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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer
Autoren: Juliette Benzoni
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était pénible.
    — Ermengarde, dit-elle calmement, si vous voulez que nous demeurions amies, ne me parlez plus jamais du duc Philippe ! Je veux oublier toute cette partie de ma vie.
    — C'est que vous avez une mémoire bigrement accommodante !
    Cela ne doit pas être facile !
    — Peut-être ! Mais... et le ton de Catherine s'allégea soudainement.
    Elle revint s'asseoir auprès d'Ermengarde toujours pelotonnée au fond de son lit et doucement demanda :
    Parlez-moi plutôt des miens, de ma mère et de mon oncle Mathieu dont je n'ai plus de nouvelles depuis si longtemps ! Si toutefois vous en avez.
    — Naturellement j'en ai, bougonna Ermengarde. Ils vont bien tous deux, mais ils supportent l'absence de nouvelles moins bien que vous !
    Je les ai trouvés vieillis la dernière fois que je suis allée à Marsannay.
    Mais leur santé est bonne.

    — Ma... défection ne leur a pas valu de trop gros ennuis ?
    demanda Catherine avec un brin de gêne.
    — Il est bien temps de vous en soucier ! remarqua la vieille dame avec un sourire en coin. Non, rassurez- vous, se hâta-t-elle d'ajouter en voyant s'assombrir le visage de Catherine, il ne leur est rien advenu de fâcheux. Le duc n'a tout de même pas l'âme assez basse pour leur faire supporter ses déceptions amoureuses. Je croirais assez... qu'il espère au contraire que le désir de les revoir vous ramènera un jour dans ses États. Il n'allait donc pas commettre la sottise de les exiler pour les perdre de vue. Il désire, selon moi, que vous sachiez quelle grande âme il possède ! Aussi la fortune de votre oncle prospère-t-elle gentiment. Je n'en dirais pas autant de celle des Châteauvillain !
    — Que voulez-vous dire ?
    — Que je suis, moi aussi, une manière de proscrite. Voyez-vous, mon cœur, j'ai un fils qui me ressemble. Il en a eu assez des Anglais et de se sentir mal à l'aise dans sa peau de Français. Il a donc épousé la jeune Isabelle de La Trémoille, sœur de votre ami l'ex-Grand Chambellan.
    — J'espère qu'elle ne lui ressemble pas ! s'écria Catherine avec horreur.
    Pas du tout : elle est charmante ! Là-dessus, mon fils a renvoyé sa Jarretière au duc de Bedford et est entré en révolte ouverte contre notre cher duc. Résultat, les troupes ducales assiègent notre château de Grancey et, quant à moi, j'ai pensé qu'il était temps que j'aille voir un peu de pays. J'aurais fait un otage détestable. De là vient que vous me trouvez sur les grandes routes, sur le chemin de Compostelle et d'un salut auquel je vais songer sérieusement. Mais je bénis ce maudit accident qui m'a cassé une jambe et retenue ici. Sans lui, je serais déjà loin et je ne vous aurais pas retrouvée...
    — Malheureusement, soupira Catherine, nous allons nous perdre de nouveau. Votre jambe vous immobilisera encore pour plusieurs jours certainement, et, moi, je dois partir demain avec mes compagnons !
    Le teint naturellement coloré de la dame de Châteauvillain vira au rouge foncé.
    — Ne croyez surtout pas cela, ma belle ! Je vous ai retrouvée, je ne vous quitte plus. Je pars avec vous. Mes gens me porteront sur un brancard si je ne peux tenir à cheval, mais je ne resterai pas ici une minute de plus que vous. Et maintenant, si vous dormiez un peu ? Il est lard et vous devez être lasse. Venez près de moi, il y a place pour deux !
    Sans se faire prier, Catherine se coula dans le lit auprès de son amie. L'idée qu'elle allait repartir avec, auprès d'elle, la solide santé morale d'Ermengarde l'emplissait à la fois de joie et de confiance dans l'avenir. La douairière était indestructible. Une fois déjà, après la mort du petit Philippe, Catherine l'avait crue anéantie. Elle s'était courbée, avait vieilli d'un seul coup. Son âme avait paru s'absenter... et voilà qu'elle la retrouvait sur les grands chemins, plus vigoureuse et plus virulente que jamais ! Certes, avec Ermengarde, la route serait plus facile et combien plus agréable !...
    Le feu se mourait dans la cheminée. La comtesse avait soufflé la chandelle et l'ombre avait envahi la petite pièce. Malgré elle, Catherine ne put s'empêcher de sourire en pensant à la tête que ferait Gerbert Bohat quand, au matin, il verrait l'imposante dame sur son brancard et apprendrait qu'il lui faudrait la compter à l'avenir au nombre de ses pèlerins. Leur affrontement vaudrait sans doute la peine d'être vu.
    — A quoi pensez-vous ? fit soudain la voix d'Ermengarde. Vous ne dormez pas encore, je le
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