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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer
Autoren: Juliette Benzoni
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fait demi-tour, couru jusqu'à Angers, chez la duchesse-reine, et lui a raconté toute l'histoire. C'est Madame Yolande qui m'a prévenu et qui a monté avec moi ce voyage.
    — Incroyable ! s'écria Catherine abasourdie. Ermengarde qui voulait me ramener pieds et poings liés à son duc ?
    — Peut-être ! tant qu'elle a cru sincèrement que ce serait pour vous la meilleure solution. Mais du moment que vous vous obstiniez à poursuivre messire Arnaud... elle s'est attachée à vous aider. Elle veut, avant tout, votre bonheur et vous n'avez pas idée du vacarme qu'elle a fait jusqu'à mon départ ! J'ai eu d'ailleurs toutes les peines du monde à ne pas l'emmener !
    — Chère Ermengarde ! soupira Catherine avec une involontaire tendresse. C'est une femme extraordinaire. En tout cas, l'aventure était risquée. Comment pouvait- elle être sûre que je retrouverais Arnaud, et même que je parviendrais saine et sauve à Grenade ?
    Jacques Cœur haussa les épaules et grimaça un sourire moqueur.
    — Il se trouve qu'elle vous connaît bien ! Si votre époux avait été captif au plein cœur de l'Afrique, vous auriez bien trouvé moyen d'aller l'en arracher. Evidemment, conclut-il, cela m'aurait fait plus de chemin à parcourir...
    À l'heure la plus noire de la nuit, celle qui précède immédiatement l'aube, Gauthier mourut dans la chambre haute du château arrière où Jacques Cœur l'avait fait installer, le visage tourné vers cette haute mer qu'il ne parcourrait pas... L'agonie avait été terrible ! L'air n'atteignait plus qu'avec peine les poumons endommagés et la constitution du géant, ses forces vives extraordinaires prolongeaient l'épuisant combat perdu d'avance contré la mort, ne faisant que le rendre plus cruel.
    Enfermés avec lui, Catherine, Arnaud, Abou-al- Khayr, Josse, Marie et Jacques Cœur assistèrent, impuissants et navrés, à cette lutte, épuisante et suprême que menait Gauthier, inconscient, pour une vie qui ne voulait plus de lui. Serrés les uns contre les autres, les traits marqués par la fatigue et creusés par les ombres mouvantes nées des quinquets fumeux allumés dans la pièce, ils priaient pour que se tût enfin cette voix torturée qui, dans un langage inconnu, lançait des plaintes, des imprécations, des invocations vers les mystérieuses divinités nordiques que le Normand avait adorées toute sa vie. Au-dehors, l'équipage, massé, attendait sans comprendre cependant conscient qu'un drame se déroulait dans la chambre close.
    Enfin, il y eut une ultime convulsion, un soupir qui ressemblait à un râle et le gigantesque corps ne bougea plus. Un silence écrasant, que ne troublait plus la terrible respiration, s'abattit. Le navire à l'ancre, dont le doux balancement avait bercé l'agonie du géant, grinça sinistrement avec une plainte à laquelle répondit le cri rauque des oiseaux de mer.
    Catherine, alors, comprit que tout était fini. Étouffant un sanglot, elle posa deux doigts légers sur les paupières ouvertes, fermant pour l'éternité les yeux de son ami, puis retourna se réfugier auprès d'Arnaud qui l'attira contre lui pour qu'elle pût cacher son visage en pleurs. Pour secouer l'émotion qui l'étreignait, Jacques Cœur toussa.
    — Tout à l'heure, quand le soleil sera levé, nous l'immergerons !
    dit-il. Je dirai les prières..
    — Non, s'interposa Abou-al-Khayr... il m'a fait promettre de veiller à ses funérailles. Pas de prières, mais je te dirai ce qu'il faut faire.
    — Alors, venez avec moi. Nous allons donner des ordres.
    Les deux hommes sortirent et Catherine put entendre la voix de Jacques qui, de la dunette, donnait des ordres suivis du piétinement précipité de l'équipage. Elle chercha le regard de son époux, mais, déjà, il la prenait par la main et l'entraînait vers le lit où gisait Gauthier. L'un près de l'autre, Catherine et Arnaud s'agenouillèrent pour prier, de tout leur cœur, le Dieu de toute miséricorde pour un homme de bien qui n'avait jamais cru en lui. Silencieusement, Josse et Marie vinrent s'agenouiller de l'autre côté... et malgré sa peine Catherine nota que, si le Parisien avait les yeux brillants de larmes, sa main ne quittait pas celle de la petite Marie qu'il semblait avoir prise sous sa protection. Elle songea que c'était là, peut-être, le départ d'un bonheur inattendu et que, venus des horizons les plus différents, ces deux-là étaient en train de se rejoindre. Mais la voix grave d'Arnaud s'élevait
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