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Le retour de la mariée

Le retour de la mariée

Titel: Le retour de la mariée
Autoren: Geralyn Dawson
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malheur les êtres qui lui étaient les plus chers.
    Elle avait pris le train pour se rendre à Fort Worth, le repaire où Logan Grey savourait ses victoires entre deux expéditions. A peine sortie de la gare, elle s’était presque évanouie en l’apercevant, qui flânait dans la rue. Dans un premier mouvement, elle avait voulu se cacher pour éviter de le rencontrer tout de go, sans s’être préparée. Mais poussée par la curiosité, elle l’avait suivi jusque dans le hall de la banque, en prenant soin de ne pas se montrer à lui, pour éviter des retrouvailles publiques. Deux minutes plus tard, la nécessité de l’action l’avait contrainte à se mettre en avant, et même à se jeter dans ses bras !
    Mais ce goujat ne l’avait pas reconnue. Leurs regards s’étaient croisés, ils avaient dialogué, elle lui avait tripoté la ceinture pour sortir de son pantalon un pan de chemise, et il ne l’avait toujours pas reconnue !
    A la première occasion, elle s’était enfuie pour rejoindre son hôtel et s’enfermer dans sa chambre. Là, elle n’avait retrouvé son calme qu’après avoir répété pendant vingt minutes au moins ses exercices de relaxation.
    Logan l’exaspérait. Elle aurait bien voulu lui dire en face, à cet enjôleur de quatre sous, quel chien puant, quelle vermine il était. Mais en lui disant son fait, elle aurait ruiné ses projets. Elle garderait donc sa rancœur pour elle.
    Pour le moment, elle lissait machinalement sa serviette enpassant en revue la liste des demi-vérités et des mensonges éhontés qu’elle s’apprêtait à débiter d’abord au cours de cette rencontre entre femmes, ensuite au cours de celle qui aurait lieu ce soir. Rien ne l’avait préparée à duper son monde. Ben, son père d’adoption, disait souvent que son excessive sincérité pouvait lui nuire. Mais aujourd’hui elle était prête à mentir, à tricher, à voler pour atteindre son but. Elle avait déjà perdu un membre de sa famille. Elle n’en perdrait pas deux.
    Avec le thé, la serveuse lui apporta de la tarte aux fruits. Dès la première gorgée, la magie du souvenir la ramena dans la cuisine de Ben et Suzanne Whitaker, un dimanche après-midi, peu après qu’ils l’avaient embauchée pour assister Suzanne pendant sa convalescence, après un accident de cheval. Suzanne, encore très faible, buvait du thé en lui faisant le récit de son entrée dans le monde, qui n’avait rien de banal.
    — Je ne suis pas fière de ce que j’étais, Caroline, lui avait-elle confié. J’ai des regrets, bien des regrets. Personne ne m’a obligée à faire partie du gang du Soleil levant. Personne ne m’a mis un fusil dans les mains en me disant : « Attaque ce train et va te planquer dans le canyon du Fantôme noir. » Je l’ai fait par goût des sensations fortes, pour l’argent, et surtout parce qu’à ton âge j’étais si sauvage que je ne pouvais pas me retenir. Avec le temps, j’ai compris ma méchanceté et maintenant, j’essaie de me corriger. Mais pour Ben, je le referais sans hésiter. Il faut croire que je ne suis pas encore devenue vraiment honnête. Je l’aime tellement, tu sais !
    — Moi aussi, je l’aime, murmura Caroline en alignant machinalement les pièces d’argenterie.
    Il ne s’agissait plus à présent d’attaquer un train ou de commettre un vol, mais de mentir pour sauver une vie. Elle s’apprêtait à proférer un mensonge impardonnable peut-être, mais ce n’était pas très grave lorsque l’on considérait celui qui en serait victime. Logan Grey lui devait beaucoup et elle était là pour se faire rembourser sa dette.
    Wilhelmina Peters fit alors une entrée remarquée dans le restaurant, houspillant le groom, en familière des lieux.
    — Hors de mon chemin, freluquet ! Respectez la canne que je porte, à défaut de mes cheveux blancs !
    Précédée d’une poitrine prodigieuse, elle faisait voile vers sa destination, tel un navire de haut bord. Le chapeau dernier cri qui couronnait sa coiffure sophistiquée était parfaitement assorti à sa robe de printemps vert pâle et rose. En se levant pour l’accueillir, Caroline se sentit terne et démodée.
    Les politesses d’usage échangées, Mme Peters, dont les yeux bleus scrutaient en permanence son interlocutrice, alla droit au but.
    — Vous envisagez donc de consacrer une pleine page à Lucky Logan Grey, madame Whitaker ?
    Caroline avait en effet emprunté le nom de Ben, pour plus de commodité.
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