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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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Puis elle m’avait tendu une main délicate chargée de bijoux que j’avais baisée.
     
     
    « Le roi en est à sa sixième épouse, déclara Barak, me tirant de ma songerie, alors qu’à nous deux on n’arrive pas à en dégoter une seule.
    — Ne renonce pas à Tamasin. Tout espoir n’est pas perdu.
    — Je ne vois pas comment, répondit-il en secouant la tête. Mais je ne vais pas baisser les bras. »
    Il s’était rendu plusieurs fois dans les cuisines du palais de Whitehall pour demander à Tamasin de revenir, la suppliant de lui pardonner. Si elle lui avait accordé son pardon, elle refusait de reprendre la vie commune, pour le moment en tout cas, tout en lui promettant de respecter ses vœux de fidélité conjugale, quel que fût le nombre de serviteurs et de courtisans qui s’intéressaient à elle. Voulait-elle faire comprendre à Barak qu’elle était l’une de ces rares – et souvent agaçantes – femmes pour qui toute relation doit lier deux égaux ?
    Quant à moi, la nature de mon désappointement était différente, même si la plaie était toujours à vif. Dorothy n’était pas revenue à Londres. Quelques semaines plus tôt, elle m’avait envoyé une lettre expliquant qu’elle avait acheté une petite maison à Bristol, pour rester près de son fils et de sa fiancée. La lettre se terminait ainsi :
     
    «  En ce qui nous concerne, je comprends les sentiments que tu éprouves pour moi, qui ne s’étaient peut-être jamais estompés et qui ont été revivifiés par la disparition de Roger. Tu t’es conduit en homme d’honneur, Matthew, et, étant donné ton caractère, il n’aurait pu en être autrement. Je devine que tu t’es acharné à retrouver le tueur autant pour me complaire que pour que justice soit faite. Je sais cependant que je ne me remarierai jamais. Je n’en ai pas le droit. Les vingt années que Roger et moi avons passées ensemble avant que cet individu malfaisant ne l’assassine ont été marquées par une félicité dont jouissent peu de couples mariés. Toute autre union ne pourrait en être qu’une pâle copie et cela ne serait juste pour personne.
    « Pardonne-moi et viens nous rendre visite.  »
     
    Alors que je ne l’avais pas officiellement demandée en mariage elle avait deviné mes intentions. Mais pas question d’aller à Bristol, pas tout de suite en tout cas ! Ce serait trop douloureux.
    Nous passâmes en haut de Bucklersbury et je pensai à Guy dans son échoppe. Nous nous étions réconciliés, même si je sentais parfois chez lui une certaine réserve. Allait-il avoir désormais une entière confiance en moi ?
    « Avez-vous obtenu de nouvelles souscriptions pour l’hôpital ? s’enquit Barak.
    — Quelques-unes. Mais j’aimerais recevoir davantage d’encouragements de la part de l’intendant Rowland. Il ne m’a jamais pardonné de lui avoir parlé sèchement, la fois où il t’a empêché d’attraper Cantrell. C’est dommage, car s’il envoyait une circulaire encourageant les membres de Lincoln’s Inn à donner, ils mettraient la main à la poche, chacun cherchant à se montrer plus généreux que ses confrères.
    — Ainsi les miséreux vont continuer à souffrir parce qu’un vieil imbécile bouffi d’orgueil n’accepte pas qu’on lui dise son fait, dit Barak. De toute façon, il en a toujours été ainsi.
    — Tu as sans doute raison, hélas !
    — Un de ces jours, les miséreux vont prendre leur destin en main, affirma-t-il d’un ton sombre, avant de faire un sourire sardonique. Avez-vous osé demander de l’argent à Bealknap ? »
    Nous éclatâmes de rire. Depuis mon retour à Lincoln’s Inn, Bealknap m’avait évité avec soin, s’engouffrant dans des portes et tournant au coin des bâtiments à mon approche. Complètement guéri désormais, il avait repris ses vieilles habitudes et n’avait, bien sûr, envoyé aucun argent à Dorothy ni réglé ses honoraires à Guy pour les soins qui avaient sauvé sa misérable vie. Cependant, vu les grands efforts qu’il déployait pour m’éviter, il devait se sentir gêné, voire coupable, vis-à-vis de moi. La plaisanterie courait dans tout Lincoln’s Inn que Bealknap avait une peur bleue du confrère Shardlake. Il auraitpu aisément résoudre le problème en m’apportant de l’argent pour couvrir les frais de son séjour chez Dorothy et payer sa dette envers Guy, mais il préférait subir n’importe quelle humiliation et se couvrir de ridicule
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