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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata
Autoren: Robert Harris
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poissons ? Pour bénir les poissons ?
    Quelques personnes se mirent à rire.
    — Depuis quand les Romains craignent-ils les poissons ?
Rentrez chez vous. Amusez-vous. Une nouvelle année sera bientôt là, avec un
nouveau consul – quelqu’un dont vous pouvez être certains qu’il vous
protégera toujours !
    Ce n’était pas une grande déclaration au vu de ses autres
discours, mais elle eut l’effet escompté. Il y eut même quelques acclamations.
Cicéron sauta en bas des planches. Les légionnaires nous ouvrirent un chemin
parmi la foule et nous retournâmes rapidement vers la cité. Je regardai en
arrière juste avant d’arriver à la porte. Les premiers rangs des curieux
commençaient déjà à se disperser, en quête de nouvelles distractions. Je me
retournai vers Cicéron afin de le féliciter pour l’efficacité de son
intervention, mais il était penché au-dessus du fossé en contrebas de la route,
et il vomissait.
     
    Tel était donc l’état de la cité à la veille du consulat de
Cicéron : un mélange explosif de faim, de tumulte et d’inquiétude ;
de mutilés de guerre et de fermiers ruinés qui mendiaient à tous les coins de
rue ; de bandes de jeunes avinés et bruyants qui terrorisaient les
boutiquiers ; de femmes de bonne famille qui se prostituaient ouvertement
devant les tavernes ; de brusques incendies, de violentes tempêtes, de
nuits sans lune et de chiens errants ; de fanatiques, de devins, de
mendiants et de bagarres. Pompée était toujours loin de Rome, à la tête des
légions d’Orient, et, en son absence, il flottait dans l’air, tel un brouillard
humide et insaisissable, le sentiment confus et désagréable que quelque chose
de terrible se préparait, sans qu’on sût très bien quoi. On disait des nouveaux
tribuns qu’ils travaillaient avec César et Crassus à un grand projet secret
visant à redistribuer le domaine public aux pauvres de la cité. Les patriciens
ne manqueraient pas de s’y opposer. Les biens de première nécessité manquaient,
on stockait la nourriture et les boutiques étaient vides. Même les usuriers
avaient cessé de prêter de l’argent.
    Quant au collègue de Cicéron au consulat, Antonius Hybrida – Antonius
le Bâtard : mi-homme mi-bête –, il était à la fois violent et stupide,
ce qui n’était guère surprenant de la part d’un candidat qui s’était présenté
au côté de l’ennemi juré de Cicéron, Catilina. Néanmoins, conscient des périls
qu’ils devraient affronter, et du fait qu’il leur faudrait des alliés, Cicéron
n’avait pas ménagé ses efforts pour entrer dans ses bonnes grâces.
Malheureusement, ses démarches n’avaient rien donné, et je vais expliquer
pourquoi. La coutume voulait que les deux consuls désignés procèdent à un
tirage au sort pour déterminer quelle province chacun d’eux gouvernerait après
son année d’exercice. Hybrida, qui était couvert de dettes, avait jeté son
dévolu sur les territoires agités mais lucratifs de Macédoine, où une immense
fortune n’attendait que d’être cueillie. À sa grande consternation, il tira cependant
les paisibles pâturages de la Gaule cisalpine, où pas même une souris des
champs ne bougeait. C’est à Cicéron qu’échut la Macédoine, et lorsque le
résultat fut annoncé au sénat, le visage d’Hybrida afficha une telle rancœur
puérile et un tel étonnement que l’assemblée tout entière s’étrangla de rire.
Cicéron et lui ne s’étaient pas reparlé depuis.
    Il n’était donc pas très étonnant que Cicéron eût tant de
mal à rédiger son discours inaugural, et que, lorsque nous fûmes rentrés chez
lui après notre expédition au bord du Tibre, et qu’il voulut reprendre sa
dictée, sa voix se perdît à maintes reprises. Il regardait au loin, l’air
distrait, et ne cessait de se demander à voix haute pourquoi l’enfant avait été
tué de cette manière, et ce qu’il fallait déduire du fait qu’il avait appartenu
à Hybrida. Il était d’accord avec Octavius : les coupables les plus
vraisemblables étaient les Gaulois. Le sacrifice humain faisait effectivement
partie de leur culte. Il envoya un message à un de ses amis, Q. Fabius
Sanga, le principal protecteur des Gaulois au sénat, pour lui demander en
confidence s’il pensait qu’une telle atrocité était possible. Mais Sanga lui
répondit dans l’heure par une lettre quelque peu offensée lui assurant que non,
évidemment, et que les Gaulois
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