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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui
Autoren: Robert Graves
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d’abdication. Oui, il était assez facile à un quelconque citoyen de se montrer républicain bon teint et de bougonner. «   Quoi de plus simple, au fait, que de choisir un moment de calme général, pour abdiquer et transmettre au Sénat ses pouvoirs   ?   » Ce quelconque citoyen ne comprendrait véritablement les difficultés de l’entreprise que s’il devenait empereur lui-même. Elles résidaient dans l’expression   : «   moment de calme   »   : il n’y avait pas de moments de calme. Toujours s’élevaient des facteurs de trouble dans la conjoncture. L’on essayait d’être sincère en déclarant   : «   Peut-être dans six mois, peut - être dans un an.   » Mais les six mois passaient, puis l’année à son tour. Et même si certains de ces facteurs de trouble avaient été éliminés, d’autres surgissaient pour s’y substituer. J’étais décidé à lâcher les commandes dès que la situation confuse laissée derrière eux par Tibère et Caligula aurait été démêlée et que j’aurais incité le Sénat à retrouver sa dignité –  la liberté sans la dignité ne se conçoit pas  – en le traitant comme un corps législatif responsable. Cependant, je ne pouvais montrer plus de respect à l’Ordre sénatorial qu’il n’en méritait. Je fis entrer au Sénat les hommes les mieux disposés, mais la tradition de soumission au bon plaisir impérial n’était pas facile à vaincre. Ils doutaient de mes bons sentiments et chuchotaient sans manières derrière leurs mains, si je leur manifestais mon affabilité naturelle   ; et quand je m’emportais soudain contre eux, comme cela m’arrivait parfois, ils se taisaient aussitôt et tremblaient tels des écoliers dissipés qui abusent de la patience d’un maître trop coulant. Non, je ne pouvais pas encore abandonner mon poste. Théoriquement, j’éprouvais une honte profonde d’avoir dû mettre à mort les meneurs d’un complot manqué contre la monarchie   ; mais, en pratique, qu’aurais-je pu faire d’autre   ?
    Je réfléchissais au problème. N’était-ce pas Platon qui avait écrit que la seule excuse valable à l’exercice du pouvoir est que celui qui le détient évite ainsi d’être gouverné par des hommes d’un talent inférieur au sien   ? Voilà une pensée intéressante. Et pourtant je craignais, au contraire, si j’abdiquais, que ma place ne fût prise par un homme de talents supérieurs (le zèle au travail excepté, je m’en flattais) –  par exemple, Galba ou Gabrinius, de l’armée du Rhin  – en sorte que la monarchie en serait renforcée et que la République ne serait jamais restaurée. De toute façon, ce moment de calme n’était pas venu. Il me fallait reprendre le collier.
    La révolte et ses suites avaient suspendu le cours des affaires publiques et m’avaient retardé de deux mois dans mon plan d’action. Pour gagner du temps, je supprimai plusieurs journées de fêtes qui me paraissaient sans objet. Au moment du Nouvel An {4} j’acceptai mon troisième mandat de consul, avec Vitellius comme collègue, mais je m’en démis deux mois plus tard en faveur d’Asiaticus. Ce fut l’une des années les plus importantes de ma vie, celle de mon expédition en Bretagne. Mais avant d’y venir, je dois évoquer quelques problèmes domestiques. C’était l’époque choisie pour le mariage de ma fille Antonia avec le jeune Pompée, un garçon d’avenir et apparemment bien disposé à mon égard. Cependant, je ne voulus pas faire de cette cérémonie le prétexte à de grandes réjouissances publiques. Je le célébrai tranquillement à la maison. Je ne souhaitais pas que l’on crût que je considérais mon gendre comme un membre de la Maison impériale. En fait, l’idée d’assimiler ma famille à la Maison impériale ne me souriait guère   : nous n’étions pas une dynastie orientale… nous étions des Julio-Claudiens, ni plus ni moins que si nous descendions de Cornélius, de Camille, de Servius, de Junius, ou de tout autre chef d’une grande famille romaine. Je ne désirais pas non plus qu’il fût réservé plus d’honneurs à mon petit-fils qu’à tout autre enfant de noble extraction. Le Sénat demanda la permission de célébrer son anniversaire par des Jeux aux frais de l’État, mais je m’y opposai. Pourtant, les magistrats de premier rang, de leur propre initiative, marquèrent ce premier anniversaire par un magnifique spectacle et un banquet qu’ils payèrent
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