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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance
Autoren: Max Gallo
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souvent silencieux, ne répondant pas aux sollicitations des dignitaires nazis.
    Mais il veut écouter le chef d’état-major du général von Rundstedt, Erich von Manstein, qui propose de changer le plan d’offensive, dévoilé maintenant, mais surtout trop classique, copie à gros traits du plan du général Schlieffen appliqué en 1914.
     
    Manstein propose de porter l’effort principal de l’offensive sur les Ardennes, réputées infranchissables par les blindés.
    Il a interrogé le général Guderian, puis convaincu le général von Rundstedt.
    Au quartier général de l’armée – l’OKH –, les généraux Brauchitsch et Halder sont réticents devant ce jeune général qui bouleverse leur stratégie. Ils décident de le muter de son poste et de l’envoyer commander une unité d’infanterie, loin du quartier général.
    Mais Hitler veut rencontrer von Manstein, aux idées si originales qu’on veut l’écarter.
    Il est séduit, s’empare de son idée, l’impose.
    À la fin de janvier, les nouveaux plans qui font des Ardennes la charnière de la manœuvre commencent à être élaborés.
    Les Français n’ont laissé face aux forêts ardennaises qu’un mince écran de divisions de second ordre. Les blindés les bousculeront, les détruiront. Et, comme un grand coup de faux, les divisions motorisées allemandes trancheront les communications des troupes anglo-françaises entrées en Belgique.
     
    Mais le général Halder, chargé d’élaborer les nouveaux plans, avertit le Führer qu’ils ne pourraient s’appliquer que dans quelques mois.
    Ils exigent en effet qu’on déplace la plupart des unités, que l’offensive contre la Belgique et la Hollande demeure puissante, capable de surprendre par l’emploi de l’aviation des parachutistes et des divisions motorisées, de refouler le meilleur de l’armée française et du corps expéditionnaire britannique. Et qu’en même temps elle soit un leurre attirant l’ennemi, que les divisions de Panzers venues des Ardennes attaqueront sur ses arrières.
    « Il faut fermer la nasse, atteindre Calais, Dunkerque, dit Hitler.
    — Dans trois mois les plans seront prêts, répond Halder. Les divisions blindées auront rejoint leurs emplacements de départ.
    — Offensive en mai », murmure Hitler.

 
4 .
    Cette intention d’Adolf Hitler de rééditer sur le Rhin ce qui lui a magistralement réussi sur la Vistule, quelques hommes, en janvier 1940, l’ont percée à jour.
    En France et en Angleterre, un colonel Charles de Gaulle, un Winston Churchill, Premier lord de l’Amirauté, un Paul Reynaud, ministre des Finances, et une poignée d’autres ne sont pas dupes de cette « drôle de guerre », ce piège tendu par Hitler, et dans lequel s’engourdissent les armées alliées.
    Sur les bords du Rhin, depuis le 3 septembre 1939, on meurt plus de froid et de maladie, d’accident, que d’un éclat d’obus ou d’une balle.
    On somnole dans les postes de guet. On ne tire pas sur l’ennemi afin de ne pas susciter sa riposte.
    Charles de Gaulle brise cette quiétude, ce refus d’analyser la pensée de l’ennemi.
     
    « J’ai lu Mein Kampf », dit de Gaulle à un groupe de parlementaires anglais venus visiter le camp d’entraînement de Blamont où de Gaulle forme les équipages des chars.
    « Messieurs, nous avons perdu la guerre, continue-t-il d’une voix forte. Il s’agit maintenant d’en gagner une seconde. »
    Il dévisage ces honorables membres de la Chambre des communes qui piétinent dans la boue et s’étonnent, se scandalisent de ses propos.
    « Les chars allemands ne passeront pas la Manche, reprend de Gaulle. Les Américains et les Russes entreront dans le conflit. Le pacte germano-soviétique n’a qu’une durée provisoire. »
     
    Quelques jours plus tard, alors qu’il est invité à dîner rue de Rivoli, dans les appartements du ministre des Finances, Paul Reynaud, de Gaulle récidive en répondant à Léon Blum, ancien président du Conseil socialiste, autre convive de Reynaud, qui l’interroge sur l’avenir :
    « Mon pronostic ? Le problème est de savoir si au printemps les Allemands attaqueront vers l’ouest pour prendre Paris ou vers l’est pour atteindre Moscou ! »
    À la fin de la soirée, raccompagnant Blum chez lui, de Gaulle confie ses craintes d’une voix sourde.
    « Je joue mon rôle dans une atroce mystification, dit-il. Les quelques douzaines de chars légers qui sont rattachés à mon
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