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Suite italienne

Suite italienne

Titel: Suite italienne
Autoren: Juliette Benzoni
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longtemps.
     
    C’en était fait : la duchesse Violante Carafa était devenue la maîtresse du beau Marcello. Et Diana, certaine maintenant de la tenir sous sa coupe, s’abandonna enfin à la passion qu’elle éprouvait pour Fornari et lui céda. Qu’importait maintenant ? Elle saurait bien obliger Violante à la donner pour épouse à son amant.
    Hélas, en devenant la maîtresse du jeune homme, Diana commettait une énorme faute. D’abord, parce que Fornari ne l’aimait pas réellement. Il avait pour elle un caprice, un désir passager qui, une fois assouvi, ne laissa aucune trace d’amour. Bien davantage, il fut vite effrayé par le caractère violent et emporté de la belle. Alors, comprenant qu’il était tombé dans un filet dont il aurait grand-peine à se dépêtrer, Domitiano Fornari prit le parti de fuir. Il ne tenait ni à être forcé d’épouser une maîtresse particulièrement encombrante, ni à rester à portée des Carafa s’ils apprenaient son aventure avec leur cousine. Une belle nuit, dans le petit port de Nettuno, Domitiano Fornari s’embarqua et disparut.
    Sa disparition plongea Diana dans un véritable délire de fureur et de chagrin. Nuit et jour, elle emplit l’air de ses clameurs et de ses récriminations.
    — Pourquoi est-il parti ? répétait-elle sans cesse. Nous nous aimions tant… Je suis sûre qu’il m’adorait…
    — Dans ce cas, répondait la duchesse, qui essayait de calmer cette douleur un peu trop spectaculaire, s’il t’adore, il reviendra.
    Mais les jours passaient sans ramener l’absent et les plaintes de l’abandonnée prenaient des proportions telles qu’un soir, exaspérée, Violante la pria de se taire :
    — Gémir et récriminer ne sert à rien ! lui dit-elle assez sèchement. Tu devrais songer davantage à ton amour-propre et ne pas faire étalage d’une telle douleur pour un homme qui s’est enfui !
    — N’ai-je donc pas le droit de pleurer mon malheur ? s’insurgea Diana.
    — Si, mais moins haut !
    La jeune femme se le tint pour dit, mais dès cet instant, elle voua à la duchesse une haine grandissante. La belle Violante avait beau jeu de prêcher la modération, elle qui goûtait chaque nuit les douceurs de l’amour avec Marcello. Peu à peu, Diana en vint même à se persuader que sa maîtresse avait elle-même fait partir Domitiano, pour éviter le scandale familial, et lui avait donné de l’argent pour fuir. De là à souhaiter se venger, il n’y avait qu’un pas. Et la vindicative Diana le franchit fort allègrement.
     
    Le duc de Soriano et Palliano avait trop d’orgueil pour accueillir du premier coup la dénonciation d’une suivante, fût-elle de sa famille. Quand Diana Brancaccio vint lui dire que sa duchesse était la maîtresse de Marcello Capecci, il commença par hausser les épaules.
    — Une femme qui durant quinze ans a été d’une fidélité à toute épreuve ? Qui a vu à ses pieds, sans s’émouvoir, tout ce que l’Italie, la France et l’Espagne comptaient de plus noble et de plus séduisant ? Tomber dans les bras d’un simple gentilhomme ? À qui ferez-vous croire une telle fable ? Pas à moi, en tout cas.
    Diana avait pâli et serré les dents.
    — Je saurai bien, seigneur duc, vous apporter la preuve de ce que je dis. Chaque nuit, quand vous vous absentez, pour la chasse ou pour vos affaires, la duchesse reçoit Marcello dans sa chambre.
    — Quand je le verrai de mes yeux, je le croirai, repartit sèchement don Juan.
     
    Malheureusement, Diana n’était pas en peine de lui donner la preuve demandée. Un soir, alors que le duc chassait dans les environs, elle accourut, masquée et enveloppée d’une grande cape sombre, l’avertir que sa femme recevait Marcello à cet instant précis.
    Quel mari serait demeuré insensible à pareille déclaration ? Don Juan retourna au château à bride abattue et courut à la chambre de sa femme. Elle était étendue dans son lit et donnait un ordre à l’une de ses femmes. Malheureusement, debout à quelques pas d’elle, regardant distraitement par une fenêtre et attendant visiblement qu’elle eût fini, il y avait Marcello. C’était plus qu’il n’en fallait pour enflammer le duc de fureur. Le cri de terreur poussé par sa femme en le voyant entrer avait d’ailleurs été très significatif.
    D’un ton glacial, ignorant le regard à la fois implorant et terrifié de Violante, don Juan ordonna :
    — Passe dans la chambre à côté,
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