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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus
Autoren: Christian Bernadac
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médecin demandait au prisonnier s’il était bien portant et sans tenir compte de la réponse l’expédiait aussitôt. Des bains, les prisonniers étaient conduits dans une autre cour où se trouvaient deux grands tas d’uniformes de prison en toile rayée. Les prisonniers devaient les enfiler en courant et se mettre immédiatement en rangs dans la cour d’appel. Avec ce système de répartition des vêtements, un homme grand recevait parfois une veste qui ne lui couvrait que la moitié du torse tandis qu’un prisonnier de petite taille était affublé d’un vêtement beaucoup trop grand. Il en était de même des chaussures. On comprend que dans ces conditions les prisonniers qui pourtant étaient arrivés dans le même groupe, avaient de la peine à se reconnaître.
    — Heureux ceux pour qui les formalités avaient été terminées en un jour, car ils avaient la chance de passer la nuit sous un toit. Si au contraire le convoi arrivait à Auschwitz dans l’après-midi, les prisonniers, auxquels bien souvent on avait pris tout ce qu’ils avaient, passaient la nuit nus à la belle étoile, quels que soient la saison et le temps. Il arrivait donc souvent, surtout en hiver, que de nombreux prisonniers ne puissent supporter cette épreuve et meurent dès cette première nuit passée au camp. Pendant toute la durée des formalités, les prisonniers ne recevaient absolument rien à manger ni à boire…
    — Les formalités d’enregistrement terminées, les prisonniers étaient chassés dans le camp-quarantaine, où quelquefois ils devaient rester jusqu’à huit semaines. C’était une période durant laquelle la résistance physique du futur esclave était mise à l’épreuve. Elle était organisée de telle façon que seuls les mieux portants pouvaient la supporter…
    — Dans les baraques dont chacune était prévue pour 52 chevaux, et destinée théoriquement à quelque 300 prisonniers, on entassait plusieurs centaines et quelquefois même plus d’un millier de malheureux, sur des bat-flanc à deux étages, sans paillasse, sans couvertures, à même les planches. Lorsque les places venaient à manquer, les détenus passaient la nuit dehors. Le jour, on les torturait en les astreignant à des travaux meurtriers comme creuser des fossés et assécher les marécages sur le terrain de la quarantaine, ou bien on les forçait à rester sans rien faire, pieds nus sur la place d’appel, de 4 h 30 du matin jusque tard dans la soirée, quels que fussent la saison et le temps. Mais le pire était le « sport » et la « gymnastique ».
    — Pendant la quarantaine on enseignait aux prisonniers à se mettre en rangs de cinq, à s’aligner comme des soldats, à se découvrir sur l’ordre du gardien et à marcher. Ils y étaient bien vite « familiarisés », car l’enseignement était inculqué à coups de bâtons. Pendant les heures de « sport » les prisonniers, entourés et battus par les S.S. et les Kapos, devaient sauter accroupis, danser les mains levées, ou courir pieds nus sur le gravier de la cour d’appel. Beaucoup de ces malheureux n’avaient plus de force dès les premières heures.
    — Les Kapos les traînaient à l’écart, où Léo, le supérieur du camp, les achevait en leur enfonçant un bâton dans la bouche. Ceux qui ne couraient pas avec assez d’entrain étaient saisis et conduits par un S.S. derrière le block 8, où il les tuait. La moindre tentative de redresser le corps pendant l’exercice de la « grenouille » était punie de coups de pied et de bâton. On ordonnait aux prisonniers, vêtus seulement d’une chemise, de se rouler par terre pour exiger ensuite qu’au bout d’une demi-heure elle soit lavée et propre, sans qu’on leur ait donné ni eau ni savon.
    — Beaucoup de prisonniers mouraient pendant la « gymnastique » et le « sport ». Les autres étaient blessés, leurs pieds étaient meurtris et enflés d’avoir couru sans arrêt sur du gravier, des barbelés et des clous.
    — À midi, les prisonniers devaient se présenter à l’appel qui durait 45 minutes. Après le quart d’heure accordé pour la soupe, les S.S. les faisaient ranger sur la place d’appel et leur apprenaient de banales chansons allemandes, telles que « O du mein Bubikopf » ou « Im Lager Auschwitz war ich zwar so manchen Monat, so manches Jahr ». On rassemblait tous les Juifs pour leur faire chanter « O du mein Jerusalem » – chanson qui raillait leur
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