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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu
Autoren: Daniel Tammet
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Il
y avait bien sûr un avantage à se promener ainsi car l’Islande est visuellement
un endroit étonnant. C’était l’occasion pour moi d’en absorber l’atmosphère, ce
qui aurait été impossible dans une salle de classe ou une chambre d’hôtel.
    Nous passâmes une journée à Gullfoss, « la
cascade d’or ». Alimentée par la rivière glaciale Hvita, l’immense cascade
blanche fait une chute de 32 mètres dans un étroit canyon de 70 mètres de
profondeur et de 2,5 kilomètres de long. Vue de près, la fine bruine tombant
continuellement dans l’air gorgé d’humidité ressemblait pour moi au nombre 89.
    Un voyage à la station thermale de la
vallée d’Haukadalur me permit de voir les fameux geysers islandais. Le mot
geyser vient du verbe islandais gjosa qui signifie « jaillir ».
C’est un phénomène rare : il n’en existe qu’environ mille dans le monde
entier. Les geysers se forment à partir de l’eau de surface qui ruisselle par
les fissures et s’accumule dans des cavernes. L’eau ainsi emprisonnée est
chauffée par les roches volcaniques qui l’entourent jusqu’à une température d’environ
93°, ce qui la transforme en vapeur et la fait jaillir. Au bout d’un moment, l’eau
restant se rafraîchit et sa température tombe en deçà du point d’ébullition. L’éruption
prend fin. L’eau de surface retourne vers son réservoir, par les fissures, et
tout le cycle recommence, encore et encore.
    Je fus fasciné par les geysers en
éruption. Au début, l’eau de couleur turquoise commence à bouillonner, puis de
grandes bulles apparaissent et éclatent, envoyant de l’eau bouillante dans les
airs. L’éruption elle-même est soudaine et violente, produisant une colonne
épaisse et aérienne d’eau scintillante, à plus de dix mètres de hauteur. L’air
autour du geyser est saturé d’une odeur de soufre, comme celle des œufs pourris,
que le vent emporte, heureusement.
    Les longs trajets entre les séances de
tournage étaient très fatigants et les pauses-déjeuner toujours bienvenues. Alors
que l’équipe commandait des hamburgers et des frites, je faisais l’expérience
de plats islandais traditionnels comme le kjötsúpa (soupe d’agneau) et plokkfiskur (une sorte de hachis au poisson). Le plus possible, je
conversais entièrement en islandais avec Sirry et je prenais des notes dans un
grand carnet noir que j’emportais partout.
    Le point culminant du défi était une
interview dans une émission d’actualité très populaire, Kastljós (Sous
les projecteurs). J’étais aussi nerveux que confiant avant l’interview, bien
que n’ayant aucune idée des questions à venir. Pendant presque un quart d’heure,
je parlai avec les deux présentateurs, uniquement en islandais, devant des
centaines de milliers de personnes. Ce fut une expérience étrange que d’être
assis devant les caméras et de discuter dans une langue que je ne connaissais
que depuis une semaine. Le fait d’être parfaitement compris était tout aussi
étrange. Pendant la semaine, j’avais observé les Islandais parler dans leur
langue. Cela paraissait si naturel et si facile. C’était comme s’ils respiraient
en islandais. En comparaison, mon discours était lent et hésitant. J’expliquai
à mes interviewers : « Ég er með islensku asma  » (J’ai de
l’asthme islandais).
    Il y eut d’autres interviews avec les
médias locaux de Reykjavik, dont une apparition dans l’émission du matin la
plus regardée. Là encore, l’interview se fit entièrement en islandais. Sirry y
était également présente et on lui fit beaucoup de compliments pour l’excellent
travail qu’elle avait réalisé pendant cette semaine. Dans le cadre du documentaire
Sirry donna aussi une interview en anglais. Elle disait notamment qu’elle n’avait
jamais eu un élève comme moi et que je n’étais « pas humain » ! Je
lui étais très reconnaissant  – et pas seulement parce que son aide et ses
encouragements m’avaient été d’une aide inestimable.
    À la fin du tournage, en rentrant de
Reykjavik, j’eus l’occasion de prendre un peu de recul et de considérer tout le
chemin parcouru. Quelques années plus tôt, tout cela aurait paru impossible. Comment
aurais-je pu vivre une vie aussi indépendante ? Prendre l’avion, voyager
dans un pays aussi grand que les États-Unis, rencontrer tant de gens différents
et visiter tant d’endroits, et être assez sûr de moi pour partager ce
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