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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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entra.
    Les yeux fixés sur les combattants, il ne vit pas Gwenda
dans son dos.
    L’épée de Sam fendit l’air, brandie vers le cou du comte
qui, de nouveau, para l’attaque.
    Comprenant que son maître faisait face à un adversaire
enragé, Alan avança d’un pas, la main posée sur le pommeau de son épée.
    Gwenda se rua sur lui. Plongeant sa longue dague dans son
dos, elle parvint, en poussant de toutes ses forces, à faire pénétrer sa lame
jusqu’au plus profond des muscles et à la faire remonter, jusqu’au cœur, à
travers les reins, l’estomac et les poumons. Longue de dix pouces et acérée, la
lame trancha les organes d’Alan, qui hurla de douleur et se tut.
    Chancelant, il effectua un demi-tour sur lui-même et
empoigna Gwenda, recherchant le corps-à-corps. Cette fois-ci, elle le frappa à
l’estomac La lame perfora les organes vitaux. Un filet de sang s’écoula des
lèvres d’Alan, qui s’affaissa, les bras ballants, abasourdi qu’un misérable
bout de femme ait pu lui arracher la vie. Ses paupières se fermèrent et il
s’effondra.
    Gwenda se retourna vers les combattants.
    Sam frappait d’estoc et de taille, Ralph parait les assauts
en reculant d’un pas à chacune de ses avancées. Il esquivait toujours. En fait,
il n’attaquait pas, il se contentait de se défendre vigoureusement.
    Le comte craignait de tuer son fils !
    Sam, lui, n’avait aucun scrupule. Ignorant les liens
familiaux qui l’unissaient à Ralph, il le harcelait à grands coups d’épée.
    Cela ne pouvait pas durer. L’un des deux allait blesser
l’autre et l’affrontement dégénérerait en un combat mortel. Gwenda brandit son
couteau ensanglanté, portée par l’espoir de poignarder son suzerain comme elle
venait de poignarder Alan.
    Ralph leva la main gauche. « Attends ! »
    Fou furieux, Sam ne prêta pas attention à la demande du
comte et se jeta une nouvelle fois sur lui. Parant un énième coup, Ralph
répéta : « Attends ! Il y a un détail que tu ignores !
articula-t-il, essoufflé par le duel.
    — J’en sais assez ! » hurla Sam, et, dans sa
voix d’adulte, Gwenda perçut une hystérie stridente de petit garçon. Il tenta
de frapper à nouveau.
    « Non, tu ne sais rien ! » cria Ralph.
    Il allait annoncer à Sam qu’il était son père ! Cela,
Gwenda ne pouvait l’admettre.
    « Écoute-moi ! » insistait Ralph.
    Sam recula d’un pas, sans baisser sa garde.
    Haletant, Ralph reprenait ses esprits. Gwenda en profita
pour bondir sur lui.
    Il fit volte-face tout en effectuant un moulinet de son épée
vers la droite. Le couteau vola des mains de Gwenda, la laissant sans défense.
Si Ralph lui assenait un second coup du revers de son épée, c’en était fait
d’elle !
    Mais Ralph s’était découvert et, pour la première fois, ne
protégeait plus son avant. Le remarquant, Sam se fendit d’un pas et plongea son
glaive dans le torse ennemi.
    La pointe acérée de sa lame traversa la fine tunique du
comte et pénétra ses chairs à gauche du sternum. Il est vraisemblable qu’elle
glissa entre deux côtes, car elle s’enfonça plus profondément dans son corps.
Un cri sanguinaire s’échappa des lèvres de Sam, qui ne faiblit pas. Sous la
puissance de l’impact, Ralph vacilla et heurta le mur de ses épaules. Sam,
triomphant, continuait de pousser de toutes ses forces sur son épée. L’arme
transperça le torse du seigneur et ressortit dans son dos pour se planter dans
la cloison en bois avec un étrange bruit sourd.
    Blessé à mort, Ralph gardait les yeux vrillés à ceux de Sam.
Durant les ultimes secondes qui lui restaient à vivre, Gwenda put lire dans son
regard qu’il se savait tué par son propre fils.
    Sam lâcha la poignée de son arme. Elle demeura fichée au
mur, maintenant Ralph cruellement empalé. Atterré, le jeune homme recula.
    La mort n’avait pas encore eu raison du comte. Il agitait
péniblement les bras pour tenter d’extraire l’épée de sa poitrine. Hélas, il
n’avait plus la force de coordonner ses mouvements.
    L’effroyable vision du chat ligoté au piquet s’imposa à
Gwenda. D’un geste rapide, elle ramassa sa dague.
    Et voilà que Ralph se mit à balbutier : « Sam, je
suis...»
    Un flot de sang jaillit de ses lèvres, interrompant ses
aveux. Gwenda bénit le ciel.
    Las, le torrent écarlate s’était tari aussi vite qu’il était
apparu.
    Ralph reprenait : « Je suis...»
    Cette fois-ci, ce fut Gwenda qui le réduisit au
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