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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête
Autoren: Michel David
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tomber.
     
    — Je trouve ça
pas mal étourdissant à porter, ajouta son mari sans relever sa remarque.
     
    — C'est pas ben
grave. C'est juste pour lire, non ?
     
    — Pantoute. Je
dois les porter tout le temps.
     
    — Ayoye ! fit
Richard en se plantant devant son père. Vous ressemblez à pépère Morin avec vos
barniques, p'pa.
     
    — Toi, les
oreilles, efface-toi, lui ordonna sèchement sa mère.
     
    Le lendemain
soir, Rosaire et sa femme s'arrêtèrent chez les Morin en compagnie de Lucille
et Conrad. Le gendre était allé chercher ses beaux-parents à Saint-Hyacinthe
pour les emmener souper à la maison. Sur le chemin du retour, il leur avait
aimablement proposé de faire une halte de quelques minutes chez leur fils. Même
si Laurette n'avait pas vu ses beaux-parents depuis la fin du printemps
précédent, ils ne lui avaient pas manqué.
     
    — Sacrifice, le
beau-frère, tu viens de prendre un bon dix ans avec ces lunettes-là! plaisanta
Rosaire à la vue de r Gérard.
     
    — Ça me vieillit
tant que ça ?
     
    — Mais non, s'empressa
de le rassurer son père. Ça te donne l'air d'un homme mûr.
     
    — C'est vrai.
Quand je sors avec lui à cette heure, le monde me prend pour sa fille,
intervint Laurette, pince-sans-rire.
     
    — Ça
m'étonnerait, Laurette, déclara Lucille en déposant un baiser sur l'une des
joues de son fils. Je trouve que ses lunettes le rendent juste un peu plus
séduisant.
     
    — Si on veut,
madame Morin, concéda sa bru.
     
    — En tout cas, à
votre place, ma fille, je ferais bien attention de ne pas me faire voler mon
mari.
     
    — Inquiétez-vous
pas, je le surveille, votre Gérard, madame Morin. Entre nous, c'est pas encore
un trésor que toutes les filles du coin essayent absolument de m'arracher.
     
    Le rire
tonitruant de Rosaire ne trouva de l'écho que chez Conrad, que la verve de sa
bru amusait parfois.
     
    Chapitre 30
     
    L'accident
     
    Laurette trouva
le mois d'août absolument interminable. Le quartier étouffait sous une chaleur
humide et écrasante, entrecoupée par de trop rares orages qui apportaient
durant quelques heures trop peu d'air frais. Au fil des jours, les enfants
étaient de plus en plus insupportables, particulièrement Richard et Gilles.
Mille fois, elle se maudit de ne pas avoir cherché à les envoyer aux Grèves de
Contrecœur.
     
    — Il faut passer
par la Saint-Vincent-de-Paul pour ça, avait prétexté Gérard. On n'est pas
pauvres au point d'envoyer nos enfants là.
     
    — On voit ben que
c'est pas toi qui les as dans les jambes toute la sainte journée à entrer et à
sortir de la maison en criant comme des perdus. Si ça continue, je vais finir
par en étrangler un pour faire peur aux autres.
     
    En fait, la mère
de famille était surtout sérieusement éprouvée par la chaleur persistante et
elle aspirait à une paix impossible à obtenir avec cinq enfants. Le seul moyen
qu'elle trouva pour connaître quelques heures de calme de temps à autre fut
d'exiger que Jean-Louis se rende parfois au bain Quintal avec ses deux jeunes
frères. Malheureusement, ce bienheureux répit ne durait qu'une heure.
     
    Jamais Laurette
n'avait autant apprécié les visites de sa mère que durant cet été-là. Deux ou
trois fois par semaine,
     
    Annette venait
s'installer dans sa cuisine durant un bon moment. Elle était toujours prête à
lui prodiguer des conseils et avait le don de désamorcer les colères de sa
fille.
     
    À la fin du mois,
la grand-mère se présenta chez les Morin avec un gâteau qu'elle avait préparé
spécialement pour célébrer le cinquième anniversaire de Carole.
     
    — As-tu pensé que
l'année prochaine, ta dernière va s'en aller à l'école et que tu vas te retrouver
toute seule à la maison ? fit-elle alors remarquer à sa fille. Tu vas
t'apercevoir que ça fait tout un changement quand tous tes enfants sont à
l'école. Moi, en tout cas, je pense que j'ai pris un coup de vieux quand ça
m'est arrivé.
     
    — Moi, m'man, je
pense que je vais surtout trouver ça pas mal reposant, rétorqua Laurette.
Remarquez que c'est pas Carole la plus tannante. Je l'entends pas...
     
    — Attends. Tu
verras ben.
     
    — En tout cas,
moi, je trouve ça normal que les enfants vieillissent, m'man, et je m'en
plaindrai pas.
     
    — Tu vas voir que
plus les enfants grandissent, plus les problèmes sont grands. Profites-en ben
quand ils sont petits.
     
    Laurette ne
philosopha pas trop longtemps sur cette allusion.
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