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Avec Eux...

Avec Eux...

Titel: Avec Eux...
Autoren: Dominique Cantien
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d’intéressant d’un point de vue humain dans une conversation. Être utile aux autres est vital à mon équilibre. Au risque, parfois, d’y laisser des plumes.
    Il m’est arrivé de me plonger tout habillée au Soudan, dans la piscine d’un hôtel avec la journaliste Anna Bitton, comme pour nous purifier et essayer d’oublier les images insupportables de ces femmes, ces enfants et ces hommes quimouraient dans des camps de réfugiés, à quelques kilomètres de là. Des camps qui n’avaient rien à envier en horreur aux funestes camps de concentration nazis. Il m’était interdit d’observer, et je n’avais pas trouvé d’autre moyen pour signifier ma désapprobation. J’avais tellement honte d’être là, aussi impuissante. Pourtant, chaque fois que je suis partie dans des missions ou des voyages officiels aux côtés du ministre des Affaires étrangères, j’ai toujours eu à cœur d’établir un programme différent de celui « d’épouse », comme le veut l’usage, mais qui ressemble au plus près à une véritable mission humanitaire, sociale ou médicale. J’estime que là était mon rôle, tel que je voulais l’envisager.
    Je me souviens notamment de ma rencontre en Égypte avec les chiffonniers du Caire et leurs enfants, dans les déchetteries, ou avec cette femme extraordinaire qui s’occupait de la réinsertion des enfants soldats en Afrique. Ma ligne de conduite est d’être utile. Je reprends à mon compte les paroles d’Étienne Roda-Gil pour Julien Clerc : « À quoi sert une chanson si elle est désarmée ? Même si c’est moi qui chante à n’importe quel coin de rue, je veux être utile à vivre et à rêver. »
    Ai-je gardé quelque chose des dîners officiels ? Philippe Douste-Blazy m’a beaucoup reproché d’en avoir fui un certain nombre. Ce fut certainement une erreur de ma part de les éviter, je le reconnais, mais ils étaient tellement éloignés de l’idée que je me faisais d’une rencontre avec ces hommes-là, qui ont le pouvoir d’améliorer le monde. J’aurais voulu pouvoir provoquer une petite avancée, faire naître une autre forme de réflexion chez eux.
    François Mitterrand résumait la diplomatie ainsi : « La forme, c’est le fond, et si la forme vient à manquer, c’est le fond qui périt. » Il me fallait donc mettre les formes… Mais où était le fond ? Ma déception était très souvent profonde.Je n’ai jamais eu le sentiment de contribuer à consolider ce fond. À l’exception peut-être d’un déplacement en Russie, un soir au Café Pouchkine… Un instant où la diplomatie s’est effacée pour faire la part belle aux êtres humains.
    Â 
    Ces 18 et 19 janvier 2006, j’accompagnais Philippe Douste-Blazy lors de sa première visite officielle en Russie en tant que ministre des Affaires étrangères. Il devait y rencontrer à Moscou son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour s’entretenir sur de nombreux sujets d’actualité de politique internationale, parmi lesquels la présidence russe du prochain G8, la crise du dossier nucléaire iranien, la lutte contre le terrorisme et les relations entre l’Union européenne et la Russie sur le plan énergétique. Sergueï Lavrov a la réputation d’être un homme extrêmement dur en affaires, et souvent opposé aux décisions prises collectivement par les autres ministres des Affaires étrangères. Ce rendez-vous-là était capital, il était inenvisageable qu’il se solde par un échec.
    Avant la réunion avec tous les conseillers, un dîner est prévu dans le légendaire Café Pouchkine, situé à quelques pas du Kremlin, sur le Tverskoï boulevard. Créé en 1999, le lieu est une pure invention de Gilbert Bécaud et de Pierre Delanoë qui lui avaient donné vie en 1964 dans la célèbre chanson Nathalie  : « Je pensais déjà qu’après le tombeau de Lénine, on irait au café Pouchkine boire un bon chocolat… » Tout en boiseries, dans une atmosphère cosy, l’établissement moscovite est le QG des personnalités, des hommes
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