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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle
Autoren: Robyn Young
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pensant que l’ennemi terrifié s’enfuyait, les
pourchassèrent en hurlant.
    Deux
collines bordaient le côté ouest de la plaine. Elles n’étaient pas très hautes,
mais assez abruptes, et formaient une sorte de gorge. Baybars et ses hommes
plongèrent dans l’ouverture en cravachant frénétiquement, et les cavaliers de
l’avant-garde mongole y pénétrèrent à leur suite, traversant les nuages de
poussière suffocants soulevés par les chevaux mamelouks. Le reste de l’armée
mongole s’engouffra elle aussi dans le défilé. Leur passage fit trembler les
parois et ils reçurent une douche de roches et de sable. Sur un signal de
Baybars, le régiment bahrite ralentit sa course et fit demi-tour pour former un
barrage devant les Mongols. Soudain retentit un vacarme de cors et de tambours.
    A
contre-jour, dans l’éclat du soleil, une silhouette venait d’apparaître sur une
des hauteurs qui surplombaient la gorge. Cette silhouette, c’était celle de
Qutuz. Et il n’était pas seul. A ses côtés, dominant la scène, des milliers de
cavaliers, d’archers et de lanciers étaient alignés. Chaque régiment était
identifié par une couleur : pourpre, écarlate, orange, noir. Comme si les
collines avaient revêtu un immense patchwork cousu d’un fil d’argent, partout
où des lances ou des heaumes scintillaient à la lumière du soleil. Postés en
attente, les hommes de l’infanterie portaient des épées, des massues et des
arcs, et un corps de mercenaires bédouins et kurdes, peu nombreux mais
impitoyables, ajoutait à la force principale deux ailes hérissées de pointes
longues de vingt centimètres.
    Maintenant
que les Mongols étaient pris au piège de Baybars, il ne lui restait plus qu’à
resserrer l’étau.
    Avec
les cors, les Mamelouks lancèrent un cri de guerre retentissant et le
grondement de leurs vociférations parvint même à couvrir momentanément la
pulsation des tambours. La cavalerie mamelouke chargea. Dans la descente, des
chevaux tombèrent en soulevant des volutes de fumée. Les cris des cavaliers
malheureux se perdaient dans le bruit de tonnerre des sabots contre le sol. Les
autres se précipitaient sur leurs cibles tandis que deux régiments écumaient la
plaine d’Ayn Djalut pour rabattre le reste des forces mongoles dans le passage.
Baybars fit tournoyer son épée au-dessus de sa tête et se lança en hurlant dans
la mêlée. Les hommes du régiment bahrite reprirent son cri.
    —
Allahu Akbar ! Allahu Akbar !
    Les
deux armées se rencontrèrent dans une tempête de poussière, de clameurs et de
bruits métalliques. Dès les premières secondes, des centaines d’hommes périrent
dans les deux camps et leurs corps s’entassèrent sur le sol, où ils devinrent
des obstacles pour ceux qui restaient debout. Les chevaux se cabraient et
projetaient leurs cavaliers dans le chaos. Les hommes à l’article de la mort
poussaient des râles en crachant du sang.
    Les
Mongols étaient réputés pour leurs talents de cavaliers, mais la gorge était
trop encaissée pour qu’ils puissent manœuvrer efficacement. Pendant que les
Mamelouks s’enfonçaient avec férocité dans l’armée ennemie, la ligne de
cavalerie bédouine empêchait ses troupes de tête de les prendre à revers. Les
flèches sifflaient depuis les collines et, de temps à autre, une boule de feu
orange explosait au milieu de la mêlée - des pots d’argile remplis de naphte
enflammée. Les Mongols atteints par ces projectiles s’embrasaient comme des
torches et poussaient des cris atroces. Leurs chevaux s’affolaient, propageant
le feu et la confusion dans les rangs.
    Plongeant
dans le chaos, Baybars imprima à l’un de ses sabres un mouvement circulaire
particulièrement l’air, et déjà les charognards triomphaient dans le ciel. Les
morts étaient entassés pêle-mêle. Au milieu des cuirasses ennemies brillaient
les capes des Mamelouks tombés. Non loin, Ismail était couché sur le dos, la
poitrine transpercée par une épée mongole.
    Baybars
s’approcha de lui, puis il s’agenouilla pour fermer les yeux du jeune homme et
se recueillir un moment. L’espace d’un instant, il resta perdu dans ses
pensées. Mais un de ses officiers le héla, et il dut se relever. Ce dernier
saignait abondamment, il avait une profonde entaille à la tempe et ses yeux
semblaient incapables de faire le point.
    — Émir,
dit-il d’une voix rauque, quels sont les ordres ?
    Baybars
observa la plaine dévastée. En
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