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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai
Autoren: Jean (d) Aillon
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brigands.
    Bâtie sur de solides piliers de pierre et de bois, une rampe conduisait à l'entrée du cabaret. Devant la porte, l'homme s'arrêta, hésitant encore un instant.
    Mais il n'avait pas le choix. S'il ne s'exécutait pas, ce seraient la ruine, la marque au fer rouge et les galères.
    Il pénétra dans une salle au plancher grossier. En son milieu, une élévation de grosses pierres mal jointées formait un foyer. Un trou dans la toiture, par où pendait une crémaillère à laquelle était accroché un chaudron, permettait l'évacuation des fumées. Le plafond, en branches à peine équarries, était noirci d'une épaisse couche de suie.
    Devant cette sommaire cheminée, un marmiton tournait une broche sur laquelle rôtissait une enfilade de canards. Près de lui, une vieille cuisinière emplissait des écuelles de soupe tirée du chaudron. Un peu partout pendaient des crochets de fer auxquels étaient suspendus lièvres et bécasses braconnés dans les bois environnants.
    De part et d'autre du foyer se dressaient deux longues tables occupées par quelques douzaines d'hommes. Pas de femmes, sinon des servantes maigres au teint hâve. Malgré les cris et les chants d'ivrognes qui allaient bon train, l'endroit paraissait lugubre et inquiétant.
    Avisant une place libre, l'homme en noir s'installa entre deux individus sentant particulièrement mauvais. Avec son couteau, l'un d'eux s'amusait à couper en deux les cafards traversant la table.
    Très vite une servante posa un pot de clairet devant le visiteur. Il commença à boire, à petites gorgées, écoutant vaguement les conversations proférées en patois normand. Avec inquiétude, il remarqua les molosses sommeillant près du foyer. Son autre voisin, celui qui ne découpait pas la vermine, avalait une bouillie grise avec ses doigts.
    L'homme en noir observa alors que les conversations faiblissaient. Puis il remarqua les regards hostiles. La tension devint soudain palpable, oppressante.
    â€” T'es qui ? demanda brusquement un escogriffe apparu en face de lui.
    Il lui manquait une oreille, un index et ses autres doigts étaient noirs de crasse.
    Inquiet, l'homme en noir le considéra sans répondre.
    â€” Je cherche quelqu'un, balbutia-t-il.
    â€” Qui ?
    â€” Petit-Jacques.
    Les conversations cessèrent immédiatement.
    â€” Tu lui veux quoi, à Petit-Jacques ? questionna l'escogriffe en plissant les yeux.
    â€” P… parler.
    â€” Petit-Jacques est pas un parleur, intervint le voisin à la bouillie.
    Quelques ricanements menaçants retentirent. L'homme en noir frissonna. Il n'aurait jamais dû accepter la proposition du maréchal d'Ancre. Tout cela allait mal finir, pour lui. Il parvint à déglutir avant de demander poliment :
    â€” Savez-vous où il est, monsieur ?
    L'escogriffe hocha lentement la tête, puis glissa quelques mots à son voisin qui se leva pour se diriger vers le fond de la salle.
    Les conversations reprirent et plus personne ne s'intéressa à l'homme en noir. Celui-ci hésita. Et s'il s'en allait maintenant ? Il dirait à Gramucci et à Nardi ne pas avoir trouvé Petit-Jacques. Il terminait son verre et s'apprêtait à se lever quand celui qui était parti revint, accompagné d'un jeune homme d'une vingtaine d'années.
    Petit, trapu, un regard vif malgré des yeux délavés, des poils épars sur des joues boutonneuses, le nouveau venu portait un grand coutelas à la ceinture et surtout, un masque de cuir sur le haut du visage. Deux hommes plus âgés l'accompagnaient.
    â€” C'est toi qui me cherches ? s'enquit-il en considérant attentivement l'inconnu.
    â€” Oui, monsieur. Si vous êtes Petit-Jacques.
    â€” T'es un archer du prévôt, un exempt ?
    â€” Non, monsieur, je vous en donne ma parole.
    â€” Ta parole ! Mets-toi debout et enlève ton manteau !
    Le silence s'établit à nouveau, étouffant et menaçant. Tous les regards étaient tournés vers lui. Malgré la chair de poule qui le faisait trembler, l'homme en noir insista d'une voix peu rassurée :
    â€” Si vous êtes Petit-Jacques, j'ai juste besoin de vous parler un instant.
    â€” J'aime pas répéter…
    La voix, traînante, suggérait une sanction à coup sûr
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