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Fourier

Fourier

Titel: Fourier
Autoren: Jonathan Beecher
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avec
une famille, les Muguet, qui y tient le premier rang du négoce. Aidé par la dot
de Marie Muguet, il parvient à acquérir une fortune de quelque deux cents mille
livres et une jolie demeure bourgeoise de deux étages, dans la Grand-Rue. On
sait peu de choses de lui, sauf qu’il inspira assez de considération aux gens
de sa corporation pour se voir en 1776 élire par eux « juge consulaire »
[l’équivalent de président du tribunal commercial], poste qui requérait une
bonne réputation ainsi que quelques notions de droit commercial 6 .
    Du côté de la mère de Fourier, les Muguet, la famille est
originaire de Villefranche, dans le vignoble du Beaujolais. Du frère aîné,
François Muguet (1732-1795), Pellarin dit qu’il « donna le premier, à Besançon,
l’exemple des grandes opérations commerciales 7 ». Négociant en gros, faisant à l’occasion office de banquier,
François Muguet est un notable qui jouit sur la place de Besançon d’une
notoriété considérable, sinon toujours de bon aloi. Etant parvenu à acheter en
1780 des lettres de noblesse et une seigneurie à Nanthou, il se marie à deux
reprises, a quatorze enfants et, à sa mort, laisse une fortune de deux millions
de livres. Pellarin, s’il indique que les Muguet étaient « la première famille
du commerce bisontin », ne souffle mot de la manière dont François Muguet avait
acquis sa fortune, mais à travers les archives et documents qui sont parvenus
jusqu’à nous se dessine une figure, quasiment balzacienne, de spéculateur et de
profiteur de haut vol. C’était, selon ses ennemis, « un homme ardent qui avait
pris à tâche de s’enrichir » et « spéculait sur les événements de toute espèce 8 ». La rumeur publique colportait qu’il
s’était enrichi dans la contrebande d’or avec la Suisse. « Après avoir ruiné la
plupart de ses coopérateurs dans la contrebande », il est accusé, dans les
années 1780, d’avoir contribué à précipiter la crise financière locale par son
rôle de complice dans l’émission de lettres de change jamais honorées et dans
la banqueroute frauduleuse de divers maîtres de forges de Besançon. Jamais
aucune preuve ne fut apportée devant un tribunal des allégations portées contre
Muguet, mais tout indique qu’elles n’étaient pas totalement dénuées de
fondement. C’en fut assez, en tout cas, pour nourrir une guerre de pamphlets et
de libelles qui se prolongea de 1786 jusqu’à la Révolution française 9.
    François Muguet eut trois fils de son premier mariage. Le plus
jeune, Hyacinthe Muguet de Nanthou (1760-1808), devait laisser sinon un grand
nom, du moins une petite trace dans l’histoire : en effet, il n’est autre que
le « M. Muguet, député inconnu de la bande des Lameth », qui, au lendemain de
la fuite de Louis XVI à Varennes, vient présenter devant la Constituante le
rapport concluant à l’inviolabilité du Roi 10 .
Les deux cousins germains de Fourier, Félix (1757-1835) et Denis-Louis
(1758-1829) Muguet, devaient l’un comme l’autre jouer un rôle de premier plan
dans la vie commerciale de Besançon et se tailler « dans le pays une sorte de
célébrité pour l’étendue et la variété de leurs connaissances, pour leur
intégrité et la fermeté de leur caractère non exempt toutefois de quelques
bizarreries 11 ». L’autre frère de
Marie Muguet, Claude François Muguet, dit de Roure (1748-1826), tint Charles
Fourier sur les fonts baptismaux. Après avoir fait une fortune confortable
comme associé de François Muguet, il consacre pratiquement le reste de sa vie à
des œuvres de charité et de dévotion. Vieux garçon opiniâtre et près de ses
sous, il aura avec son neveu filleul des rapports plutôt tendus ; c’est souvent
que, sur des questions d’argent, on les verra avoir maille à partir l’un avec
l’autre 12 .
    Bien qu’issue d’une famille de riches négociants, la mère de
Fourier n’avait reçu que fort peu d’instruction. Pareille en cela à beaucoup de
femmes de la bourgeoisie prospère du XVIIIe siècle, c’est à peine si elle sait
lire et écrire. C’était, dit d’elle Pellarin, « une femme très-pieuse,
très-économe et surtout fort ennemie de la toilette 13 ». Elle et son époux Charles auront en tout six enfants.
Viennent d’abord successivement quatre filles : Mariette (en 1765), Antoinette 14 (en 1767), Lubine (en 1768) et Sophie (en
1771), puis, enfin, le 7 avril 1772, le fils si longtemps espéré. Il est
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