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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997
Autoren: Michèle Cotta
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parlementaires RPR, comme pour répondre aux interrogations de l’UDF, Jacques Chirac a fait sagement savoir que, naturellement, les deux candidats de la majorité à la présidentielle concluront un pacte en vue du second tour : celui des deux qui sera arrivé en second au premier tour se retirera en faveur de l’autre. Message bien reçu par l’UDF.
    Journées socialistes à Mâcon, enfin, sur les terres de Pierre Joxe 19 , qui a exhorté le Parti socialiste à se mobiliser pour la reconquête de 1988. Il faut dire, puisque j’ai trouvé le temps d’y aller une demi-journée, que selon moi le piège de la cohabitation s’est refermé sur le PS. En dehors de quelques leaders qui ont fort bien compris la stratégie de Mitterrand, les autres sont perdus : ils voient des projets de loi passer sans que le Président leur fasse obstacle. Et lorsque celui-ci refuse, comme pendant l’été, de signer un texte sur les privatisations, ils comprennent que cette résistance ne sert à rien puisqu’il suffit que le gouvernement le présente au Parlement.
    Ceux qui ont l’oreille de Mitterrand – Laurent Fabius, Pierre Joxe et quelques autres – ont beau leur expliquer que Mitterrand attend la faute de l’adversaire pour contre-attaquer, ce que je crois, et qu’il recule en quelque sorte pour mieux sauter, nombre de parlementaires socialistes n’y comprennent goutte. La seule chose qu’ils voient, c’est que si Mitterrand n’est pas candidat en 1988, le PS risque de perdre la Présidence de la République.
    Ce ne sont donc pas de joyeuses rencontres que celles de Mâcon, malgré les vins !
    Derrière les propos de tribune, cependant, quelques non-dits : nul n’a parlé de l’élection présidentielle qui vient, mais, franchement, tout le monde y pense. On y pense à l’UDF où le trop-plein de candidatures est dénoncé avec nostalgie par Jean Lecanuet. Et au PS où chacun prend ses marques pour le cas où Mitterrand ne se représenterait pas en 1988.
    En outre, toujours à l’occasion de ces journées parlementaires, il me semble que les propres alliés de Jacques Chirac, ses partenaires de la majorité au sein de l’UDF, surtout, qui le soutiennent comme la corde soutient le pendu, commencent à s’inquiéter de la conduitede la politique de Chirac vis-à-vis du Moyen-Orient. Il y a eu le ridicule épisode d’Hilarion Capucci (je cite son nom et son prénom, tant l’un et l’autre confèrent à cette visite d’un religieux moyen-oriental à Paris un côté farce). Il y a eu aussi, simultanément, le voyage de Michel Aurillac, envoyé spécial de Chirac, à Damas. Quelle voie suit le chef du gouvernement ? Pour une fois, ce n’est pas seulement la gauche qui pose le problème, mais aussi, après Simone Veil, Jean Lecanuet, qui souligne le « double comportement du gouvernement », le « flottement entre les capucinades , que je comprends mal, et le refus de négocier, qui me paraît une bonne attitude ».
    Ce à quoi Charles Pasqua se contente de répondre que « tous les renseignements en possession des enquêteurs convergent vers la famille Abdallah ». Le problème est que l’accusation portée contre un des frères – j’ai oublié son prénom – est réduite à néant par les déclarations des journalistes – et les siennes, d’ailleurs – disant qu’il n’était pas en France au moment de l’attentat de la rue de Rennes. Pasqua a beau enfoncer le clou et taper sur la famille Abdallah, je sens bien que la thèse policière ne convainc pas tout le monde.

    2 octobre
    Vu Maurice Faure chez qui François Mitterrand est venu passer quelques jours, comme il fait le plus souvent avant de prendre une décision importante. Il pleuvait à seaux dans le Lot, à Saint-Circq-la-Popie, lorsqu’ils ont tous deux parlé de la situation nouvelle et inconfortable dans laquelle se trouve un président de la République en régime de cohabitation. Mitterrand a tenu à se promener par les ruelles en pente du beau village de Saint-Circq, rendues glissantes par la pluie battante, puis dans les grottes de Cabrerets, avant d’aller déjeuner de fort bon appétit, me dit Maurice Faure, dans le meilleur restaurant du coin.
    Physiquement, Maurice Faure a trouvé le Président un peu moins souple, s’appuyant sur une canne pour marcher : c’est la première fois, me dit-il, qu’il le voit ainsi, même s’il a tenu à faire une marche d’une vingtaine de minutes avant de rejoindre le
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