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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997
Autoren: Michèle Cotta
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élections sénatoriales, elles ont tourné à la victoire de Jacques Chirac et de tous ceux qui sont associés de plus près à l’action gouvernementale, à commencer par le RPR. Mais pas seulement : à l’intérieur de l’UDF, c’est le PR de Léotard, réputé le plus proche de Chirac, qui a eu la partie belle.
    Le constat, à l’heure qu’il est, est rassurant pour Chirac : les Français ne sont pas encore assez mécontents pour sanctionner le gouvernement. C’est Jospin lui-même qui l’a reconnu avec une franchise déconcertante, dimanche soir : les scrutins d’hier, a-t-il dit, n’ont pas montré le moins du monde qu’il y ait un reflux de l’électorat vers la gauche.
    Curieux homme, ce Lionel Jospin : il a fait en solitaire toute la campagne de Toulouse. À l’exception de Michel Rocard, il n’a demandé à personne de lui donner un coup de main. Et il est le premier à enregistrer publiquement le succès de Chirac et à souligner le fait que, six mois après la victoire de la droite en mars 1986, la tendance ne s’inverse pas, mais se confirme.
    Le PC continue sa dégringolade, la gauche dans sa totalité reste minoritaire. François Mitterrand est condamné à faire profil bas.
    La grogne viendra peut-être, dans les jours qui viennent, des présidents d’université qui reprochent à la future loi Devaquet sa volonté d’autonomie des universités, ainsi que son principe de sélection.
    Il faut dire aussi que le microclimat antiterroriste donne à ces élections une importance dérisoire, eu égard à ce qui se passe à Paris.
     
    Juste un mot sur ce carnet. Je sens bien qu’il manque de chair, en ce moment. Pas de rencontres au sommet. Mais je serais bien en peine d’en avoir une : Chirac, qui m’a vidée il y a peu, doit avoir quelque réticence à recevoir dans l’immédiat la journaliste que je suis redevenue. Non qu’il éprouve le moindre remords – je sais bien que ce n’est pas son genre. Une simple gêne, tout simplement, quil’amène à briser, au moins pour le moment, la séquence de nos rencontres d’avant 1981.
    Quant à Mitterrand, même si personne ne le sait dans l’entourage de Lagardère, il m’en voudra longtemps pour l’épisode de la Haute Autorité.
    De sorte que j’ai l’impression très désagréable de duper mon monde : je me demande parfois si Jean-Luc Lagardère, en me prenant à Europe, n’a pas eu la volonté de complaire à Mitterrand, de lui rendre un service, alors que Mitterrand aurait souhaité qu’affamée, au chômage, proscrite, en un mot, je vienne lui demander pardon...
    Je me souviens à ce propos – c’est Jean Poperen qui me l’a raconté il y a déjà plusieurs mois – qu’après l’épisode du Rainbow Warrior et son départ forcé du gouvernement, Charles Hernu avait coutume de se planter, muet, partout où il allait, devant François Mitterrand comme pour lui donner mauvaise conscience. Longtemps cela ne lui a servi de rien, sauf qu’au bout de quelques mois Mitterrand s’est arrêté près de lui et a feint de le voir pour la première fois. Cela fut pour Charles Hernu le premier jour d’un bonheur recouvré !
    Je ne me suis pas postée sur le chemin de Mitterrand...
    Pas beaucoup de rencontres « à la base », non plus. D’abord parce que je travaille très tôt à Europe : j’y suis vers 5 h 30 et, du coup, je me repose après le déjeuner. Ce n’est pas un style de vie commode pour me faire de nouvelles relations ou ressusciter les anciennes.
    Du coup, mes carnets tiennent en ce moment davantage de la revue de presse que d’autre chose. Cela passera.

    1 er  octobre
    Coup sur coup, les journées parlementaires de l’UDF, du RPR et des socialistes. Elles se ressemblent, d’une certaine manière, ces trois réunions de parlementaires. D’abord parce qu’elles appellent toutes trois à l’unité. Il fallait entendre Édouard Balladur, presque dans le rôle de chef de la majorité, jouer de la fibre gaulliste pour les uns, parler aux autres – aux parlementaires UDF – de l’union dans la liberté. Même appel à l’unité émanant de Jean-Claude Gaudin, dans un style assez différent de celui, bon chic bon genre, de Balladur. Il est extraordinaire, ce Gaudin : quand il tonne contre la gauche ou exhorte avec grandiloquence à l’unité, c’est avec un accent qui faitpasser tous ses propos pour des répliques de Pagnol. Effet comique plus que dramatique...
    Aux journées
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