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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale
Autoren: Michel Peyramaure
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« dame très noble et très dévote », elle avait
désormais, et sans conteste, revêtu la « robe royale ».
    Les officiers et les
grands traînaient les pieds quand, au cours de l’été de l’année 754, le roi les
convoqua pour amener le roi Aistolf à des sentiments respectueux envers la papauté.
À part lui et quelques proches, cette expédition ne plaisait à personne, à moi
moins qu’à tout autre : cela me contrariait de voir mon père, âgé de
quarante ans et d’une santé déclinante, s’engager dans cette aventure.
    Lorsque les négociations sont impuissantes à
régler des conflits, que faire sinon riposter par la force ? Patrice des
Romains, mon père ne faisait que répondre à sa mission.
    Le roi m’ayant
informé de la nécessité de ma présence, j’obéis sans déplaisir, et même avec
une certaine fierté. Le prince que j’étais, fils d’un roi très chrétien, ne
pouvait qu’être flatté de cette décision. Et puis, dois-je l’avouer, je
m’ennuyais un peu à la cour, malgré quelques blandices secrètes mais
délectables avec nos petites servantes.
    Cette chevauchée guerrière, qui allait nous
conduire en Lombardie en passant par la Maurienne, avec des étapes à Vienne et
dans la grande ville de Lyon, avait tout pour séduire le jeune prince ardent
que j’étais. En dépit de violents orages accompagnés de pluies diluviennes,
d’une traversée difficile du Rhône où nous laissâmes quelques cavaliers avec
leur monture, je pris un plaisir intense à cette équipée.
    Aux haltes du soir, en compagnie de quelques
vieilles moustaches franques ou saxonnes, je me perfectionnai dans le maniement
des armes : arc, épée, hache de guerre, bouclier… J’appris même à souffler
dans l’oliphant, cette corne qui scande la marche des armées et transmet les
consignes. Je mêlai ma voix aux rudes chansons de route des soldats. Je ne
dédaignais pas de boire la bière et le vin, en me gardant des abus et, à
l’occasion, de trousser des servantes d’auberge ou des filles de serfs.
    Par Saint-Jean-de-Maurienne,
l’armée entreprit le franchissement des Alpes sous une accablante chaleur
estivale. Je découvris du haut des cols l’immensité incommensurable du monde,
qui me fit vite oublier celui auquel j’étais confronté du haut de mes cabanes.
    Avant de pénétrer dans les vallées italiennes,
il fallut faire le siège des postes avancés des Lombards. Leurs occupants,
vieux soldats ou jeunes recrues sans expérience et atterrés par le nombre de
nos guerriers, ne tardaient pas à nous ouvrir leurs portes. Ceux qui résistaient
étaient passés au fil de l’épée.
    Au col de Suse, le roi fit porter à Aistolf
une sommation le mettant en demeure de rendre à l’Église les opulentes cités de
Ravenne et de Rimini, afin d’éviter d’en venir à un affrontement. La réponse
lui parvint une semaine plus tard : un refus catégorique accompagné de
provocations.
    Lorsque l’armée franque se remit en route,
rien ne paraissait devoir lui résister. À la simple vue de nos troupes,
l’ennemi se débandait et les villes s’ouvraient à elles.
    Mon père aurait aimé savoir où rencontrer le
roi Aistolf. Des notables de Turin l’informèrent qu’il le trouverait dans sa
capitale, Pavie, au confluent du Ticino et du Naviglio, au milieu d’une vaste
plaine marécageuse. Nous nous y acheminâmes par petites journées sans
rencontrer la moindre résistance et, ordre du roi, en évitant pillages et
massacres.
    Notre armée prit ses
quartiers dans les parages d’une grande chartreuse proche de la cité qui, sur
les instances du pape Étienne, nous accueillit avec chaleur et pourvut à notre
subsistance.
    À contempler les imposantes murailles antiques
qui protégeaient la ville et les rivières favorables à sa protection, nous nous
disions qu’il faudrait des mois, peut-être des années, pour obtenir sa
soumission. Nous fûmes agréablement surpris, après quelques assauts, de
recevoir des émissaires du roi Aistolf venant nous proposer une reddition
confirmée par la remise d’une quarantaine d’otages.
    J’étais présent près du pape quand il
manifesta ses réticences.
    — Sire, dit-il, je crains que cette
victoire, trop facile à mon avis, ne cache un piège. Je connais bien
Aistolf : sa parole ne vaut pas une guigne.
    — Votre Sainteté, répondit mon père, je
ne puis faire exécuter Aistolf, envahir son royaume et maintenir une armée en
Italie. J’ai
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