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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand
Autoren: Philippe Séguin
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valeur et la générosité de son inspiration, le priver du crédit de tout ce qui a été fait de grand sur son initiative et expliquer — tout de même — comment un tel individu a pu parvenir au pouvoir suprême en surmontant ou en contournant tous les obstacles — parcours d'autant plus méritoire que sa position de départ était plus que précaire.
    Rien, du coup, vraiment rien ne lui aura été épargné. Et comme s'il ne suffisait pas de lui reprocher encore l'origine de son pouvoir et les conditions de sa chute, il fallut qu'on lui cherchât aussi querelle sur la légitimité de sa naissance, querelle qui n'est pas encore complètement éteinte.
    Officiellement, Charles-Louis Napoléon Bonaparte est le troisième enfant, né à Paris, au 17 de la rue Laffitte, alors rue Cerutti, dans la nuit du 20 au 21 avril 1808, de Louis, roi de Hollande, frère cadet de Napoléon, et d'Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine.
    L'enfant fut baptisé le 5 novembre 1810 au palais de Fontainebleau. L'empereur était son parrain et l'impératrice Marie-Louise sa marraine. Le père était absent à la cérémonie. Il y avait là dequoi alimenter les ragots. C'était plus que probablement le but recherché.
    Louis, qui régna de 1805 à 1810, avait trente ans à la naissance de son troisième fils. Il avait tous les défauts des Bonaparte sans avoir beaucoup de leurs qualités. Mal remis des séquelles d'une maladie galante, souffrant d'une très grave affection de la moelle épinière, il était quasi impotent. Son caractère, franchement neurasthénique, s'en trouvait encore altéré, à tel point que ses proches le décrivent jaloux, soupçonneux, emporté. Sa scandaleuse abstention au baptême de son fils était donc bien dans sa manière.
    Pourtant, Louis Bonaparte, tout compliqué et imprévisible qu'il fut, mérite probablement mieux que l'indifférence ou l'opprobre qu'il suscita. Il fut une double victime: victime de la maladie, qui empoisonna sa vie, et victime d'une destinée démesurée. Il chercha inconsciemment à se venger d'un sort injuste en s'ingéniant à rendre ceux qui le côtoyaient aussi malheureux qu'il l'était lui-même. Et se croyant persécuté, il persécuta, rabrouant les quelques poussées d'affection qu'il pouvait susciter. Car il savait être attachant et n'était pas dépourvu de talents, de sensibilité, et même de bon sens. Sa correspondance avec Louis Napoléon, parvenu à l'âge d'homme, en témoigne. Il sut parfois le conseiller et lui éviter des erreurs, même s'il prenait surtout plaisir à le morigéner.
    La haine qu'il voua à son épouse, et dont il s'acharna à lui donner constamment des preuves, ne parvint pas à dissimuler l'admiration, l'envie et peut-être même l'amour qu'elle lui inspira. Quant à Louis Napoléon, si le roi de Hollande parut si souvent — et dès les premiers jours — le considérer comme le fils d'un autre, il se comporta à son égard, tout compte fait, en père relativement attentionné. Louis Napoléon n'eut certes pas pour lui l'adulation qu'il devait vouer à sa mère. Mais on se tromperait lourdement en pensant qu'il n'a pas subi, d'une certaine manière, son influence.
    Mariage mal assorti, il faut bien le dire, que celui de Louis Bonaparte et d'Hortense, âgée d'à peine dix-neuf ans au moment des noces. Mariage voulu par l'empereur et inspiré, dit-on, par Joséphine, dont le peu d'espoir d'être mère d'un héritier au trône commençait à menacer la situation. Hortense et Louis se résignèrent à l'union, mais ne parvinrent jamais à en faire un ménage. A en croire Louis lui-même, depuis le 4 janvier 1802 — jour deleur mariage — jusqu'au mois de septembre 1807, ils ne demeurèrent ensemble « qu'un espace d'à peine quatre mois, à trois époques séparées par de longs intervalles ».
    Plus le temps passe, en tout cas, plus les relations entre les deux époux se tendent; à un point tel que Napoléon lui-même s'en inquiète. Dans une lettre du 4 avril 1807, l'empereur reproche à son frère d'agir à contre-emploi aussi bien dans son ménage qu'à la tête de son royaume: « Vos querelles avec la Reine percent aussi dans le public. Ayez dans l'intérieur ce caractère paternel et efféminé que vous montrez dans le Gouvernement et ayez dans les affaires ce rigorisme que vous montrez dans votre ménage. Vous traitez une jeune femme comme on mènerait un régiment. »
    Il faudra un drame qui les touche également
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