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Charly 9

Charly 9

Titel: Charly 9
Autoren: Jean Teulé
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coquillage comme un gros bulot rose sur sa
tête, font voir l’idée : en la place d’un prince, une putain fardée. La
reine Catherine intervient en mère de famille :
    — Charles, laisse donc ton
jeune frère à ses goûts et cesse tes jeux réservés à l’enfance !
    Mais le roi n’en démord pas :
    — Cadet, n’oublie pas que tu
n’es que duc d’Anjou !
    L’autre, se hissant sur la pointe
des pieds, car de plus petite taille, et rondelles d’os en boucles d’oreilles,
rétorque :
    — Qu’à Dieu plaise, si c’est
moi qui avais eu un an de plus que toi et non le contraire, le Conseil royal
n’aurait pas perdu autant de temps à me convaincre…
    Catherine de Médicis – venin
florentin – abonde en ce sens :
    — Il est vrai, Charles, que Mes
Chers Yeux aurait, sans hésiter, eu ce courage. Le connaissant, il aurait déjà
deux fois fait passer par le fer les huguenots. Mais lui, c’est Mes Chers Yeux…
Son ennemi, il ne l’appelle pas « Mon père ».
    Le monarque sensible, grosses larmes
gonflant ses paupières, réplique : « Je me demande parfois si ce
n’est pas celle que j’appelle « Ma mère », mon ennemie… » puis,
alors que des chiens se mettent à grogner sous la table, Charles s’encolère
après sa génitrice en la tutoyant : « Tu n’aimes que Henri ! Je
passe mes jours à te l’entendre louer, à l’admirer. Je règne et c’est lui seul
que tu chéris. » On sent qu’il souffre beaucoup de cette préférence en faveur
d’un frère tellement plus italien, plus Médicis que lui : « Sur
l’échiquier politique, je suis le roi mais Anjou et toi ne me considérez que
comme un pion ! Tuer les chefs protestants invités à la noce… quelle
félonie ! Qui de vous deux a conçu ce plan machiavélique ? »
    Sur la table, il s’empare de
l’arbalète qu’il lève :
    — Et si je vous tirais à tous
deux un carreau dans la tête ?
    Henri se marre :
    — Avec ton courage de
brebis ?
    Face à l’air hautain et dédaigneux
du duc d’Anjou, le roi piteux dépose l’arme et retourne s’asseoir en son royal
fauteuil trop large pour lui.
    Quoique derrière son dos la fenêtre
du cabinet soit grande ouverte sur Paris, oppressé par la moiteur étouffante de
cet été – l’air est chaud et lourd, ça sent l’orage –, Charles déboutonne sa
fraise et les boutons de nacre du col de sa chemise. Il respire
longuement :
    — Capitaine Gondi, vous dites
cent morts… mais dans les rues où logent des Coligny, Foucauld, Andelot et
autres, vivent des voisins, souvent protestants, qui entendraient des cris et
accourraient au secours des victimes. Que feriez-vous à ces huguenots-là ?
    — On les tuera.
    — Certains ont des épouses que
vous assassineriez également j’imagine.
    — Ah ben oui, quelques femmes
aussi peut-être. On ne peut pas savoir.
    — Il y aurait des vieillards…
    — Ah ça, les vieillards, vous
savez, Majesté, dans le noir, on ne voit pas trop l’âge non plus !
    — … Et des enfants.
    — Des enfants aussi, c’est
possible. S’ils sont un peu trop à brailler, accrochés à la chemise de nuit de
leur mère, je ne dis pas qu’il est inenvisageable que plusieurs reçoivent
pareillement du fer.
    Le roi blêmit et alors que le garde
des Sceaux minimise : « Il s’agira quand même de pêcher surtout les
gros saumons sans trop s’amuser aux grenouilles… », Charles poursuit ses
comptes :
    — Ah, mais ça ne ferait pas
cent mais mille morts peut-être…
    « Peut-être », reconnaît
avec désinvolture le duc de Nevers. Tavannes acquiesce.
     
     
    — Mille morts ?
    Le monarque lance mille injures à
tous ceux présents dans son cabinet, les appelle assassins.
    — Nous ne ferons qu’appliquer
vos ordres, Altesse… plaisante le duc d’Anjou dans une profonde révérence de
princesse.
    Un lévrier s’approche de Charles,
pose deux pattes sur ses genoux et lève la tête. Il ouvre sa large gueule et
bâille tandis que le roi lui gratte gentiment la gorge en regrettant :
    — Pourquoi luthériens et
papistes ne parviennent-ils pas à danser ensemble ?
    — Les réformés ne prient pas
Dieu comme les catholiques, rappelle Nevers.
    — Et alors ? Ne sont-ils
point aussi des chrétiens ?
    — Leur façon de s’habiller et
de manger est étrange, souligne Birague. Ils ne font pas maigre le vendredi.
    — Si c’est leur choix…
    Gondi s’enflamme en se
signant :
    — Que périssent
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