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En Nos Vertes Années

En Nos Vertes Années

Titel: En Nos Vertes Années
Autoren: Robert Merle
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cette
commodité, elle n’est rien au regard au cœur, lequel chez Angelina est
excellent, je l’ai observé tous les jours. C’est donc pitié qu’elle soit
papiste.
    — Monsieur mon père !
dis-je fort effrayé. N’avez-vous pas vous-même marié une papiste ?
    — Certes, dit Jean de Siorac
s’assombrissant. Et ce fut la croix de ma vie.
    Et comme ayant dit, il s’accoisait,
je m’accoisai aussi. Et cependant, au bout d’un moment, le cœur me cognant
beaucoup, et tremblant que mon père ne se rangeât parmi les « contre »,
comme le ferait sans doute aucun l’oncle Sauveterre, je lui dis d’une voix
assez mal assurée :
    — Monsieur, si ma mère devait
revenir à la vie, ne seriez-vous pas très heureux ?
    — Oh, que si ! Que
si ! dit Jean de Siorac, sa voix s’étranglant dans sa gorge.
    Et me saisissant la main senestre,
il se pencha et m’envisageant œil à œil, il me dit :
    — Ne tremblez pas plus outre,
Pierre. Je ne suis point si zélé. Et le serais-je que, pour l’amour de votre
défunte mère, je ne vous ferais pas de traverses. Celles que vous avez devant
vous sont grandes assez sans que j’y ajoute encore.
    Je le remerciai du mieux que je pus,
pouvant à peine articuler, tant j’étais travaillé de ma gratitude.
    — Galop, Monsieur mon
père ? dis-je, pour celer mon tumulte.
    Et je me redressai sur ma selle, la
poitrine gonflée et la narine ouverte.
    — Galop ! dit Jean de
Siorac en souriant, pour ce qu’il entendait fort bien mon humeur.
    Et au galop, nous nous mîmes,
restant au botte à botte, lui si vert encore et vigoureux, et m’aimant au-dessus
de sa baronnie, et moi, tout réchauffé de sa grande amour et certes la lui
rendant bien. La terre volait sous les sabots de nos chevaux. Et la tête toute
pleine de mon Angelina, il me sembla, penché sur ma monture, que je
chevauchais, non point tant ma vaillante jument que les années de mon bel
avenir.
     
    Fin
     

 
     
     
     
     

ANNEXES

NOTES DE L’AUTEUR
    1. De tous les Professeurs de
l’Ecole de Médecine contemporains de nos héros, celui sur lequel nous avons le
plus de documents est le Docteur Rondelet, grand médecin selon les lumières du
temps, et homme admirable. Pour le Docteur Saporta, dont on possède un portrait
éloquent et dont on sait qu’il réorganisa d’une main de fer l’apothicairerie de
Montpellier (non sans plaintes et grincements de dents des intéressés), j’ai
dû, à partir de cette réputation tyrannique, recourir à mon imagination.
Cependant, je n’ai inventé ni le jeu de paume qu’il faisait fructifier dans la devalada, ni l’incident de la signature avec le Doyen Bazin.
    Maître Sanche est un portrait composite
qui s’inspire de deux modèles : l’apothicaire Laurent Joubert, dont la
réputation s’étendait au royaume entier, et l’apothicaire Catalan dont parle
Félix Platter dans ses Mémoires.
    2. Le petit clerc Pierre
Journet, qui fut sauvé in extremis du massacre de la Michelade, survécut à ses
blessures, fut ordonné et fit une belle carrière ecclésiastique, puisqu’il
finit chanoine. Bernard d’Elbène, l’Évêque de Nismes, mourut de maladie peu de
temps après avoir échappé à ses bourreaux. Gui Rochette fut le seul consul
exécuté : les trois autres eurent la vie sauve, moyennant rançon.
    3. Le Vicomte de Joyeuse, Baron
d’Arques, dut à son fils Anne, archimignon d’Henri III, de devenir
Maréchal de France. Anne lui-même fut fait Duc et Pair avant de périr à la
bataille de Coutras (1587). Le château des Ducs de Joyeuse s’élève à Couiza,
dans l’Aude.
    4. D’après M. Paul Vergnaud,
qui a fait des recherches sur ce sujet, les formes «  périgordin » et « périgourdin  » se partagent à peu près les faveurs des
écrivains du XVI e siècle. Mon usage de « périgordin » dans Fortune de France est donc licite, sans être aussi normatif que je le
pensais.
    5. C’est par les femmes que les
Montcalm descendaient des Gozon, dont le grand ancêtre terrassa, dit-on, le
dragon de l’Île de Rhodes – Marthe de Gozon ayant épousé en 1552 Louis de
Montcalm, lequel possédait des domaines dans le Rouergue et à côté de Nismes
(Candiac).
    Et c’est par les femmes aussi –
Louis II de Montcalm ayant épousé en 1632 Jeanne de Calvet – que les
Montcalm entrèrent en possession du bel hôtel qui à Montpellier porte leur nom.
Ce n’est pourtant pas en cet hôtel, mais à Candiac, que naquit en
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