lutter. Les « hommes libres » avaient l’habitude de contrôler le chef par leurs assemblées. La discipline civile de Rome leur était odieuse. Il fut difficile de les y plier et, en définitive, ils furent conquis plutôt que conquérants. Ce qu’on a dit du partage des terres entre les guerriers francs n’est que fables et Fustel de Coulanges a démontré que la propriété gallo-romaine n’avait changé ni de caractère ni de mains.
    Comment se fait-il donc que l’œuvre de Clovis n’ait pas été plus durable, que la France n’ait pas été fondée dès ce moment-là ? Peut-être cette monarchie franque avait-elle réussi trop vite et lui manquait-il d’être l’effet de la patience et du temps. Mais elle avait en elle-même un grand vice que rien ne put corriger. L’usage des Francs était que le domaine royal fût partagé à l’exclusion des filles, entre les fils du roi défunt. Appliquée à la Gaule et aux conquêtes si récentes de Clovis, cette règle barbare et grossière était encore plus absurde. Elle fut pourtant observée. Sur ce point la continue franque ne céda pas. Les quatre fils de Clovis se partagèrent sa succession. Il faudra attendre les Capétiens pour que monarchie et unité deviennent synonymes.
    L’idée de l’unité, l’idée de l’État, idée romaine, subsistait dans les esprits. On s’imagina que les quatre fils de Clovis vivraient d’accord pour continuer la tâche de leur père. Eux-mêmes le crurent sans doute. C’était contraire à la nature des choses. Le partage entraînait les divisions. De ce moment date, entre l’Austrasie et la Neustrie, une funeste opposition dans laquelle les peuples n’étaient pour rien puisque c’était l’opposition de Paris et de Metz, de Rouen et de Verdun. Conséquence déplorable d’une erreur politique. Cette erreur ne doit pas faire oublier que la royauté mérovingienne, tout imparfaite qu’elle était, a mieux valu que le chaos. Au berceau même de la puissance romaine, en Italie, l’équivalent des Mérovingiens a manqué après la chute de l’Empire, et l’Italie, cassée en morceaux, est restée treize cents ans sans retrouver son unité.
    Tel est le service que nous ont rendu les Clovis, les Clotaire, les Chilpéric. Après eux, les Carolingiens reculeront le moment de la grande crise, celle du morcellement féodal. Pendant ces quatre siècles, l’idée de l’État n’aura pas péri et les Capétiens pourront la reprendre. La tradition romaine n’aura pas été tout à fait rompue. Sans les Mérovingiens, tout ce qui a été fait plus tard pour constituer la France n’eût pas été possible ou, du moins, eût rencontré plus de difficultés.
    L’aîné des fils de Clovis, Thierry, reçut, avec l’Austrasie ou pays de l’Est, la majeure partie de l’Empire franc : Metz en était la capitale. C’en était aussi la partie la plus exposée aux retours offensifs des Allemands, des Burgondes et des Goths, et Thierry fut avantagé parce qu’étant arrivé à l’âge d’homme c’était le plus capable de défendre le territoire. Ses frères adolescents s’étaient partagé la Neustrie ou pays de l’Ouest, les pays uniquement gallo-romains. On voit tout de suite que le roi d’Austrasie devait être le plus influent parce qu’il conservait un point d’appui chez les Francs eux-mêmes et dans la terre d’origine des Mérovingiens. Ayant un pied sur les deux rives du Rhin, il protégeait la Gaule contre les invasions germaniques.
    Les héritiers de Clovis furent à peu près d’accord, si l’on passe sur quelques drames de famille, tant qu’il s’agit de continuer Clovis. Il y eut là une quarantaine d’années d’expéditions brillantes, jusqu’en Espagne. et en Italie, destinées à protéger les frontières du royaume mérovingien, tout un raccourci de notre histoire future, toute une épopée militaire qu’on s’est racontée aussi
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