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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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suis désolée !
    – Il
ne faut pas ! Je ne l’aimais pas vraiment d’amour. Pourtant, il
représentait ma seule chance de ne pas rester vieille fille, car ma dot est
mince.
    En
dépit de la sérénité du ton, Fiora aurait juré qu’un nuage venait de passer sur
le charmant visage de son amie, et elle posa un baiser léger sur sa joue.
    – Pardonne-moi !
dit-elle.
    – Oublions
cela ! Sans doute as-tu beaucoup à me raconter ? Pourquoi ne
viendrais-tu pas quelques jours chez nous ? Mon oncle serait heureux de te
revoir. Et puis... pour dire la vérité, c’est dans ce but que je t’ai fait
espionner, conclut Chiara en souriant.
    – Espionner ?
    – N’aie
pas peur ! C’est tout à fait innocent. J’étais certaine qu’un jour ou l’autre,
tu viendrais prier ici et, dès que j’ai su ton retour, j’ai interrogé le
bedeau, mais il ne t’avait pas encore vue. Alors, je l’ai payé pour qu’il
vienne me prévenir dès que tu te montrerais... et c’est ce qu’il a fait. Voilà !
A présent, dis-moi si je t’emmène ?
    Fiora
n’hésita pas. Ce court séjour chez Chiara la ramènerait aux jours heureux d’autrefois.
Et puis, elle était secrètement ravie d’affirmer une certaine indépendance
vis-à-vis de Lorenzo. La nuit dernière, il s’était montré distrait et, de ce
fait, un peu moins ardent. En quittant Fiora, il avait d’ailleurs expliqué
cette légère inattention en annonçant qu’il ne viendrait pas le lendemain soir :
les pluies incessantes avaient provoqué un glissement de terrain dans la vallée
du Mugello. La terre en se retirant avait mis au jour une épaule de marbre blanc
appartenant sans doute à une statue antique.
    – On
m’a prévenu hier soir, dit Lorenzo dont les yeux sombres brillaient d’excitation,
et j’ai promis de venir ce matin. Je ne repartirai, comprends-tu, qu’une fois l’ensemble
dégagé.
    Comprendre ?
Il aurait fallu ne pas connaître Lorenzo, sa quête incessante de la beauté, de
la rareté, et son amour des vestiges des temps anciens pour ne pas comprendre.
Démétrios avait tout à fait raison de comparer Fiora à la fleur précieuse volée
au jardin du Magnifique avant qu’il ait pu en connaître le parfum, et revenue
par une sorte de miracle. Ce n’était pas l’amour qui unissait les deux amants,
mais un désir violent encore exalté par l’orgueil de posséder, l’un une femme d’une
exceptionnelle beauté longtemps convoitée, l’autre un homme prodigieux en
toutes choses qu’une reine eût été heureuse de voir à ses pieds. Tous deux
aimaient l’amour, et les étreintes qui soudaient leurs corps pouvaient
atteindre à la perfection d’un poème, mais le cœur de Fiora ne battait pas à l’approche
du Magnifique, même quand sa chair s’ouvrait à ses caresses dans l’attente
exquise d’un accomplissement dont elle savait qu’il lui ferait toucher les
sommets du plaisir. Quant à Lorenzo, comment connaître les pensées qui s’agitaient
sous son grand front bosselé ?
    Il
écrivait des poèmes pour Fiora ; il la comblait de présents et se plaisait
à la parer, mais il était rarement satisfait de ces écrins somptueux dans
lesquels il s’efforçait de sertir sa beauté parce qu’elle en triomphait
toujours. Un soir, même, il n’était pas venu seul : Sandro Botticelli, un
carton sous le bras, l’accompagnait et Fiora, rose de confusion, dut poser pour
le jeune peintre, nue et debout sur un tabouret bas autour duquel Lorenzo avait
allumé des flambeaux pour que la lumière dore sa peau et la fasse vivre plus
intensément. Puis, le peintre éclipsé, il l’avait aimée avec une ardeur affamée
qui avait un peu effrayé la jeune femme. Et comme elle lui en faisait la douce
observation, il avait soupiré :
    – Quel
homme n’a jamais rêvé de posséder une déesse, dans l’espoir insensé d’atteindre
la source de sa beauté et de lui en voler une parcelle ? Hélas, Vénus n’est
pas généreuse et garde tout pour elle.
    – Ne
me dis pas que tu le regrettes ? Tu n’as pas besoin d’être beau, toi. Ce que
tu possèdes est bien plus puissant. Elles sont nombreuses, n’est-ce pas, celles
qui souhaitent attirer ton regard ?
    – Parce
que je suis le maître ? Mais si je n’étais qu’un portefaix ou un batelier
de l’Arno, combien d’entre elles m’accorderaient leur attention ?
    – Beaucoup
plus que tu ne le crois. Ou alors, il faudrait n’être pas femme.
    Il
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