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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli
Autoren: Anne Tremblay
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monde prend des vacances de nos
     jours, maugréa Julianna tout en brossant ses cheveux.
    — J’en connais pas beaucoup qui peuvent se payer cette folie, fit remarquer
     François-Xavier.
    — Yves va passer quinze jours en Floride.
    — Je suis pas propriétaire d’un journal comme ton patron, moi ! répliqua-t-il
     avec amertume.
    — Il part la semaine prochaine...
    — Ben, pars avec !
    Le couple s’affronta du regard.
    Julianna jeta rageusement sa brosse sur la commode.
    — C’est pas l’envie qui me manque, marmonna-t-elle en allant s’enfermer dans la
     salle de bain. Surtout qu’Yves me l’a offert... ajouta-t-elle pour
     elle-même.
    Julianna étudia son reflet dans le miroir de la pharmacie. Ses traits
     tourmentés en disaient long sur son désarroi. Oh, François-Xavier, si tu savais,
     si tu savais...

    Malgré l’heure tardive, Yves Boivin était encore à son bureau. Ce n’était pas
     la somme de travail qui le retenait, seul dans la bâtisse, mais le souvenir de
     la présence de Julianna, plus tôt dans la soirée. Il avait été surpris de la
     voir débarquer au journal après la fermeture, alors que c’était son anniversaire
     de mariage. Elle avait bafouillé une minable excuse quant à une dernière
     vérification au sujet d’une de ses chroniques.
    — Je... je voulais changer quelques mots dans un des articles, avait-elle dit
     nerveusement en fouillant dans la pile de papiers de son classeur.
    Yves avait gentiment repoussé le tiroir de métal.
    — Je suis certain, Julianna, que tout est parfait, comme
     d’habitude... Tu as une si belle écriture...
    Il lui avait pris la main et y avait déposé un baiser dans le creux de la
     paume.
    — Julianna...
    — Yves, tais-toi. Ne recommence pas.
    — T’es venue me retrouver…
    Avec grâce, Julianna avait fait une petite pirouette sur elle-même.
    — Voyons, Yves, tu veux être le prochain sujet de ma chronique ?
    — J’espère, tu m’entends Julianna, j’espère que François-Xavier sait la chance
     qu’il a.
    À ces paroles, les yeux verts de Julianna s’étaient embués de larmes.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? Il t’a encore fait de la peine !
    Yves l’avait prise doucement dans ses bras. Julianna s’y était blottie. Le cœur
     d’Yves battait la chamade à la pensée que son attente était enfin récompensée.
     La présence de Julianna ce soir ne pouvait signifier autre chose. Penchant la
     tête, il avait voulu l’embrasser. Julianna s’était éloignée de lui. De nouveau,
     elle refusait ses avances. Déçu, il n’avait pu retenir une exclamation de
     frustration. Il allait devenir cinglé. Il était amoureux d’elle depuis la
     première fois qu’il l’avait rencontrée.
    — Il ne te mérite pas...
    — Trente-cinq ans de mariage... il ne m’a rien offert.
    — C’est un imbécile.
    Yves l’avait enlacée. Avec passion, il lui avait murmuré :
    — Je pourrais tellement te rendre heureuse, Julianna. Tu n’as qu’à faire un
     geste.
    — Je suis mariée, Yves... C’est impossible, avait ditJulianna
     en se dégageant de l’étreinte.
    — Je ne comprends vraiment pas ce qui peut t’attirer autant chez une vieille
     femme comme moi, avait-elle repris avec un petit rire. La nouvelle petite
     réceptionniste a beaucoup moins d’années que moi... et elle est
     célibataire.
    — Tu te rends pas compte de l’effet que tu me fais ! Ton intelligence m’attire,
     ta vivacité, ta répartie... et je ne parle pas du reste. Julianna, laisse-moi te
     rendre le sourire.
    — Je suis seulement venue corriger un papier...
    — Tu ne sais pas ce que je donnerais pour t’emmener avec moi en vacances. Tu
     adorerais la Floride, j’en suis certain. Tu es née pour te pavaner sur ces
     plages dorées, pour manger dans les meilleurs restaurants, dormir dans les
     hôtels de luxe. Personne ne trouverait à redire que tu sois à mes côtés.
    — Et risquer de perdre ma réputation ?
    — Si tu m’aimais, tu n’hésiterais pas.
    De nouveau, Yves avait tenté de l’embrasser. Depuis si longtemps qu’il se
     retenait. Et là, sans crier gare, elle était revenue au bureau, délaissant son
     mari... pour... pour lui.
    — Julianna, je ne peux plus continuer comme ça. Je suis en train de me rendre
     malade...
    — Yves, laisse-moi, ce n’est pas bien, tu le sais.
    — Je vais perdre la tête si tu ne me donnes pas un peu de sentiment en retour.
     Je suis comme un chien
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