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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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nous ferons en sorte que rien
ne se fasse comme tes sœurs l’ont prévu. » Alors, le lendemain, accompagné
de son épouse, il quitta ses terres en hâte et se rendit auprès du roi de
Grèce.
    On imagine la surprise, puis la fureur de celui-ci lorsqu’il
apprit l’odieuse conspiration de ses filles. Il s’emporta jusqu’à les maudire
devant les dieux, à l’exception toutefois de la plus jeune, celle qui avait
reculé devant une telle horreur et qui avait eu le courage de tout avouer. Bien
au contraire, il ne l’en aima que davantage, et la tint désormais pour son
unique héritière. Puis il fit écrire des lettres destinées à ses vingt-neuf
autres gendres, les priant de venir immédiatement à sa cour, accompagnés de
leurs épouses. Comme ils avaient beaucoup de respect et de déférence envers le
roi de Grèce, tous les gendres se hâtèrent d’obéir.
    Lorsque toutes et tous furent rassemblés dans une grande
salle du palais, le roi accusa publiquement ses filles de trahison et dévoila
le plan qu’elles avaient ourdi. Les filles furent atterrées. Elles tentèrent
bien de se défendre par serment, en proclamant que tout ceci était mensonge, ou
résultat de la folie de leur plus jeune sœur, rien n’y fit. Le roi et ses
gendres appelèrent des hommes d’armes qui s’emparèrent des vingt-neuf filles et
les jetèrent sans ménagement dans une prison sans lumière, en attendant le jour
où elles passeraient en jugement. Certes, le père avait d’abord eu l’idée de
les tuer sans pitié en raison de la monstruosité du crime qu’elles auraient
perpétré sans l’honnêteté de la plus jeune, mais ses conseillers lui avaient
objecté que, dans un royaume digne de ce nom, la justice est un droit en même
temps qu’un devoir et qu’elle ne peut s’accomplir sans recourir aux lois et
coutumes. Le sort des filles du roi fut donc remis entre les mains des juges
qui, au jour prévu, eu égard à la grande noblesse des accusées, ne voulurent
pas que leur crime fût châtié dans le sang. Il fut décidé que les vingt-neuf
princesses seraient à jamais bannies du royaume et de tous les autres royaumes alliés
à la Grèce, et que jamais plus elles ne pourraient revenir dans leur pays natal
ou dans les domaines de leurs époux.
    Le lendemain du jugement, sans pitié pour leurs plaintes et
leurs cris lamentables, on les emmena rudement jusqu’au port le plus proche et
on les obligea à embarquer sur un bateau fort robuste et résistant, mais sans
gouvernail. On les y entassa, toutes seules, sans autre compagnie, et en
prenant grand soin de ne leur laisser aucune nourriture. Puis, on mena le
bateau en haute mer et là, sans plus de cérémonie, on l’abandonna au gré des
flots et des vents.
    Les princesses n’ignoraient pas que leurs chances de salut
étaient minimes : elles ne pouvaient gouverner leur navire, et celui-ci
les emportait vers des horizons inconnus. Allaient-elles périr de faim et de
soif ? Allaient-elles se noyer dans la mer lorsque le bateau aurait
chaviré ou se serait brisé contre les rochers d’un rivage inhospitalier ?
Leur terreur était immense, mais ce qui les faisait encore plus souffrir, c’était
de se voir démunies de tout, à la merci des éléments, elles qui étaient de
noble extraction et qui avaient toujours pu satisfaire leurs moindres caprices.
Leur situation tragique n’avait pas diminué leur orgueil et elles n’éprouvaient
guère de remords à la pensée du crime qu’elles avaient décidé de commettre.
Elles considéraient bien davantage leur état comme une injustice que comme une
punition méritée.
    Le navire erra longtemps et les princesses commençaient à
souffrir sérieusement de la faim et de la soif. Une nuit, une violente tempête
se leva : les flots étaient agités de mille secousses, le navire tremblait
de toutes parts, la foudre jaillissait du ciel sombre et les rafales de vent
avaient détruit la mâture. Elles n’avaient plus rien à espérer et elles en vinrent
à appeler la mort comme un soulagement à leurs souffrances. Elles étaient
tellement secouées qu’elles tombèrent évanouies et demeurèrent couchées sur le
pont, au milieu des cordages, sans bouger, durant trois jours et trois nuits.
    Alors, la tempête se calma et le ciel redevint serein. Le
soleil se mit à briller, et une brise légère fit dériver le navire en direction
du soleil couchant, de sorte qu’il vint s’échouer sur une côte basse, en
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