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Aventuriers: Rencontres avec 13 hommes remarquables

Aventuriers: Rencontres avec 13 hommes remarquables

Titel: Aventuriers: Rencontres avec 13 hommes remarquables
Autoren: Benoît Heimermann
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secrètement pratiquer le ski sur les hauteurs de Lillehammer ou multiplier les raids aux confins des massifs environnants. Le Pacifique où il débarqua en compagnie d’une femme avenante et d’un pécule ridicule n’était, à dire vrai, qu’un prétexte léger, un dépaysement passager.
    A Hiva Oa, où repose Gauguin, il choisit d’abord de jouer les robinsons. Et de longs mois s’écoulèrent avant que, saturé de contemplation et de plaisir, il ne se passionne pour les flux migratoires, les comparaisons historico-géographiques et les étonnantes légendes qui circulaient à propos de l’ineffable Tiki. Un dieu de pierre dont les liens de parenté avec les Indiens installés sur les contreforts des montagnes andines lui apparurent, au fil des observations et des mois, absolument évidents. Le fameux radeau capable de servir de trait d’union entre cette fragile intuition et sa nécessaire démonstration s’imposa sans tarder. Bien plus rapidement en tout cas que sa mise à l’eau qui ne sera effective que dix ans plus tard.
    L'engin, exposé en bonne place dans la pièce centrale du musée d’Oslo, et que son « inventeur » se plaît à décrire pour la millième fois jusque dans ses plus infinis détails, mesure 13,50 mètres de long et 7 mètres de large. Il est composé de douze troncs de balsa reliés les uns aux autres par une série de traverses perpendiculaires elles-mêmes arrimées ensemble à l’aide de cordes de chanvre épaisses de trois centimètres. Ni clous ni rivets ne furent sollicités pour le pont et la cabine constitués pareillement de bambous fendus et de feuilles de bananier. Pas plus que pour les éléments de propulsion et de conduite du radeau qui se résumaient à un mât en manguier, une voile carrée et un aviron-gouvernail de six mètres posé à l’arrière sur un énorme patin de bois.
    Tout au long de la construction du Kon-Tiki (le roi soleil), Heyerdahl se référa aux gravures et méthodes ancestrales. Le balsa ayant disparu des forêts péruviennes c’est d’Equateur qu’il fit rapatrier (par flottage) les troncs indispensables bientôt confiés à une équipe de menuisiers à qui il recommanda l’épure et la simplicité. Au final, l’architecte-historien ne concéda que trois accessoires à la modernité : une radio de six watts, un dinghy en caoutchouc et un réchaud au kérosène. Un appareillage minimal fort heureusement compensé par un équipage motivé au-delà du raisonnable.
    Comme Heyerdahl, Knut Haugland et Torstein Raaby s’étaient illustrés dans la Résistance. Le premier en participant au naufrage du Bismarck , orgueil de la marine du Reich, le second en minant la fameuse usine d’eau lourde réquisitionnée par la Wehrmacht en Norvège. Herman Watzinger, ingénieur de formation, Erik Hesselberg, grand bourlingueur devant l’Eternel, et le Suédois Bengt Danielsson, lesté de soixante-treize volumes d’ethnologie et d’anthropologie, s’ils ne bénéficiaient pas d’états de service guerriers aussi brillants, concentraient, à eux trois, des savoirs et des connaissances qui les compensaient largement.
    Le scepticisme n’en était pas moins à l’ordre du jour. Les pêcheurs du cru pensaient que le balsa utilisé se transformerait rapidement en éponge. Et le vénérable National Geographic , au prétexte que l’expérience envisagée « relevait moins du voyage que du suicide », conseilla tout de go aux imprudents de renoncer à leur affaire. Il faut dire qu’en 1947 les exemples de raids marins menés sur des embarcations de petite taille n’étaient pas légion. Certes, l’Australien Fred Rebell avait traversé le Pacifique en solitaire dix ans plus tôt et l’Argentin Vito Dumas doublé le cap Horn à peu près à la même époque, mais leurs engins respectifs étaient autrement plus rassurants que le radeau en question. Au final, seul les militaires s’intéressèrent à l’expérience. Sans excès toutefois, concédant au mieux quelques rations de survie et une poignée de sachets de poudre antirequin.
    Interrogé, cinquante ans après son exploit, sur le pourquoi de ses certitudes, Heyerdahl appréciait de marteler son inusable credo : « Si nos ancêtres ont navigué de la sorte, pourquoi six hommes physiquement dispos, intellectuellement consentants, n’y seraient pas parvenus ? » Incapable de virer de bord, ballotté par les vagues les plus anodines, jouet des courants et des vents dominants, le Kon-Tiki dut
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