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Lettres

Titel: Lettres
Autoren: Frida Kahlo
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lisant. Tantôt elle a la plume facile, se répand, se répète, inlassablement   ; tantôt elle pèse ses mots, joue avec, les réinvente. Elle est mexicaine et c’est en Mexicaine qu’elle s’exprime. Certains mots, riches de références dans la langue originale, n’ont pas été traduits. Lin glossaire permettra d’en comprendre le sens.
    Elle joue aussi avec sa vie, à tous les sens du terme, s’autorise quelques écarts chronologiques, modifie sa date de naissance, mais aussi son prénom dont elle avait coutume de germaniser l’orthographe (Frieda). Parfois aussi elle l’occulte, comme dans sa correspondance avec Miguel N. Lira, où elle est Rebeca (ou R)   ; pour son amant José Bartolí, pour le poète Carlos Pellicer, elle signe Mara   ; pour Nickolas Muray, elle est aussi Xochitl   ; et pour Diego Rivera, parfois, elle devient Fisita.
    Ses lettres sont majoritairement destinées à ses intimes. Elles fourmillent de références, de sous-entendus, parfois de secrets difficiles à élucider. Il fallait en aider la lecture. L’appareil critique (les notes de bas de page ainsi que les références onomastiques accompagnées de brèves notices biographiques et la chronologie réunies en fin de volume) a été conçu à partir des notes de Raque   ! Tibol, auxquelles ont été ajoutées certaines informations qui pourraient avoir échappé au lecteur français.
     
    Christilla Vasserot

Souvenir
    J’avais souri. Rien d’autre. Mais la clarté fut en moi, et dans les profondeurs de mon silence.
    Il me suivait. Comme mon ombre, irréprochable et légère.
    Un chant sanglota dans la nuit…
    Les Indiens s’éloignaient, sinueux, dans les ruelles du village. Enveloppés dans leurs sarapes , ils avançaient, dansant, après avoir bu du mezcal. Toute la musique tenait dans une harpe et une guitare, et toute la joie tenait dans les brunes souriantes.
    Dans le fond, derrière la place, brillait la rivière. Qui s’en allait, comme les minutes de ma vie.
    Il me suivait.
    J’ai fini par pleurer. Recroquevillée sur les marches de l’église, à l’abri sous mon châle soudain baigné de larmes.
     
    El Universal Ilustrado,
    30 novembre 1922

Message pour Isabel Campos (1)
    Ma frangine ou tout comme,
    Dis-moi quand tu vas venir te baigner à coup sûr pour aller te chercher.
    Excuse d’avoir attendu aujourd’hui pour t’envoyer la culotte , mais c’est que la bonne n’avait pas eu le temps d’aller te l’apporter…
    Toi et moi, c’est à la vie à la mort. D’accord   ?
    Ta souveraine copine,
     
    Frieda

Lettre à Alejandro Gómez Arias (5)
    15 décembre 1922
     
    Alejandro,
    Je suis désolée pour ce qui t’est arrivé (6) , reçois du fond du cœur, vraiment, toutes mes condoléances.
    Tout ce que je te conseille, en tant qu’amie, c’est d’avoir assez de force de volonté pour supporter les peines que Dieu Notre Seigneur nous envoie pour nous mettre à l’épreuve de la douleur, car nous venons au monde pour souffrir.
    J’ai ressenti ta peine au plus profond de moi et je demande à Dieu de te donner la grâce et la force suffisantes pour te résigner.
     
    Frieda

Lettre à Miguel N. Lira (7)
    Mexico, le 13 mai 1923
     
    Chong Lee,
    J’ai reçu ta petite carte et tu n’imagines pas à quel point ça m’a fait plaisir de voir que tu te souviens de ta frangine qui ne t’oublie surtout pas.
    J’ai beaucoup regretté de ne pas t’avoir dit au revoir, mais je ne savais même pas que tu allais mieux et que tu partais pour finir de guérir. Tu m’as beaucoup manqué   : il n’y a plus personne pour me raconter des histoires et me faire rire comme tu sais si bien le faire. Tu connais Alejandro, comme il est sérieux, et Chuchito pareil. Tu nous manques beaucoup à tous. Pourvu que Dieu m’accorde ce que je lui demande   : que tu reviennes vite et en pleine forme à Mexico.
    Rebeca (8) doit être bien triste pour toi, et toi de même, pas vrai   ? Mais quand tu reviendras, elle retrouvera le sourire.
    Ton absence se fait sentir dans le groupe, toi qui étais toujours si joyeux, surtout quand tu chantais. Discutían Manolo y su prima naná … Il n’y a plus personne pour chanter ces chansons qui nous amusaient tant.
    Écris-moi plus longuement, raconte-moi ce que tu fais à Tlaxcala   ; sur la carte postale, ça a l’air très joli. Amelia m’a demandé ton adresse, plusieurs garçons aussi, mais je l’ignorais puisque tu ne m’avais pas encore écrit.
    La vieille
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