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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable
Autoren: Juliette Benzoni
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jalousie ; seule l’amitié était avec eux.
    Vêtue d’une robe de mousseline des Indes blanche, légèrement brodée d’argent, que Mlle Marjon, assumant avec délices le rôle de mère adoptive, avait trouvée chez Mme Eloffe, une excellente couturière parisienne, Judith était belle comme un ange et comme le printemps. Inexplicablement, elle s’était opposée à ce que l’on prévînt la tante qu’elle avait à Paris. De même elle avait refusé, pour sa coiffure et son bouquet, les fleurs d’oranger avec une jolie confusion qui avait fait sourire Mlle Marjon. Un simple piquet de roses pâles retenait le voile qui ennuageait sa tête rousse, exactement semblables à celles qui ornaient son corsage et composaient le bouquet de sa main. Elle était si belle que Gilles, émerveillé, n’arrivait pas à la quitter des yeux.
    Et leur bonheur était si évident que le vieux prêtre à la mine renfrognée qui vint vers eux en boitillant flanqué de deux enfants de chœur apathiques ne put s’empêcher de sourire, d’instinct, à ce couple si merveilleusement assorti. Bouche bée, les deux gamins tombèrent dans une telle extase devant la ravissante mariée qu’il fallut les secouer d’importance pour les rappeler à leurs devoirs et commencer le service du mariage.
    Comme dans un rêve Gilles prit la main de Judith et, obéissant à l’invitation de l’officiant, répéta, après lui, d’une voix forte, volontaire et qui sonna comme un défi, les paroles du serment :
    « Moi, Gilles, je te prends, toi, Judith, pour ma femme et légitime épouse afin de te garder dans ma maison, t’aimer et te chérir dans la joie comme dans la souffrance et jusqu’à ce que la mort nous sépare ! »
    Puis ce fut au tour de Judith dont la voix s’éleva, claire et ferme dans le silence :
    « Moi, Judith, je te prends, toi, Gilles, pour mon seigneur et légitime époux. Et je demeurerai dans ta maison pour t’aimer, t’obéir et te chérir, dans la joie comme dans la souffrance et jusqu’à ce que la mort nous sépare. »
    À la petite main qu’il tenait, le jeune époux passa un anneau d’or semblable à celui que Judith, une seconde après, glissait à son propre doigt tandis que, sur leurs mains unies, le prêtre traçait le signe de bénédiction qui les soudait pour la vie. Ensuite, agenouillés l’un près de l’autre sur des coussins de velours rouge, ils entendirent pieusement une courte messe basse. Enfin, après que Judith eut déposé son bouquet de mariée aux pieds de la Mère de Dieu, ils quittèrent l’église appuyés l’un sur l’autre, emportant leur lumineux bonheur vers la nuit versaillaise tandis que leurs témoins distribuaient au mendiant ravi une large aumône. La vie, une vie toute nouvelle faite d’amour partagé et de travail quotidien, les attendait de l’autre côté de l’Atlantique sur lequel ils avaient décidé de s’embarquer prochainement.
    Tendrement, Gilles baisa les doigts de celle qui était désormais sa femme en la faisant monter en voiture.
    — Je suis votre serviteur, Madame de Tournemine !…
    Elle devint rose de joie.
    — C’est vrai ? C’est bien vrai ? Nous sommes mariés ?
    — On ne peut mieux mariés. Tu n’as pas remarqué ?
    — Pas vraiment… C’était comme un rêve ! Il me semblait planer dans un immense ciel bleu.
    Il s’installa auprès d’elle tandis que Mlle Marjon et Ulrich-August prenaient place dans une autre voiture et l’entourant de ses bras, il l’embrassa longuement. Le petit cortège s’ébranla en direction de la rue de Noailles où un souper avait été préparé par les soins attentifs des deux témoins… mais avec le bel égoïsme des amants heureux, le jeune couple voguait déjà bien au-delà de Versailles.
    Durant ces trois jours, en effet, Gilles avait entièrement changé sa vie. D’abord il avait obtenu du Roi, amusé de l’ardeur que l’on mettait à les lui demander, un congé sans limite précise et l’autorisation de se marier sans tambour ni trompette.
    — Je ne veux pas démissionner, expliqua-t-il à un Winkleried passablement désorienté et malheureux de voir son ami s’éloigner. Je ne peux renier le serment que j’ai fait au Roi et si le malheur voulait qu’il eût un jour besoin de moi, je reviendrais sans hésiter reprendre ma place auprès de lui.
    — Autrement dit, s’il n’arrive rien au Roi, on ne te reverra jamais ?
    — Pourquoi ne reviendrais-je pas ? Et toi,
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