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Les proies de l'officier

Les proies de l'officier

Titel: Les proies de l'officier
Autoren: Armand Cabasson
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recommandé à moi, d’où votre présence ici. Le secret est l’un des points clés de cette affaire ! Si vous acceptez cette lourde responsabilité et que des indiscrétions soient commises, vous serez fusillé avant même que l’on ait eu le temps de désigner les officiers qui feront passer votre cadavre en cour martiale.
    Margont se demanda qui pouvait être ce « on » auquel il devait cette sympathique convocation.
    — Si vous réussissez, vous passerez chef de bataillon. Et vous toucherez d’emblée une dizaine d’années de solde.
    Margont s’entrevit dans un petit hôtel particulier à Nîmes ou à Montpellier... Son interlocuteur poursuivit.
    — Tout cela sera justifié par des motifs divers, cette mission ne sera jamais évoquée. Acceptez-vous ?
    — C’est que Votre Altesse ne m’a pas...
    — Je vous remercie pour ce « oui » franc et sans réserve, je savais que l’Empire pouvait compter sur vous. Voici en quelques mots toute cette méchante affaire. Hier soir, à Tresno, petit bourg polonais situé près du Niémen, une femme a été assassinée dans sa chambre. Elle s’appelait Maria Dorlovna. C’était une Polonaise d’origine allemande. Son meurtre fut une terrible boucherie. Si l’histoire s’arrêtait là, on ne m’aurait même pas informé de ce crime et la prévôté serait en train de mener une enquête. Le problème, c’est qu’il est possible que le coupable soit un officier servant dans le corps d’armée dont j’ai l’honneur d’assumer le commandement.
    Margont reçut la nouvelle avec un aplomb qui plut au prince autant qu’il l’étonna.
    — Quel calme, capitaine ! Vous semblez à peine surpris. Ce ne serait pas vous par hasard ? Cela me simplifierait grandement la vie.
    — Hélas, à mon grand regret, je suis obligé de décevoir Votre Altesse.
    — Impertinent ! Il est vrai que celui qui vous recommande m’avait averti de ce déplaisant trait de caractère. Je vous avoue que cela m’a fait hésiter à vous choisir.
    « Pas assez, hélas », pensa Margont.
    — Mais je me suis dit que nombre de nos plus grands officiers étaient l’incarnation même de l’impertinence. Murat ! Qui charge en tête de ses escadrons et se prend parfois pour une avant-garde à lui tout seul. Et Ney ? Le grand Ney ! Qui est partout à la fois dans les batailles et se précipite toujours vers le feu le plus violent comme les papillons vers la lumière. Et Lasalle ! Qui traitait de jean-foutre tous les hussards qui n’étaient pas morts avant l’âge de trente ans. Il s’est d’ailleurs appliqué son précepte à Wagram, avec à peine quelques années de retard. Et à l’origine de tous ces héros et de l’Empire, n’y a-t-il pas la plus vaste, la plus osée de toutes les impertinences ? Celle du peuple français qui a décrété la république. En France, l’insolence, ce n’est pas un défaut, c’est une médaille ! Cela dit, elle est pareille aux alcools forts, elle monte rapidement à la tête et fait commettre des impairs, alors n’en abusez pas.
    Le prince croisa les bras et fixa Margont droit dans les yeux.
    — Je suppose que votre trait d’esprit était une habile manoeuvre pour m’inciter à éliminer votre candidature forcée. C’est astucieux, mais c’est surtout raté. Loin de me décourager, vous me confortez dans mon choix. Donc, disais-je, il semblerait que l’assassin soit l’un de mes officiers.
    Le prince exposa à Margont la course sur les toits et le face-à-face entre la sentinelle et le fugitif.
    — La sentinelle s’est mise au garde-à-vous ? Êtes-vous sûr de cela ? s’étonna Margont.
    Eugène se figea tandis que son front se plissait. On sentait qu’il aurait donné cher pour pouvoir dire le contraire de ce qu’il devait annoncer.
    — J’en suis certain grâce au témoignage d’une autre sentinelle qui était trop éloignée pour intervenir, mais qui a aperçu toute la scène. Le soldat poignardé avait le grade de sergent-major. Un sergent-major ne se serait pas mis brutalement au garde-à-vous devant un supérieur immédiat qui venait de sauter d’un toit, qui n’arborait pas une tenue réglementaire et qui n’était pas de service. Non, au vu de sa réaction et de son empressement, il a certainement reconnu un officier. Au moins un capitaine, ou peut-être quelqu’un de plus gradé encore... Eh bien, capitaine Margont, cessez donc de faire cette tête. On jurerait que vous ne m’écoutez
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