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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor
Autoren: Juliette Benzoni
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l’attelage. Ce fut à lui que s’adressa le lieutenant du roi :
    — Voici le prisonnier que je vous remets, monsieur. Ayez-en grand soin car il nous a été chaudement recommandé comme étant particulièrement dangereux.
    — Soyez sans crainte ! Il ne nous échappera pas. Montez, monsieur.
    Un instant plus tard, assis à côté de l’officier à l’intérieur de la voiture dont les ouvertures étaient obstruées par des grilles de fer et des mantelets de cuir, Tournemine entendait résonner sous les roues ferrées les planches des deux ponts-levis. Il se tourna vers son compagnon.
    — Êtes-vous autorisé à me dire, monsieur, où vous me conduisez ?
    Mais il n’y eut pas de réponse. Apparemment, son compagnon n’était même pas autorisé à lui parler et le prisonnier sentit une vague angoisse lui serrer le cœur. Des histoires entendues jadis dans les cantonnements lui revenaient en mémoire, de prisonniers pour lesquels la Bastille était jugée trop douce et que l’on emmenait vers ces donjons de l’oubli et de la désespérance que l’on nommait Pignerol, ou Pierre-Encize. En ce cas, l’émissaire de Provence ne le retrouverait pas et Dieu seul pouvait savoir ce qu’il adviendrait de sa petite épouse… Mais pourquoi se donnerait-on tant de mal pour un homme qui n’avait fait, somme toute, que rendre un léger service à un prélat malheureux ? À moins que ce ne fût Provence lui-même qui eût trouvé ce moyen de le séparer de son fidèle Pongo et de s’assurer une influence plus complète encore sur son sort et sur sa vie ?
    Incapable de répondre à ces questions, Tournemine s’installa le plus commodément qu’il put dans son coin, ferma les yeux et s’efforça de se rendormir. Le sommeil lui avait toujours paru la meilleure manière d’abréger un temps trop long et le meilleur refuge contre les idées noires.
    La voiture, à présent, roulait à vive allure sur un grand chemin, environnée par le martèlement des sabots des chevaux lancés au galop. Il n’y avait rien à voir du paysage et puis la forte odeur de tabac que dégageait son compagnon servait tout juste à faire regretter au jeune homme sa chère pipe demeurée dans sa prison.
    1 .  Les murs avaient deux mètres d’épaisseur.
    2 .  Voir le Gerfaut des brumes , tome II : Un collier pour le diable .
    3 .  Voir le Gerfaut des brumes , tome I.
    4 .  Voir le Gerfaut des brumes , tome II : Un collier pour le diable .
    5 .  Voir le Gerfaut des brumes , tome I.

CHAPITRE II
    LE CŒUR D’UN ROI…
    En dépit de ses efforts, Gilles ne réussit pas à retrouver le sommeil. La chaleur était étouffante, dans cette voiture trop bien close et, s’il endurait aisément le froid, le chaud, la faim, la soif et la souffrance, le manque d’air lui avait toujours été intolérable. Heureusement, le voyage ne dura pas trop longtemps : un peu plus d’une heure. L’attelage et son escorte semblaient aller comme le vent.
    Quand enfin il s’arrêta, le prisonnier savait, bien avant d’apercevoir par la portière ouverte les dalles noires et blanches de la cour de marbre, que l’on était à Versailles : les horloges familières de l’église Notre-Dame et de la cathédrale Saint-Louis sonnant deux heures à sa droite et à sa gauche l’avaient déjà renseigné. Les bruits nocturnes de cette ville lui étaient aussi connus que ceux du palais où tant de nuits déjà il avait assuré son service. Restait à savoir chez qui on le menait.
    Il eut tout juste le temps de se poser la question. Son muet compagnon, après l’avoir fait descendre, ne le dirigeait pas vers le grand vestibule où veillaient les Suisses mais le faisait pénétrer dans la salle des gardes sur laquelle s’ouvrait un petit escalier qu’il connaissait bien et que l’on nommait le Degré du roi. Cet escalier conduisait aux cabinets intérieurs de Sa Majesté puis, plus haut, à ses petits appartements.
    À sa grande surprise, on ne rencontra personne, ni dans la salle des gardes ni dans le Degré. Tout cela était désert… ce qui était parfaitement inhabituel. Où donc étaient ceux dont le devoir était de veiller aux portes des appartements royaux ?
    Mais, en arrivant sur le palier où s’ouvraient les cabinets d’artillerie, des plans et de géographie, le prisonnier vit qu’un homme seul y faisait les cent pas, que cet homme était un Suisse et que ce Suisse était le baron Ulrich-August von Winkleried zu Winkleried, son meilleur
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