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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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possèdent un minimum d’instruction, qui savent écrire et non pas, comme les précédents, seulement signer maladroitement de leur nom. Ils occupent toutes les petites professions juridiques comme les procureurs (nos avoués), les notaires, aussi appelés tabellions ou gardes-notes, les procureurs-fiscaux, etc., suivis des avocats, lieutenants de justice, qui ont fait de plus longues études, puis des gens de robe de haut niveau tels que l’on peut en rencontrer dans les parlements provinciaux. Vient ensuite la noblesse, elle-même divisée en plusieurs degrés, avec les princes du sang et le roi au sommet de la pyramide.
    La Révolution redistribue peu les cartes, sauf pour quelques spéculateurs et profiteurs qui achètent à bon prix des terres d’émigrés ou du clergé mises alors en vente. En revanche le XIX e siècle bouleverse davantage cet état de choses. La révolution industrielle crée un véritable monde ouvrier et gonfle les populations urbaines. L’installation de l’arsenal républicain relativise le rôle de l’église et au château pour mettre en place de nouveaux métiers, comme celui d’instituteur, et des administrations à leur tour très hiérarchisées, comme les Chemins de fer, les Postes, l’Électricité, et plus généralement toute une fonction publique avec de nouveaux notables, présents partout, du maire au ministre en passant par le sous-préfet, qui occupe un rôle capital en province.
    À Paris, l’échelle sociale se traduit de façon caricaturale dans les Écorchés d’immeubles, gravures montrant l’étagement, à proprement parler, des couches sociales par strates successives, ce qui fait dire à J.-P. Berthaud qu’« à chaque marche gravie, c’est un monde qui change ». Mais partout, on vit alors beaucoup en famille, un autre cadre important et pesant, et d’ailleurs souvent déterminant du statut social. Ainsi, dans certaines régions, être aîné ou cadet décide de la fortune d’un homme car, selon les coutumes provinciales, les sorts des uns et des autres sont différents, sinon opposés : les uns héritent, les autres pas. On naît propriétaire ou domestique, remarquent Élisabeth Claverie et Pierre Lamaison pour le Gévaudan. Ainsi la famille est toujours là en contrepoint.
    « À MÊME PAIN, FEU, POT ET SEL » :
VIE DE FAMILLE ET VIE PRIVÉE
    Dans les villages, la vie publique se déroule en certains lieux : place, église, café, lavoir, forge, mairie, etc. Elle a ses acteurs principaux qui sont souvent en rivalité, comme le curé et le sorcier, et plus tard l’instituteur et le maire qui se querellent avec « M. le Comte ». Puissants ou influents, on note également le notaire ou le maréchal-ferrant, le garde champêtre ou plus tard le facteur, en contact quotidien avec la population et excellent agent électoral (mon arrière-grand-père, dans les années 30, conquit ainsi la mairie de son village d’adoption grâce à la fois au soutien du facteur et à son rôle au sein de l’association des anciens combattants). Chacun a ses habitudes, son caractère et ses défauts, souvent caricaturaux, comme l’instituteur mangeur de bifteck le vendredi saint, le curé érudit ou apiculteur, comme autrefois la sorcière, veuve et marginalisée. Tous jouent leur vie et leur survie économique face aux marchands, aux meuniers, aux régisseurs, aux collecteurs d’impôts, etc., à commencer par l’immense foule des Français moyens qui, avant la Révolution, s’appellent « laboureurs », et après « cultivateurs », jusqu’à ce que le changement de siècle renverse cet ordre quasi immuable avec le progrès technique, l’industrialisation et la Grande Guerre.
    Quand les cultivateurs étaient dans la couture
    Le nom de la rue des Coutures-Saint-Gervais étonne toujours le provincial ou l’étranger visitant Paris, d’autant plus que l’installation du musée Picasso lui offre désormais davantage d’occasions de l’arpenter. Régulièrement, notre touriste se demande de quelles coutures il peut bien s’agir…
    La réponse est simple : on a là le souvenir du temps où le quartier était encore à demi rural avec, autour de l’hôpital Saint-Gervais, des prés et des « coutures », autrement dit… des champs, des « cultures »…
    Le mot « couturier », au Moyen Âge, était en effet lui aussi victime d’homonymie. On trouvait d’un côté un premier mot, qui avait d’abord été « costurier », désignant
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