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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin
Autoren: Christian Bernadac
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quelques-uns,
    C’étaient des êtres rares, des saints
    Sacrifiaient, souvent en vain,
    Ce morceau de vie quotidien,
    Pour soutenir un ami, un voisin
    Moins vigoureux, ou plus mal en point.
    Nous les admirions, mais ne les imitions point,
    Et en éprouvions, au fond, un remords certain,
    Et même l’on entendait moins
    Des mourants, le pitoyable refrain :
    « Donnez-moi du pain, j’ai faim. »
     
    Les heures, lentement, s’égrenaient
    Et tous les matins,
    Dans leur ronde sans fin,
    Les journées recommençaient,
    Et, de pain en pain,
    Vers l’inconnu, proche ou lointain,
    Sans arrêt, nous entraînaient.
     
    Qu’est-ce donc, aujourd’hui, qu’un pain ?
    Pour ceux qui, jamais, n’eurent faim
    Si peu de chose, autant dire rien.
    Donnez-nous chaque matin,
    Seigneur, notre Pain Quotidien.
     
    Gaston de Bonneval

I
NEUE-BREM
    La plupart des déportés français qui débarquèrent à Mauthausen après l’été 1943, ne furent guère surpris par l’« atmosphère » générale de la forteresse : ils « savaient »… même ceux qui ignoraient jusqu’à l’existence de Mauthausen.
    Ils savaient et ils arrivaient « dressés » . Quelques jours passés dans l’enceinte du camp disciplinaire de Neue-Brem avaient suffi.
    Un camp minuscule, sur la route de Sarrebrück, à moins d’un kilomètre du poste frontière de la Brême-d’Or. Un camp inconnu, oublié : Neue-Brem. Centre de redressement pour les fortes têtes de la prison de Sarrebrück, il s’est peu à peu transformé en kommando disciplinaire ou de « mise en condition », pour le « trop-plein » de Compiègne ou de Romainville. Dès les premières heures de leur séjour à Neue-Brem, les « stagiaires » souhaitent une nouvelle affectation ; certains devront l’attendre deux mois. Deux mois sans véritable travail. Deux mois de loisirs. Loisirs dirigés.
    Pierre de Froment fait partie du convoi de politiques français qui, pratiquement, inaugure le camp.
    — Un iii S.S. nous dispose en ligne sur deux rangs, face au soleil, les valises et colis sont assemblés à quelque 20 ou 30 mètres de là… Ce que nous n’avions jamais pu imaginer une seconde, ce que personne en France ne pouvait soupçonner, allait commencer. Au sud de Sarrebrück, le camp, en forme de carré clos de hauts barbelés, est construit à un carrefour de routes dont l’une, importante, se dirige vers la France : Metz ou Sarreguemines, et l’autre, secondaire, va à Spicheren. En face, se trouve une brasserie restaurant, nommée Neue-Brem, désaffectée et servant pour l’instant aux S.S. Les dimensions de notre nouveau domicile sont réduites, cent mètres de côté au maximum. À chaque coin s’élèvent des « miradors » où veillent des S.S. ou des civils du parti, en armes. À l’intérieur, quatre grandes baraques en bois sont construites parallèlement aux barbelés, quelques petites constructions annexes : w.-c., menuiserie… complétant la superstructure du lieu. Au milieu, une cour en mâchefer avec, en son centre, un grand bassin cimenté plein d’eau, entouré d’une main courante en bois.
    — Aucune vie ne se manifeste dans le camp à notre arrivée. En face de nous, quelques grands bidons en aluminium destinés probablement au transport de la soupe sont empilés devant une porte close. Un ou deux êtres ont traversé la cour à toute vitesse, cherchant à se dissimuler au plus tôt, tout en nous jetant un regard furtif. Derrière nous, un garçon maigre de vingt à vingt-cinq ans, la tête rasée, vêtu d’un bizarre costume gris, se tient au garde-à-vous, les yeux fixant le soleil. Nous sommes là, n’osant souffler mot, depuis dix minutes peut-être, lorsqu’un S.S., jeune brute de vingt-cinq à vingt-huit ans, taillé en athlète, brandissant un énorme « nerf de bœuf », s’approche et fait traduire par un interprète officiel, à l’air sournois, soi-disant lorrain :
    « Vous êtes ici dans un camp disciplinaire, vous devez comprendre. Vous devez vous montrer d’une docilité exemplaire. Pour commencer, celui d’entre vous qui a ri à la gare tout à l’heure et dont le nom a été relevé va venir avec moi. »
    — Un gamin de dix-neuf ans sort du rang, que le S.S. pousse dans le baraquement du commandement. Aussitôt arrive aux oreilles le bruit sourd des coups qui pleuvent sur le malheureux ; celui-ci, courageux, doit serrer les dents car aucune plainte ne se fait entendre. Quelques instants plus
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