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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu
Autoren: Jean Markale
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différence
entre ce que les scientifiques contemporains qualifient de Cause première (par exemple, le fameux big-bang) et
ce que l’on doit se résoudre à appeler le Démiurge ,
c’est-à-dire l’organisateur, celui qui met en ordre un univers créé par une
autre énergie. Et, dans la plupart des traditions mythologiques, il est bien
évident que le Démiurge n’est pas forcément la Cause première . Sauf peut-être dans la Genèse
hébraïque où Iahvé semble jouer tous les rôles.
Encore faut-il être prudent sur ce point, car il est bien spécifié, selon la
traduction d’André Chouraqui – la plus conforme à la mentalité juive – que « en
tête, Élohîm créait les ciels et la terre, la terre était tohu et bohu, une “ténèbre”
sur les faces de l’abîme, mais le souffle d’Élohîm planait sur la face des eaux »
( Gen. I, 1-2 ). Élohîm est donc incontestablement un créateur, mais les versets suivants nous montrent
qu’il est aussi un démiurge, puisqu’il sépare la lumière de l’obscurité, les
eaux de la terre, le sec de l’humide, et ainsi de suite ( Gen. I, 3-31 ), jusqu’à l’organisation du jardin d’Éden
et la création de l’Adam primordial. Mais faut-il oublier pour autant que le
nom hébreu Élohîm est un pluriel, même si la
plupart des traducteurs le considèrent, sans doute parce que cela gêne leurs
convictions, comme une appellation singulière et conventionnelle ?
    C’est là que repose toute l’ambiguïté du texte biblique, témoignage
remarquable d’une très lointaine préhistoire mais réduit, au temps de Moïse, à
sa plus simple expression, c’est-à-dire à des structures symboliques
essentielles dont nous ignorons – ou avons oublié – le code d’accès. Et cela
pose évidemment la question de savoir si Élohîm désigne la même entité divine que Yahvé , le
terme Adonaï , « seigneur », n’étant
qu’un qualificatif chargé de respect et de crainte, pouvant s’appliquer à n’importe
qui. Il faut reconnaître qu’il n’y a aucune réponse satisfaisante à cette
question. Tout au plus peut-on comparer ce récit biblique de la création avec d’autres
récits répandus à travers le monde et qui témoignent tous de la même recherche
désespérée des origines, et surtout du sens profond de cette création. Si la
science se refuse à prendre en considération la finalité ,
parce qu’elle est insaisissable et impossible à définir, l’être humain, en son
âme et conscience, ne peut se satisfaire d’une simple causalité : par
essence, il veut savoir dans quel but il existe. Or, la plupart des systèmes
religieux, ceux des siècles passés comme ceux d’aujourd’hui, en sont réduits à
ne répondre à cette question primordiale que par des spéculations intellectuelles
qui sont autant d’hypothèses heuristiques. Autrement dit, on ne sait jamais
jusqu’où peut mener une telle exploration, non seulement de la psychologie
individuelle mais aussi de l’inconscient collectif répercuté, depuis des
millénaires, par les générations successives et enfoui à tout jamais dans une mémoire
ancestrale qu’il est bien difficile de tenir pour négligeable.
    Alors, qu’en est-il de ces Élohîm dont l’expression est incontestablement marquée par le pluriel ? Une fois
de plus, la réponse n’est pas dans la Bible hébraïque : elle y est
seulement sous-tendue, la référence se trouvant dans les textes babyloniens ou
sumériens dont l’antériorité n’est plus à démontrer. L’archéologie
assyro-babylonienne a mis en évidence des êtres multiformes (généralement
effrayants) intermédiaires entre le divin et l’humain, dotés de noms divers et
constituant ce qu’on appelle des démons , d’un
terme grec signifiant « esprits doués de pouvoirs surnaturels ». Les
Romains, pragmatiques et matérialistes à l’excès, parlent de numina (singulier numen ,
du genre neutre), désignant des forces présentes entre le visible et l’invisible.
C’est sur ce concept antique que s’est, semble-t-il, construite, par la suite, la
notion chrétienne d’ ange , avec toute la
hiérarchie symbolique qui a été élaborée autour de ce thème.
    Si l’on comprend bien le terme d’ Élohîm ,
apparaissant très tôt dans les premiers versets de la Genèse, il s’agit non
seulement du Yahvé créateur de l’univers, mais
de toutes les entités, matérielles ou spirituelles, générées par ce créateur
mystérieux
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