Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
Denise sont à la veille d'arriver.
     
    Lorsque les deux
aînés arrivèrent, Laurette ne leur laissa pas le temps de s'étonner de l'absence
de leur père.
     
    Elle leur fournit
les mêmes explications qu'aux autres et leur fît les mêmes recommandations. Le
repas se prit dans 526 UN MALHEUR un silence relatif et plus d'un jeta un
regard inquiet vers la chaise vide au bout de la table.
     
    Après la
vaisselle, Laurette appela sa belle-soeur Colombe. La soeur de Gérard recevait
une amie à souper et parlait à mi-voix, comme si elle avait craint que cette
dernière devine ce qu'il se passait. Plus probablement, ne voulait-elle pas
affoler sa mère présente dans la pièce.
     
    Avant de
raccrocher, elle lui promit de la rappeler avant la fin de la soirée. Ensuite,
la mère de famille s'adressa surtout à ses deux aînés qui étaient demeurés
attablés dans la cuisine pendant que les jeunes avaient repris leurs travaux
scolaires.
     
    — Bon. Il va
falloir s'organiser à cette heure que votre père est plus là, leur
annonça-t-elle sans préambule. Je pourrai pas payer le manger, le loyer et tous
les autres comptes avec des prières. En plus, les soeurs du sanatorium veulent
que je paye quelque chose. On n'a plus la paye de votre père.
     
    — Moi, en tout
cas, je peux pas donner plus que je donne là, déclara tout net Jean-Louis. Je
vous paye déjà une grosse pension et vous me devez déjà de l'argent pour vos
lunettes.
     
    — Maudit que t'es
cochon, Jean-Louis Morin! s'emporta son jeune frère Richard. T'as de l'argent à
la banque!
     
    — Toi, mêle-toi
de tes affaires, le rabroua sa mère, que le manque de solidarité de son préféré
n'était pas encore parvenu à indigner.
     
    — Vous pouvez
garder toute ma paye, m'man, offrit généreusement Denise. Laissez-moi juste
deux piastres par semaine pour mes petites dépenses. Ça va être correct.
     
    — Vous garderez
toute ma paye de Tougas, m'man.
     
    Laissez-moi juste
cinquante cennes, intervint Gilles à son tour.
     
    527
     
    — La même chose
pour moi, m'man, offrit à son tour Richard.
     
    — Vous êtes ben
fins, leur dit leur mère, les larmes aux yeux.
     
     
     
    — Vous pouvez
toujours demander quelque chose à la Saint-Vincent-de-Paul, dit Jean-Louis,
comme si cette suggestion pouvait faire oublier son égoïsme.
     
    — Jamais de ma
chienne de vie! Tu m'entends? s'emporta sa mère. J'ai ma fierté, mon garçon!
J'irai pas quêter quand j'ai mes deux bras et mes deux jambes pour travailler.
Déjà que je vais essayer d'avoir la pension des mères nécessiteuses. As-tu
pensé à ce que les voisins diraient s'ils voyaient le monde de la
Saint-Vincentde- Paul nous apporter une boîte de manger? On nous montrerait du
doigt. On serait les quêteux de la rue Emmett. Jamais! J'aimerais mieux mourir.
     
    — Moi, je disais
ça...
     
    — Comme tu veux
rien donner pour nous aider, tu ferais ben mieux de fermer ta gueule, lui
ordonna son frère Gilles.
     
    Quand l'aîné se
rendit compte que ses frères et soeurs étaient ouvertement contre lui, il préféra
s'esquiver dans sa chambre et le silence retomba dans la pièce.
     
    Deux heures plus
tard, la sonnerie du téléphone fit sursauter Laurette occupée à repriser un
accroc sur la manche d'une chemise de Gilles. Colombe rappelait pour offrir son
aide et celle de son mari.
     
    — Vous êtes ben
fins, tous les deux, mais je pense qu'on est capables de se débrouiller tout
seuls un bout de temps, lui déclara Laurette.
     
    Lucille Morin
vint ensuite dire quelques mots d'encouragement à sa bru. La vieille dame lui proposa,
elle aussi, de la soutenir avec ses maigres moyens. Ce bref échange avec sa
belle-mère surprit la mère de famille et lui donna 528 UN MALHEUR du courage.
Pas une plainte sur le mauvais sort qui s'acharnait sur son fils. Elle tenta
même de persuader sa bru que le séjour au sanatorium serait bref et bénéfique.
     
    Ce soir-là, au
moment de se mettre au lit, Laurette s'aperçut que Richard était allé chercher
un seau de charbon dans la cave et qu'il avait alimenté la fournaise du couloir
pour la nuit. Elle éteignit sa lampe de chevet après avoir fait sa prière. La
femme de quarante ans se sentait brusquement perdue dans ce grand lit où elle
n'avait couché seule qu'à une seule occasion en plus de vingt ans.
     
    Gérard lui
manquait déjà et il venait à peine de partir.
     
    Dans le noir,
elle pleura doucement pendant de longues minutes en
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher