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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes
Autoren: David Camus
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t’arrive-t-il ?
    — Il faut partir, sans plus attendre !
    — Pour aller où ?
    — À Lydda. J’ai trouvé le tombeau de saint Georges ! Je sais où se trouve Crucifère !

63.
    « N’ayez pas peur. »
    (CHRÉTIEN DE TROYES, Guillaume d’Angleterre .)
    Qu’est-ce qu’un cimetière ? C’est un lieu où l’on dort.
    Le mot « cimetière » vient du latin cœmeterium, qui vient lui-même du grec koimêtêrion – qui signifie : « lieu où l’on dort ». Un cimetière, en somme, c’est un dortoir. Il ne faut pas s’étonner, alors, si pour beaucoup de mes contemporains la mort s’apparente à un long et profond sommeil, dont on se réveillera – au choix : quand Il reviendra (1), pour sauver la patrie (2), à la fin des temps (3), ou bien encore, mais c’est moins glorieux, parce qu’un nécromant nous y aura contraint (4). Rien d’étonnant non plus si de nombreux souverains ont souhaité que leur ultime chambre à coucher rivalise de beauté avec les splendides palais où leur vie s’écoula.
    Ainsi, des pyramides égyptiennes au Saint-Sépulcre, en passant par les vastes nécropoles de Rome et les tertres funéraires d’Angleterre, l’Histoire déborde d’exemples de sépultures bien plus belles que des demeures ordinaires.
    Car l’au-delà des rois vaut mieux que l’aujourd’hui des paysans.
    Et après tout, pourquoi pas ? Qu’y a-t-il d’indécent à vouloir défier le temps ? En contemplant ces monuments, c’est son avenir qu’un peuple admire – ce qui lui survivra. Les pharaons sont morts, mais leurs tombeaux sont toujours là.
    Jésus succomba, mais le tombeau où il séjourna – brièvement, il est vrai – peut se visiter.
    D’autres n’ont pas de tombe. Logiquement, leur trépas fait débat. Car être mort c’est être mis dans une tombe ; et inversement. Ainsi du terrifiant calife d’Égypte al-Hakim, ou de certains imams adorés par les chiites. Pour vivre toujours, du moins sous forme légendaire, il faut donc s’abstenir d’être mis en terre.
    Disparaissons.
    Mieux. Partageons le destin d’Alexandre le Grand, pour la dépouille duquel Ptolémée bâtit un tombeau prodigieux que nul n’a jamais découvert.
    Quoi de plus beau qu’une tombe imaginaire ?
    Une mort imaginaire ?
    Amaury galopait en tête de ses cavaliers, Guillaume et Alexis de Beaujeu chevauchant juste après lui, dans les sabots de Passelande. Depuis qu’il avait essayé, au Saint-Sépulcre, son cercueil, il se cherchait une épitaphe. Quelque chose comme : « Je dors. F-f-foutez-moi la paix. »
    Mais le fait d’aller, enfin, fouler la terre du tombeau de saint Georges – ça, c’était excitant !
    — Je suis t-t-tout content ! lança-t-il au paysage, sans se soucier des paysans au bras coupé qu’il croisait, à intervalles réguliers. Hâtons-nous ! s’exclama-t-il en talonnant Passelande.
    Alexis de Beaujeu, qui chevauchait Iblis, était le seul à ne pas se laisser distancer malgré l’âge avancé de l’étalon que lui avait offert Morgennes. Les autres chevaliers, à cause du poids de leur armure, du manque de souffle de leur destrier, voire des deux, disparaissaient peu à peu à l’horizon, masqués par les nuages de poussière que produisaient Passelande et Iblis.
    — Majesté, dit Alexis de Beaujeu à Amaury une fois qu’il l’eut rattrapé, vous devriez ralentir…
    — En voilà une idée ! s’exclama Amaury. Et p-p-pour-quoi ?
    — Vous n’aimeriez pas arriver seul à cette tombe.
    — Craindrais-tu que j’offusque saint Georges ?
    — Non, Majesté. Je crains seulement pour votre vie. Et la région grouillant d’espions, je n’aimerais pas que cette tombe soit, en plus de celle d’un saint que j’adore, celle de mon souverain.
    — Merci, mon bon Alexis. Mais cette « tombe », comme tu dis, est trop b-b-belle pour moi. Je n’y mourrai pas, je le sais.
    — Sire…
    — En p-p-plus, ce n’est pas une « tombe », mais un tombeau.
    — Sire, pardon, mais je ne comprends pas.
    — Une « tombe », mon cher Alexis, c’est bon pour le commun des mortels. Pour toi, pour moi… Une tombe, ce n’est qu’un panneau sur un trou. Mais un « t-t-tombeau » ! Cela te pose un homme ! Un tombeau, c’est un monument.
    Alexis n’était pas sûr d’avoir saisi la nuance. Surtout, il se demandait pourquoi le roi se disait si peu digne d’un tombeau – si une telle chose était mieux qu’une tombe.
    Puis il repensa à
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