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Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte

Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte

Titel: Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte
Autoren: Erckmann-Chatrian
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je suis sûr qu’il voudrait
Jean-Pierre.
    – Pourquoi ?
    – Parce qu’il ressemble à ton père.
    Marguerite, pour cette raison, aurait aussi
voulu le conserver ; elle pleura, mais finit pourtant par se
décider. Alors tous les mardis maître Jean nous amenait Jean-Pierre
en char-à-bancs ; nous dînions ensemble et nous faisions en
quelque sorte une seule famille. Marguerite allait aussi
quelquefois à Pickeholtz.
    En 1809, maître Jean tomba malade sur la fin
de l’automne ; Jean-Pierre lui-même, alors âgé de quatorze
ans, vint me chercher de grand matin, disant que maître Jean
voulait me parler ; qu’il était bien malade. Je partis
aussitôt. En arrivant à Pickeholtz, je trouvai mon ancien maître
dans l’alcôve à grands rideaux de serge, et du premier coup d’œil
je compris qu’il était très mal, et même qu’il y avait danger de
mort. Le médecin de Sarrebourg, M. Bouregard, était venu cinq
fois. C’était le troisième jour de la maladie ; et voyant dame
Catherine pleurer, je compris ce que le médecin avait dit.
    Maître Jean ne pouvait plus parler ; en
me voyant, il me montra le tiroir de sa table de nuit :
    – Ouvre ! dit-il des lèvres.
    J’ouvris. Dans le tiroir se trouvait un papier
écrit tout entier de sa main :
    – Pour les petits-enfants de Chauvel,
fit-il avec effort.
    Et je vis que des larmes lui coulaient sur les
joues. Il n’avait plus la force de respirer et voulut encore dire
quelque chose, mais il ne put que me serrer la main. J’étais dans
le plus grand trouble, et comme sa respiration allait toujours plus
vite, en s’embarrassant, je compris que l’agonie commençait. Il
m’avait attendu, chose qui se présente très souvent. Il se
retourna ; dix minutes après, comme je m’étais assis près du
lit, n’entendant plus rien, je l’appelai :
    – Maître Jean !
    Mais il ne répondit pas ; ses bonnes
grosses joues commençaient à pâlir, et ses lèvres se relevaient
tout doucement en souriant ; on aurait cru le voir à la petite
forge, lorsque Valentin disait une bêtise, et qu’il le regardait de
haut en bas, en levant les épaules.
    Ai-je besoin de vous peindre notre
désolation ? Non ! ces choses-là sont trop ordinaires
dans la vie ; que chacun se rappelle la mort de ceux qu’il a
le plus aimés ! Pour moi c’étaient tous mes souvenirs de
jeunesse, représentés par mon second père, qui s’en allaient ;
pour dame Catherine, c’était le meilleur des hommes, cinquante ans
de paix intérieure et d’amour ; pour toute la ferme, c’était
un bon maître, un ami de la justice et de l’humanité.
    Je m’arrête… Ici finit mon histoire ;
bientôt mon tour viendra ; je dois un peu me reposer et me
recueillir, avant d’aller rejoindre tous ces anciens dont je vous
ai parlé.
    Maître Jean Leroux nous léguait à Marguerite
et à moi, « pour les petits-enfants de son ami Chauvel »,
sa ferme de Pickeholtz, à la condition de regarder dame Catherine
comme notre mère, de garder Nicole, Claude et Mathurine jusqu’à la
fin de leurs jours, et de penser quelquefois à lui.
    Ces conditions n’étaient pas difficiles à
remplir : elles étaient écrites d’avance dans notre cœur.
    Peu de temps après, Marguerite, nos enfants et
moi, nous allâmes vivre à la ferme, après avoir cédé notre commerce
à mon frère Étienne. Depuis, je n’ai pas cessé de cultiver nos
champs, d’en acheter de nouveaux et de prospérer. Voyez ce que j’ai
dit au premier chapitre.
    Et sur ce, je prie Dieu de nous accorder à
tous encore quelques années de calme et de santé. Si nous avions
les Droits de l’homme en plus, je mourrais content.

SÉNATUS-CONSULTE
    QUI AUTORISE L’ACQUISITION EN FRANCE
DE BIENS DESTINÉS À REMPLACER LA PRINCIPAUTÉ DE GUASTALLA, CÉDÉE AU
ROYAUME D’ITALIE PAR LA PRINCESSE PAULINE ET LE PRINCE BORGHÈSE,
SON ÉPOUX
    (Du
14 août 1806)
    Napoléon, par la grâce de Dieu et les Constitutions de la
République, empereur des Français, à tous présents et à venir,
salut.
    Le Sénat, après avoir entendu les orateurs du Conseil d’État, a
décrété, et nous ordonnons ce qui suit :
    Art. 1 er . La principauté de Guastalla ayant été, avec
l’autorisation de S. M. l’Empereur et Roi, cédée au royaume
d’Italie, il sera acquis, du produit de cette cession et en
remplacement, des biens dans le territoire de l’empire
français.
    2. Ces biens seront possédés par S. A. I. la princesse Pauline,
le
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