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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir
Autoren: Eric Giacometti
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à la fin de l’escalier. Selon ses estimations, il était au niveau du jardin de la butte Montmartre, voire plus bas. Il s’avançait silencieusement, prenant soin de ne pas glisser sur la pierre humide et fissurée.
    Le passage s’élargit et il déboucha sur une vaste salle voûtée, éclairée par des faisceaux de lumière tremblants. Roudil était pétrifié, jamais il n’aurait soupçonné l’existence d’une cave secrète dans les sous-sols de la basilique. Il s’approcha silencieusement.
    Un homme en combinaison blanche se tenait debout devant un autel de pierre noire. Sur le dessus, une plaque était descellée, comme le couvercle d’un tombeau. L’inconnu passait un court tube métallique au-dessus du trou. Un crépitement modulé sortait de l’extrémité de l’appareil. À quelques mètres, un autre homme, plus massif, à genoux, alignait par terre des bouts de bois sur une toile blanche.
    Le père Roudil se crispa. Que faisaient ces intrus dans les entrailles de son église ? Il devait avoir des explications, et plus vite que ça.
    — Qui êtes-vous ? lança-t-il d’une voix forte, celle de ses prêches.
    Le duo se figea. Ils tournèrent la tête en direction du prêtre, mais aucun ne lui répondit ; ils restaient là, immobiles. Le curé haussa à nouveau la voix.
    — Je suis le responsable de cette basilique. Vous allez me dire ce qui se passe ici ?
    Les deux hommes continuaient à le regarder sans rien dire quand soudain une voix surgit de l’ombre. Aiguë et sifflante.
    — Reprenez-vous, mon père, je vais vous expliquer.
    L’abbé Roudil mit sa main en visière pour essayer de distinguer qui se cachait derrière le faisceau d’une lampe torche. Nullement impressionné, il s’avança d’un pas décidé. La mystérieuse voix se répercutait en écho.
    — Je vous envie, mon père. Vraiment. Communier avec Dieu ici, en ce lieu sacré…
    Le prêtre distingua enfin la silhouette de son interlocuteur, lui aussi en combinaison blanche. Il haussa le ton.
    — Vous faites partie de l’équipe de restauration ? C’est ça ? Pourquoi ne m’a-t-on pas averti ? Je vais me plaindre en haut lieu. Vous saccagez la mosaïque, vous fouillez ce sanctuaire… Je…
    Il s’arrêta net, la femme brandissait un pistolet. Son visage se découpa dans la lumière des projecteurs. Un front haut, des sourcils marqués, une bouche mince.
    — Vous devriez parler plus bas, mon père, nous sommes dans un lieu sacré.
    Le père Roudil recula. Un mélange de panique et de colère s’insinua en lui. Une émotion familière. La Sierra Leone, au début des massacres, pendant la guerre des diamants. Il conduisait un van rempli de groupes d’écoliers en sortie à Freetown, la capitale. Des miliciens adverses avaient dressé un barrage en plein milieu de la route qui menait à la mission. Les hommes étaient armés jusqu’aux dents, sous l’emprise de l’alcool. Il savait que s’il s’arrêtait, les enfants seraient enrôlés de force ou exécutés sur place. Il avait prié Dieu une seconde et accéléré à la suivante, percutant de plein fouet les reîtres. D’un coup, les vieux réflexes reprenaient le dessus.
    Il recula d’un mètre en arrière, son pied racla le sol. La femme s’avançait vers lui en souriant. Le père Roudil connaissait cette lueur dans le regard. Il l’avait vue tant de fois en Afrique. L’inconnue allait appuyer sur la détente, sans l’ombre d’une hésitation. D’un geste sec, le curé pivota sur lui-même et s’élança vers le fond de la salle, la partie la plus sombre. Une balle siffla à ses oreilles. La voix de la femme ricana :
    — C’est un cul-de-sac.
    Roudil se plaqua contre un pilier. Une balle déchiqueta la pierre. Il ne savait plus où trouver refuge. La pénombre le cachait mais ce n’était qu’une question de secondes avant qu’ils ne le trouvent. L’un des hommes braqua une torche dans sa direction. Le prêtre se plaqua contre la pierre, il n’avait plus d’issue de secours.
    — Sortez de là. Ne nous compliquez pas la tâche.
    — Qui êtes-vous, par tous les saints ? jeta le père Roudil, qui tenta d’endiguer sa peur.
    Il devait négocier.
    Il s’avança, les mains levées. Son ombre s’étirait sur les murs de pierre. Aussitôt deux hommes l’entourèrent et lui bloquèrent les avant-bras. Celle qui paraissait être leur chef se planta devant lui.
    — La curiosité est un péché, mon père. Mettez-le à genoux.
    Les
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